Gênante, la question des odeurs vaginales est difficile à aborder pour beaucoup de femmes. Rassurez-vous, toutes les femmes ont une odeur vaginale, et c’est normal ! Propre à chacune, l’odeur de votre vagin peut changer mais n’est jamais forte ni désagréable. Si vous percevez une mauvaise odeur émanant de vos parties intimes, c’est sans doute le signe d’une infection.
Parties intimes des femmes : quelle est l’odeur naturelle du vagin ?
En temps normal, le vagin n’a presque pas d’odeur. Un effluve peu perceptible qui varie légèrement tout au long du cycle menstruel, devenant par exemple plus acide pendant les règles. « On a toutes une odeur différente, souvent proche de notre transpiration. Pour savoir quand il faut s’en inquiéter, c’est surtout une question d’apprentissage, on apprend à se connaître, à connaître nos odeurs », explique Caroline Combot, sage-femme.
Ces odeurs émanant du vagin sont surtout causées par les pertes vaginales. Le vagin est doté d’un écosystème fragile et sensible que l’on appelle la flore vaginale. Elle est peuplée de nombreuses bactéries, dont une bactérie principale appelée bacille de Döderlein. Elles maintiennent un environnement légèrement acide, protégeant ainsi le vagin contre les infections. Elles sont aidées dans leur tâche par les sécrétions vaginales. Libérées par des glandes situées au niveau du col de l’utérus, celles-ci assurent la défense immunitaire du vagin et le nettoient naturellement. Légèrement visqueuses et habituellement translucides, elles s’écoulent lentement le long de la paroi vaginale, entraînant avec elles les cellules mortes et les mauvais germes. Ce sont ces pertes qui parfument légèrement nos parties intimes. Mais quand ce fragile équilibre vacille, l’odeur naturelle de notre vagin peut être modifiée.
Quelles sont les causes des mauvaises odeurs vaginales ? Comment les éviter ?
Les mauvaises odeurs vaginales sont symptomatiques d’un dérèglement de votre flore, souvent dues à une infection vaginale ou gynécologique. Hormis ce désagrément, d’autres signes doivent vous alerter tels que des démangeaisons, des douleurs, de la fièvre. Alors si malgré une bonne hygiène intime vous observez certaines de ces manifestations, mieux vaut consulter votre médecin traitant.
Une odeur de poisson pourri : une vaginose bactérienne
La vaginose est une infection provoquée par une bactérie, la Gardnerella vaginalis. Elle résulte d’un déséquilibre de la flore : les bacilles de Döderlein diminuent drastiquement, permettant la prolifération d’autres germes.
C’est une des causes principales des mauvaises odeurs vaginales : « C’est une odeur très spécifique, celle de poisson pourri », décrit Caroline Combot. Ce type d’infection est souvent accompagnée de pertes plus abondantes et malodorantes, voire d’autres symptômes comme des démangeaisons, des irritations et un gonflement de la vulve.
La vaginose bactérienne se soigne bien avec des antibiotiques (sous forme de comprimés, gels ou crèmes). « L’inconvénient de ces traitements, c’est qu’ils sont très irritants et agressifs, donc souvent, on propose un traitement à base d’acide lactique et/ou des probiotiques afin de restaurer l’équilibre de la flore », explique la sage-femme. En attendant d’être guérie, songez à utiliser un préservatif, d’autant que l’odeur devient plus forte au contact du sperme.
Des pertes jaunes et malodorantes plus des démangeaisons : la trichomonase
La trichomonase est une infection sexuellement transmissible (IST) extrêmement répandue dans le monde. C’est une maladie parasitaire qui se manifeste « par des pertes vaginales jaunâtres, parfois verdâtres, mousseuses, et pouvant dégager une forte odeur », décrit Caroline Combot. La vulve peut présenter des rougeurs et démanger. Un simple antibiotique résoudra le problème sans souci. « Il faudra aussi soigner le partenaire », rappelle la sage-femme.
Le plus souvent, cette maladie est bénigne et sans symptômes. Mais sans traitement, la trichomonase diminue les défenses immunitaires et augmente le risque de contracter ou de transmettre le virus du Sida (VIH). Mieux vaut faire régulièrement des dépistages (tous les 6 mois en moyenne) et favoriser le port du préservatif lors des rapports sexuels.
Une infection de l’utérus : l’endométrite
L’endométrite est une infection qui touche les parois de l’utérus et qui peut être grave si elle n’est pas traitée rapidement. Touchant parfois les femmes en post-partum ou certaines femmes souffrant d’une IST (telles que la chlamydia, mycoplasme et la gonorrhée), cette pathologie cause dans les tout premiers temps une forte fièvre, des douleurs abdominales importantes et des pertes inhabituelles et surtout très odorantes : « On s’en rend compte avant tout par les odeurs », assure la sage-femme. Cette maladie est traitée avec des antibiotiques, souvent par ovules.
Un tampon oublié après les règles : le syndrome du choc toxique
Le sang qui reste dans le vagin puis coule pendant les règles peut entraîner des odeurs désagréables. Rien de grave et surtout, c’est passager. Changer régulièrement de protection et conserver une bonne hygiène intime suffit à ce que le sang ne stagne pas, évitant la macération et limitant ainsi les quelques rares odeurs.
