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Candidose vaginale : comment la prévenir et la soigner ?

Candidose vaginale : comment la prévenir et la soigner ? © iStock

Publié par Dorothée Blancheton  |  Mis à jour le par Joséphine Argence

En collaboration avec Dr Jean-Marc Bohbot (infectiologue et andrologue)

La candidose vaginale, plus connue sous le nom de mycose vaginale, est une infection courante chez les femmes. Dans certains cas, malgré les traitements, elle récidive. Voici quelques conseils pour l’éviter et la soigner.

La candidose vaginale ou mycose vaginale, est l’une des infections vaginales les plus fréquentes. Selon les études, on estime que 50 à 75 % des femmes l’auront au moins une fois au cours de leur vie.

Qu’est-ce qu’une candidose vaginale ?

Cette infection est liée à la présence d’un champignon microscopique, une levure nommée Candida, dont le principal représentant est le Candida albicans. Cette levure potentiellement pathogène vit à l’état normal dans le vagin. Ce n’est donc pas une infection sexuellement transmissible, une maladie qui se contracte.

Démangeaisons, brûlures… Comment reconnaître les symptômes d’une mycose ?

La candidose vaginale se caractérise par un tableau clinique qui reste identique, quel que soit le Candida impliqué :

  • des démangeaisons très importantes ;
  • des brûlures au niveau de la vulve et du vagin avec des muqueuses rouge vif ;
  • des pertes blanches très épaisses dites “crémeuses”.

Infection vaginale : qu’est-ce qui provoque la candidose vaginale ?

Cette levure peut se développer à l’occasion d’une prise d’antibiotiques ou de cortisone, d’un régime alimentaire modifié, ou éventuellement suite à l’utilisation de certains contraceptifs… Ce sont surtout les déséquilibres du microbiote vaginal ou du microbiote intestinal, puisque ces levures y existent également, qui vont permettre l’émergence de ce Candida albicans. Ces déséquilibres de la flore sont alors appelés dysbioses.

Le tabac, et le diabète, des causes responsables de candidose vaginale

Le tabac est un facteur altérant le microbiote vaginal qui peut favoriser la mycose. La grossesse est un autre facteur de risque. « Pendant cette période, il y a un afflux d’hormones qui augmente le “carburant” des Candida albicans, c’est-à-dire le taux de glycogène dans le vagin. Or les Candida albicans adorent le sucre », explique le Dr Jean-Marc Bohbot, médecin infectiologue et auteur de “Prenez soin de votre microbiote vaginal”, aux éditions Marabout. De plus, l’augmentation du taux d’œstrogènes pendant la grossesse accroît la germination des levures.

Les femmes atteintes de diabète sont également plus sujettes aux mycoses vaginales.

Enfin, les contraceptions peuvent déséquilibrer le microbiote chez certaines femmes. Le stérilet a été mis en cause, mais les études à son sujet sont contradictoires. Quant à la pilule, elle est aussi suspectée de favoriser la mycose vaginale, mais à l’heure actuelle, aucune étude ne permet de le confirmer.

Et en cas de Candida glabrata, est-ce grave ?

Si le Candida albicans est le plus souvent responsable des candidoses vaginales, l’infection peut aussi être due à d’autres levures, comme le Candida glabrata par exemple. Il n’est pas plus ou moins grave que le Candida albicans, mais il n’est pas du tout sensible aux mêmes médicaments. « Le problème c’est que les Candida non albicans, en particulier le Candida glabrata, mais aussi d’autres comme le krusei, le tropicalis ou le pseudo tropicalis, n’ont pas du tout la même sensibilité et développent des résistances vis-à-vis du traitement classique. Ça explique un certain nombre d’échecs, car d’un point de vue symptomatique, que ce soit du Candida albicans ou non, le tableau clinique est exactement le même », souligne le Dr Bohbot. Ainsi, le traitement typique donné pour lutter contre la candidose vaginale ne convient pas toujours.

Comment soigner une mycose ?

