« Pouvez-vous me faire un gâteau pour 80 enfants ? », ai-je demandé à une boulangère. En Israël, on apprend le partage très tôt. Pour l’anniversaire de nos enfants, on invite tous leurs copains de classe (en général, ils sont 40), qui viennent souvent avec leurs frères et sœurs, ou même les voisins. La maman israélienne achète toujours le double de ballons et d’assiettes en plastique, et prépare surtout une tonne de gâteaux !
Mes jumelles, Palma et Onyx, sont nées à Paris avec cinq semaines d’avance. Elles étaient très petites (moins de 2 kg), et l’une d’elles ne respirait pas. Tout de suite après l’accouchement, elles ont été transférées dans un autre hôpital. Cela s’est fait si rapidement que personne ne m’a rien expliqué. En Israël, la jeune maman est très entourée : sages-femmes, médecins et doulas (femmes accompagnant la maman tout au long de sa grossesse) sont à son écoute.
En Israël, les crèches coûtent très cher, parfois jusqu’à 1 000 € par mois.
Chaque famille a ses recettes et ses remèdes, il n’y a pas UN mode de fonctionnement. Par exemple, les Ashkénazes, originaires des pays d’Europe de l’Est, ne soignent pas leurs enfants de la même façon que les Séfarades, issus d’Afrique du Nord. Les premiers vont donner une cuillerée d’alcool fort avec du sucre pour les maux de ventre (même aux enfants), les autres, une cuillerée d’huile d’olive contre la toux.
Les pédiatres nous conseillent de commencer la diversification alimentaire par quelque chose de sucré (comme une compote de pommes). Moi, j’ai démarré avec des légumes, toujours bio et de saison. A l’âge d’un an, mes filles mangeaient déjà de tout, même du houmous. Les horaires pour les repas ne sont pas fixes. Souvent vers 10 heures, les enfants mangent “aruchat esser” (une collation) et après, ils déjeunent chez eux. Pour les temps de repos, c’est assez souple aussi. Les bébés font leur sieste à midi, mais dès l’école maternelle, ils ne dorment plus. C’est remplacé par un temps calme. Les crèches ne sont jamais gratuites, les établissements privés peuvent coûter l’équivalent de 1 000 € par mois. Et l’on reçoit peu d’aides.
Chez les Ashkénazes, quand un enfant a mal au ventre, on lui donne une cuillerée d’alcool fort. Chez les Séfarades, une cuillerée d’huile d’olive contre la toux…
Tétines et doudous à peine quittés, nos petits de 4 ans sont entraînés à ce qu’il faut faire en cas d’attentat. Certaines mamans sont tout le temps en alerte, moi je suis de nature plus relax. Une de mes amies, lors des derniers conflits, ne rentrait que là où il était facile de se cacher avec une poussette. Là-bas, on apprend vite à ne pas paniquer et à rester toujours attentif. La plus grande peur des mamans israéliennes, c’est l’armée (toute mère qui se dit heureuse d’envoyer ses enfants à la guerre ment !).
En même temps, les enfants en Israël ont beaucoup de liberté : à 4 ans déjà, ils partent à l’école tout seuls ou vont chez leurs copains sans être accompagnés. Ils ont très tôt beaucoup de répondant face aux adultes. C’est souvent mal interprété et on les trouve mal élevés. Mais nous n’avons pas les mêmes formes de politesse, les enfants ne sont pas obligés de dire “merci” à chaque chose. Mes filles font leur vie, je les laisse découvrir le monde. Elles sont quelquefois insupportables, mais je les trouve épanouies et joyeuses ! En France, j’entends souvent les parents dire : « Tu exagères, arrête tout de suite ! » Les Israéliens laissent plus facilement glisser. On me fait parfois remarquer mon laxisme, mais c’est juste que dans mon pays, on ne se demande pas si l’enfant est sage ou non. Les bêtises font partie de l’enfance. En revanche, tout le monde y va de son conseil. Les gens ont un avis sur tout et ne se privent pas pour le donner. Je pense que c’est parce que là-bas, il y a un sens de la communauté très fort, comme si on appartenait à une très grande famille.
Quand mes filles ont de la fièvre, j’imbibe leurs chaussettes de vinaigre et les mets à leurs pieds. C’est super efficace !