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Le vaginisme, un trouble tabou de la sexualité

Qu'est-ce que c'est le vaginisme ? © Getty images / bymuratdeniz

Publié par Estelle Hersaint  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

En collaboration avec Sandra Saint-Aimé (sexologue clinicienne et présidente du Syndicat national des sexologues cliniciens (SNSC))

6 à 15% des consultations en sexologie concerneraient le vaginisme, selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français. Comment ce trouble s’explique-t-il ? Comment s’en sortir ? Eléments de réponse avec Sandra Saint-Aimé, sexologue et thérapeute de couple, Présidente du Syndicat national des Sexologues en France.

Contraction involontaire du périnée, le vaginisme empêche toute pénétration sous peine d'une douleur intense. Souvent très douloureux, ce trouble empêche les femmes d’avoir une vie sexuelle pleinement épanouissante. Non pas parce que la pénétration est obligatoire, mais parce que celui-ci empêche d’explorer son corps en toute liberté et avec sérénité. Frustrant, le vaginisme peut avoir plusieurs causes en fonction de chaque femme. Ecouter et comprendre ce trouble permet d’en guérir.

Qu’est-ce que c’est ? Quels en sont les signes ? Définition et symptômes

Le vaginisme « est un trouble de la sexualité. Involontairement, les muscles du périnée vont se contracter dès le début de la pénétration, provoquant une douleur intense si elle n’est pas stoppée », définit Sandra Saint-Aimé, sexologue et thérapeute de couple. L’acte sexuel avec pénétration devient alors impossible, tout comme l’insertion d’un tampon ou d’un spéculum en cas d’examen gynécologique.

Le vaginisme peut être de deux types :

  • primaire : présent depuis toujours, on en prend conscience lors des premiers rapports sexuels
  • secondaire : il apparaît au cours de la vie sexuelle d’une femme

Avant tout, « le vaginisme ne veut pas dire que vous êtes anormale », rassure Sandra Saint-Aimé. « Ce n’est pas votre faute. Il faut plutôt le comprendre comme une alerte de votre corps qui souhaite attirer notre attention sur un conflit interne. Un message qu’il va falloir décoder pour découvrir ce qui vous manque pour vous épanouir pleinement dans votre sexualité », explique-t-elle. L'occasion donc d’apprendre à connaître son corps, son fonctionnement, à l’accepter tel qu’il est et à le trouver beau.

Quelles sont les causes du vaginisme ? Comment interpréter ces douleurs vaginales (violentes dyspareunies) ?

Le vaginisme n’est pas lié à une maladie gynécologique ou à une malformation du vagin mais est le plus souvent d’ordre psychologique. 

Une peur de la pénétration due à une méconnaissance de son corps

La peur et l’anticipation de la douleur sont les premiers signes avant-coureurs du vaginisme, notamment chez les jeunes femmes qui souffrent « d’une méconnaissance de leur schéma corporel », assure la sexologue. « De nombreuses femmes ne savent pas comment elles sont faites. La représentation qu’elles ont d’une pénétration peut être très anxiogène et générer de réelles tensions », explique-t-elle. Des tensions qui lors d’un premier rapport sexuel, se transforment en contractions du périnée. 

Ce vaginisme s’explique très souvent par un manque d’information quant au premier rapport sexuel : l’idée d’un vagin trop petit pour accueillir un pénis par exemple. « Beaucoup de mes jeunes patientes pensent aussi que la première fois, le pénis perfore l’hymen. Cela signifie qu’elles ne savent pas réellement ce qu’est un hymen, mais surtout, cela active une réelle angoisse vis-à-vis de la supposée déchirure et de la douleur qu’elle peut engendrer lors du premier rapport », détaille Sandra Saint-Aimé. Pour elle, il est très important de connaître son corps afin d’appréhender sa vie sexuelle avec sérénité et plaisir. 

Par ailleurs, le contexte familial joue un rôle important dans la construction de soi et dans la représentation qu’on peut avoir de son corps. Une éducation stricte, renforcée par des interdits moraux ou religieux accentuent la méconnaissance de certaines femmes concernant leur corps, et entretiennent des blocages. 