Pendant les règles, un tampon oublié plusieurs jours d’affilée peut par contre provoquer une puissante odeur. C’est peu courant, mais si la ficelle n’est plus visible, il peut arriver qu’une femme oublie de retirer son tampon en fin de règles. Dans ce cas, « on peut essayer de l’enlever soi-même, mais mieux vaut demander à son médecin ou à une sage-femme de s’en charger. En parallèle, le soignant pourra prescrire des ovules afin de traiter la flore », assure Caroline Combot.
Attention toutefois, le port prolongé d’une protection hygiénique telle qu’un tampon ou une cup peut avoir une issue plus dramatique, voire fatale : le syndrome du choc toxique. Cette très rare pathologie est due au développement d’une bactérie de la famille des staphylocoques dorés, naturellement présente chez certaines femmes. Une fois qu’elle a proliféré dans le sang présent dans le vagin, elle se propage ensuite partout dans le corps. Si en plus d’une mauvaise odeur, vous souffrez de troubles digestifs, d’une forte fièvre, d’éruptions cutanées, rendez-vous rapidement aux urgences.
Pour l’éviter, « il est conseillé de changer régulièrement (toutes les 4 à 6 heures maximum) vos protections hygiéniques et de se laver les mains avant de se changer », rappelle la sage-femme. La nuit, préférez le port de serviettes hygiéniques ou de culottes menstruelles aux tampons.
Un périnée ou un sphincter fragiles : les fuites urinaires
En France, de nombreuses femmes souffrent ou souffriront un jour d’incontinence urinaire. Il suffit d’un périnée fragilisé par un accouchement, auquel s’ajoute un éternuement ou un fou rire, et quelques gouttes d’urine peuvent s’échapper par accident. Avec l’âge, l’incontinence peut être plus sévère : presque une femme sur deux en souffre après 75 ans selon l’Association française d’urologie. Or, l’urine est très odorante, surtout quand elle macère dans les sous-vêtements. Il ne faut pas avoir honte d’en parler, surtout que le port de couche n’est pas obligatoire. « D’autant que ce n’est pas forcément la solution idéale, mieux vaut régulièrement se changer dans la journée », assure Caroline Combot.
Après les rapports sexuels : une forte odeur corporelle
Après un rapport sexuel, une odeur particulière peut s’échapper des parties intimes. « Le mélange de vos sécrétions vaginales et du sperme de votre partenaire peut provoquer une odeur différente de celle de d’habitude », assure la sage-femme. Rien de grave, cette odeur est passagère, une bonne hygiène intime suffit à la faire passer. Evitez néanmoins les douches vaginales après vos rapports, elles font plus de mal que de bien.
Une transpiration excessive de la vulve
Vos parties intimes transpirent aussi : « Quand il fait chaud, on va forcément transpirer, donc avoir des odeurs peut-être un peu plus importantes », assure Caroline Combot. Un pantalon serré, une culotte en polyester, et la transpiration peuvent facilement macérer dans les plis de votre vulve ou au niveau de l’aine, et occasionner de mauvaises odeurs. Pour les éviter, utilisez plutôt des sous-vêtements en coton (une matière perméable, laissant la peau respirer), des jupes et des robes et veillez à bien laver puis sécher tous les plis de votre zone intime.
Au quotidien, comment se débarrasser des odeurs intimes ? Le secret : avoir une bonne hygiène intime
Afin de limiter les risques d’infections et de préserver l’équilibre fragile de votre flore, une bonne hygiène intime est indispensable. Sauf cas particuliers, une toilette quotidienne à l’eau tiède et au savon est largement suffisante.
Mais attention, « une bonne hygiène ne signifie pas se laver excessivement », prévient Caroline Combot. Il faut savoir trouver le juste équilibre : l’idéal est de se laver une fois par jour afin de nettoyer les pertes vaginales évacuées par votre vagin et d’éliminer les petites odeurs de la journée (sueur, urine, sang menstruel…). « Il n’est pas forcément utile d’utiliser un savon pour vos muqueuses. Passer la main puis rincer à l’eau suffit », assure Caroline Combot.
Sinon, pour le reste de vos parties intimes comme le pubis ou l’aine, vous pouvez utiliser un savon doux, avec un pH adapté à votre vulve (entre 5 et 6), comme un savon sans savon (un pain dermatologique). Tous les produits chimiques comme les lingettes intimes, les déodorants, les papiers toilettes parfumés, les parfums peuvent fragiliser vos muqueuses et déséquilibrer votre flore. Notez que le vagin est auto-nettoyant : « Surtout, pas de toilette interne ! », prévient la sage-femme. Les douches vaginales (introduction d’eau, avec ou sans savon dans le vagin) sont donc à bannir car elles augmentent le risque d’infection.
Concentrez-vous uniquement sur l’extérieur de vos parties intimes mais inutile de trop frotter, soyez douce avec vous-même ! Pour cela, utilisez vos mains car les gants de toilette et autre fleur de douche sont de véritables nids à microbes.
Dans la même idée, séchez-vous délicatement avec une serviette propre et sèche, car l’humidité favorise la prolifération de micro-organismes.
Enfin, si vous êtes sensible aux mycoses et autres petits désagréments, préférez porter des sous-vêtements en coton. Cette matière respirante permettra à la transpiration et à vos pertes de sécher plus facilement au fil de la journée.
Dans tous les cas, au moindre symptôme, demandez l’avis d’un professionnel de santé.