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Etre maman en Afrique du Sud : le témoignage de Zentia

afrique du sud © Dominique de la Croix/Getty images

Publié le par Ania Pamula et Dorothée Saada

Zentia, maman de deux enfants de 5 et 3 ans, vit en France depuis trois ans. Grossesse, naissance, éducation des enfants… Elle nous raconte comment on vit la maternité dans son pays, l'Afrique du Sud.

Zentia (35 ans), est la maman de Zoé (5 ans) et Harlan (3 ans). Elle vit en France depuis trois ans avec son mari Laurent, qui est français. Elle est née a Pretoria où elle a grandi. Elle est médecin urologue. Elle nous raconte comment les femmes vivent leur maternité en Afrique du Sud, son pays d'origine.

Le témoignage de Zentia, maman sud-africaine de 2 enfants

« “Ton enfant ne parle que le français ?”, s’étonnent toujours mes copines sud-africaines, quand elles discutent avec nos amis en France. En Afrique du Sud, on a onze langues nationales et tout le monde en maîtrise au moins deux ou trois. Moi, par exemple, je parlais anglais avec ma mère, allemand avec mon père, afrikaans avec les copains. Plus tard, en travaillant à l’hôpital, j’ai appris des notions de zulu et sotho, les deux langues africaines les plus utilisées. Avec mes enfants, je parle allemand pour garder l’héritage de mon père.

Les mamans sud-africaines sont plutôt relax et passent beaucoup de temps avec leurs enfants.

Il faut dire que l’Afrique du Sud reste, malgré la fin de l’apartheid (régime de discrimination raciale établi jusqu’en 1994), malheureusement encore très divisée. Les Anglais, les Afrikaners et les Africains vivent séparément, il y a très peu de couples mixtes. La différence entre les riches et les pauvres est gigantesque, et ce n’est pas comme en Europe où les gens de milieux sociaux différents peuvent se retrouver dans un même quartier. Quand j’étais petite, les Blancs et les Noirs vivaient à part. Dans les quartiers, les écoles, dans les hôpitaux – partout. C’était illégal de se mélanger, et une femme noire qui avait un enfant avec un blanc risquait la prison. Tout cela fait que l’Afrique du Sud connaît un vrai clivage, chacun a sa culture, ses traditions et son histoire. Je me rappelle encore le jour de l’élection de Nelson Mandela. C’était une vraie joie, surtout parce qu’il n’y avait pas école et que je pouvais jouer avec mes Barbie toute la journée ! Les années de violences avant cela m’ont beaucoup marquée, j’imaginais tout le temps qu’on allait se faire attaquer par quelqu’un armé d’une kalachnikov.

 

Pour soulager les coliques des bébés sud-africains

On donne aux bébés du thé rooibos (thé rouge sans théine), qui a des vertus anti-oxydantes et peut soulager les coliques. Les bébés boivent cette infusion dès 4 mois.

J’ai grandi dans un quartier blanc, entre les Anglais et les Afrikaners. À Pretoria, où je suis née, il fait toujours beau (l’hiver, il fait 18 °C, en été 30 °C) et la nature est très présente. Tous les enfants de mon quartier avaient une grande maison avec un jardin et une piscine, et on passait beaucoup de temps à l’extérieur. Les parents organisaient très peu d’activités pour nous, c’était plutôt les mères qui se retrouvaient avec les autres mères pour papoter et les enfants suivaient. C’est d’ailleurs toujours comme ça ! Les mamans sud-africaines sont plutôt relax et passent beaucoup de temps avec leurs enfants. Il faut dire que l’école commence à 7 ans, avant, c’est le “kindergarten” (jardin d’enfants), mais ce n’est pas aussi sérieux qu’en France. Moi, je suis allée à la maternelle à 4 ans, mais seulement deux jours par semaine et uniquement le matin. Ma mère n’a pas travaillé ces quatre premières années et c’était tout à fait normal, voire encouragé par la famille et les amis. Maintenant, de plus en plus de mères retournent au travail plus vite, et c’est un énorme changement dans notre culture, car la société sud-africaine est assez conservatrice. L’école finit à 13 h, alors, si la maman travaille, elle doit trouver une nounou, mais en Afrique du Sud, c’est très courant et pas cher du tout. La vie pour les mamans est plus facile qu’en France.

Etre mère en Afrique du Sud : les chiffres

Taux d’enfant par femme : 1,3

Taux d’allaitement : 32 % d’allaitement exclusif les premiers 6 mois

Congé maternité : 4 mois

 

Chez nous, le “braai” est une vraie institution ! C’est notre fameux barbecue accompagné de “sheba”, une sorte de salade tomates-oignons et “pap” ou “mielimiel”, une sorte de polenta de maïs. Si tu invites quelqu’un pour manger, on fait le braai. À Noël, tout le monde vient pour un braai, au Nouvel An, encore le braai. Du coup, les enfants mangent de la viande à partir de 6 mois et ils adorent ça ! Leur plat préféré est le “boerewors”, des saucisses traditionnelles afrikaans avec de la coriandre sèche. Il n’y a pas une maison sans un braai, alors les enfants n’ont pas un menu très compliqué. Le premier plat des bébés, c’est le “pap”, qui se mange avec le “braai”, ou sucré avec du lait, sous forme de porridge. Je n’ai pas fait de pap aux enfants, mais le matin, ils mangent toujours du porridge à la polenta ou aux flocons d’avoine. Les enfants sud-africains mangent quand ils ont faim, on n’a pas de goûter ni d’horaires stricts pour le déjeuner ou le dîner. À l’école, il n’y a pas de cantine, alors en sortant, ils mangent à la maison. Cela peut être un simple sandwich, pas forcément une entrée, un plat et un dessert comme en France. On grignote aussi beaucoup plus.

« Dans la culture sud-africaine, il y a une vraie distance entre parents et enfants. Chacun sa place. C’est quelque chose que je n’ai pas du tout conservé en France, j’aime le côté moins cadré et plus spontané. »

Ce que j’ai gardé de l’Afrique du Sud, c’est la façon de parler aux enfants. Ni ma mère, ni mon père n’ont jamais utilisé de mots durs, mais ils étaient très stricts. Les Sud-Africains ne disent pas à leurs enfants, comme certains Français, “tais-toi !”. Mais en Afrique du Sud, surtout chez les Afrikaans et les Africains, la discipline et le respect mutuel sont très importants. La culture est très hiérarchisée, il y a une vraie distance entre les parents et les enfants, chacun à sa place. C’est quelque chose que je n’ai pas du tout conservé ici, j’aime le côté moins cadré et plus spontané. »

 

Propos recueillis par Anna Pamula et Dorothée Saada

 

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