Des traumatismes enfouis qui rendent la pénétration impossible

« Le corps a de la mémoire », assure la sexologue Sandra Saint-Aimé. « De mauvaises expériences liées à la sexualité peuvent être mal vécues, consciemment ou inconsciemment par la personne », poursuit-elle. Le souvenir d’un traumatisme, comme un abus sexuel ou un examen gynécologique douloureux, peut ainsi ressurgir lors d’une pénétration et déclencher un vaginisme. 

Des causes physiologiques du vaginisme

Dans certains cas, le vaginisme peut être la conséquence d’autres troubles physiologiques comme des infections urinaires répétées, des points de suture des suites d’une épisiotomie pratiquée lors de l'accouchement, la ménopause qui provoque parfois une sécheresse vaginale, ou de l’endométriose. A cause de cela, « certaines femmes vont avoir mal au moment de la pénétration. Comme elles ne comprennent pas ce qui leur arrive, elles se contractent et déclenchent un vaginisme lors de leurs rapports sans pouvoir donner un sens à cette douleur », explique Sandra Saint-Aimé. 

Quelles conséquences si on ne soigne pas ces contractions du vagin ?

« Quand on a une douleur qui apparaît mais qu’on ne l’écoute pas, en général, elle empire », assure la sexologue. Or, ne pas écouter son corps, c’est laisser la possibilité qu’un cercle vicieux se mette en place : plus la douleur est présente, plus elle se renforce. D’ailleurs, bien souvent, le vaginisme est consécutif à la dyspareunie, c’est-à-dire des douleurs lors de la pénétration. Mais en aucun cas, la douleur ne doit être tolérée dans sa vie sexuelle. 

Le couple peut aussi en pâtir. Par peur d’avoir mal, « on va être amené à éviter les rapports sexuels, voire toute forme de proximité affective, afin d’éviter que son ou sa partenaire n’ait ensuite envie de faire l’amour », décrit Sandra Saint-Aimé. 

Comment soigner le vaginisme ? Quel traitement ? Est-ce qu'on peut en guérir ?

« Une personne qui souffre de vaginisme se sent souvent coupable et fautive », explique la sexologue. Si les sentiments de honte, de frustration, d’inquiétude sont compréhensibles, ce n’est toutefois « pas la bonne voie pour guérir », assure-t-elle.

Lever le tabou est l'un des meilleurs réflexes à avoir d’autant que le ou la conjoint.e a un rôle à jouer dans la guérison : « il ou elle ne doit pas accepter de rapport avec pénétration si sa partenaire souffre. Il faut savoir dire non, arrêter d’essayer ou de se forcer car le sexe n’est pas censé être douloureux », prévient Sandra Saint-Aimé. 

Pour guérir du vaginisme, beaucoup de femmes consultent un gynécologue. Si c’est une bonne idée pour éliminer de possibles causes infectieuses, certains de ces spécialistes méconnaissent toutefois les mécanismes du vaginisme : « Si plusieurs renvoient vers des sexologues, d’autres prescrivent uniquement des crèmes ou des massages, qui sont, en plus d’être inefficaces, souvent soit infaisables soit douloureux pour la patiente », décrit la sexologue. 

Consulter un sexologue est encore la meilleure option pour être accompagnée au mieux et comprendre les causes de son vaginisme. Sa prise en charge repose sur l’écoute et la découverte de son corps. « Pour dépasser le vaginisme, il y a tout un travail psychologique à entreprendre, pour comprendre d’où peut venir ce symptôme. Ensuite, on peut mettre en place un programme adapté à chacune : souvent, il va falloir apprendre à se faire confiance, à réussir à se pénétrer soi, notamment grâce à des exercices avec des dilatateurs vaginaux pour progressivement revenir à la pénétration », décrit Sandra Saint-Aimé. Il n’est toutefois pas question de voir la pénétration comme une injonction. C’est une modalité de jeu sexuel, qu’on est libre d’explorer ou non. Ce qui pose souci dans le vaginisme, c’est justement cette privation de liberté. L’important, c’est donc avant tout de mettre le plaisir, le désir au centre de la relation, d’apprendre ou de réapprendre à écouter son corps pour que sa sexualité redevienne pleinement épanouissante. 

Il faut savoir que le vaginisme est un trouble qui se guérit bien, si vous pensez en souffrir, n’hésitez pas à consulter. 

OSZAR »