Une mycose se traite classiquement avec un ou des ovules antifongiques à base d’imidazolés à placer dans son vagin. Il est possible de s’en procurer sans ordonnance en pharmacie. Si l’on reconnaît bien les symptômes, et qu’il s’agit effectivement d’un Candida albicans, le traitement est généralement efficace. Une crème antimycosique peut également être appliquée localement sur les muqueuses génitales. En complément, on utilise un produit d’hygiène dédié à cette zone fragile, qui contient si possible des produits hydratants et apaisants pour la vulve irritée.

Le partenaire n’a pas lieu de se traiter, de prendre un antifongique lui aussi, car ce n’est pas une infection sexuellement transmissible.
 
 Le traitement contre la candidose vaginale est inefficace : pourquoi ?

Il arrive cependant que le traitement échoue. Même si un examen clinique est réalisé par le médecin, rien ne permet de différencier à l’œil nu une candidose albicans d’une candidose non albicans. La prescription aboutit très souvent à un échec face à un Candida non albicans. Un prélèvement vaginal est alors nécessaire pour identifier soit le Candida non albicans, soit une autre infection associée au Candida. C’est ce qu’on appelle une vaginite mixte.

Il peut ainsi y avoir du Candida albicans et des bactéries qui se développent. Ces bactéries sont aussi présentes dans le vagin, et à l’occasion d’un déséquilibre de la flore vaginale, se multiplient. C’est essentiellement le cas de la vaginose bactérienne. « Le Candida albicans ou non donne le plus de symptômes et peut souvent masquer cette infection associée. On traite la mycose en oubliant l’autre infection, ce qui entraîne un échec du traitement. Les infections mixtes représentent 20 à 25 % des infections vaginales », prévient l’infectiologue.

Candidose génitale chez la femme : quel traitement contre le Candida non albicans ?

Pour le Candida non albicans, les traitements possibles sont plus contraignants. Une fois la confirmation du diagnostic faite, le médecin prescrit un antiseptique comme le chlorure de déqualinium, qui se présente sous la forme d’ovules à introduire dans le vagin. Il est efficace à la fois sur les Candida albicans et les Candida non albicans, et sur un certain nombre de bactéries qui peuvent leur être associées. Le bémol c’est qu’il nécessite un traitement de six jours. Autre option possible, mais toujours longue : la nystatine, un médicament antifongique efficace sur les Candida albicans ou non. Il existe sous forme d’ovule et se prend pendant six à douze jours.

Que faire en cas de candidose récidivante ?

« Ce qui est embêtant, c’est que 9 % des femmes ayant une mycose vaginale vont présenter des vulvo-vaginites récidivantes chroniques, c’est-à-dire qu’elles vont avoir plus de quatre épisodes par an. C’est très impactant sur la qualité de vie de la femme, notamment sur sa vie sexuelle », déclare le Dr Jean-Marc Bohbot.

Comment limiter les récidives de mycose vulvaire ?

Pour éviter les risques de récidives et les symptômes désagréables, il importe de comprendre l’origine du problème. Tout ce qui déséquilibre le microbiote intestinal (régime alimentaire inadapté, prise d’antibiotique…) peut avoir un impact sur le microbiote vaginal, car ils sont connectés. Le médecin va s’entretenir avec la patiente pour savoir si elle a des troubles intestinaux, des ballonnements, si elle est sujette à la constipation, à la diarrhée, etc. Il va ensuite pouvoir proposer d’équilibrer le régime alimentaire avec des conseils diététiques (limitation des produits sucrés et des sodas, consommation de cinq fruits et légumes par jour…), des probiotiques à visée intestinale, conseiller davantage d’exercice physique pour rééquilibrer l’intestin. Ces mesures auront un effet bénéfique pour le vagin.

Le traitement de la candidose vaginale récidivante

En cas de candidose récidivante, il peut également donner des traitements prolongés avec un antifongique par voie orale (fluconazole) une fois par semaine pendant au moins six mois, associé à des probiotiques. « Si la cause est un déséquilibre du microbiote vaginal, on peut donner tous les antiseptiques et les antifongiques de la terre, si on n’a pas rééquilibré le vagin, il y aura une récidive à l’arrêt du traitement », prévient l’infectiologue. D’où l’importance de chercher l’origine du problème pour poser le bon diagnostic, changer quelques habitudes et trouver le traitement adéquat.

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