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Alimentation de bébé : comment gérer les conflits au moment du repas ?

petite fille refuse manger © istock

Publié par Sylviane Deymié  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Dès le début, la nourriture est un lien vital entre vous et votre enfant. Cela explique aussi que le repas ne soit pas anodin. Et l’assiette est la manifestation de tensions qui trouvent souvent leur origine hors de la table. Explications de deux spécialistes, un nutritionniste et une psychologue, qui viennent de publier un livre à ce sujet.

Il ne veut plus boire de lait.

L’avis de la psychologue. Le refus est nécessaire. À 18 mois, il fait partie de la construction de l’identité de l’enfant. Dire non, et choisir, voilà une étape importante pour lui. Il affirme ses propres goûts. Il regarde ce que le parent mange, et veut faire sa propre expérience. Respectez qu’il dise non, sans entrer en conflit, ne vous inquiétez pas, pour ne pas figer son refus.
 L’avis du nutritionniste. On lui propose un autre laitage sous forme de fromage mou, des petits-suisses… On peut faire des petits jeux avec du fromage blanc décoré (le visage d’un animal)… Plus tard, vers 5-6 ans, certains enfants ne veulent plus de laitages.  On peut essayer alors de l’eau riche en calcium (Courmayeur, Contrex), qu’on mélange avec une eau moins riche en minéraux.

Il n’aime pas les légumes verts.

L’avis de la psychologue. Beaucoup d’enfants n’aiment pas ces légumes. Et c’est normal vers 18 mois, car ils ont un goût qui demande un apprentissage, alors que les pommes de terre, le riz ou les pâtes ont un goût neutre qui, lui, ne demande pas d’apprentissage, et sont faciles à mélanger avec d’autres saveurs. Alors que les légumes, surtout verts, ont un goût marqué bien particulier.
 L’avis du nutritionniste. Les légumes verts sont riches en fibres, en minéraux, puisés dans la terre, importants pour le développement du tout-petit et irremplaçables. On a donc besoin de beaucoup d’ingéniosité pour les présenter à son enfant : en purée, mélangés avec d’autres légumes, avec de la viande ou du poisson hachés. S’il ne s’agit pas d’un conflit ouvert, on peut guider son apprentissage sous forme d’un jeu : on lui fait goûter régulièrement le même aliment préparé de la même manière sur six mois, en lui disant « tu n’en manges pas, tu goûtes juste ». Puis il doit vous dire « J’aime pas » ou « J’aime » ! Les plus grands pourront noter leur impression sur une échelle de 0 à 5, de “Je déteste” à “J’adore”. Et rassurez-vous : peu à peu, il vont s’habituer et leur palais va évoluer !

Il mange de tout à la cantine… mais fait le difficile à la maison.

L’avis de la psychologue. A la cantine de la maternelle, tout est formidable ! Mais à la maison, pas si facile… Il refuse ce que les parents donnent, mais cela fait partie de son évolution. Ce n’est pas un refus du père et de la mère en tant que tels. Rassurez-vous, ce n’est pas un rejet de vous ! Il refuse juste ce qu’on lui donne car il est un grand à l’école et un bébé à la maison. 
 L’avis du nutritionniste. Au cours de la journée, il va trouver de quoi satisfaire ses besoins : au goûter par exemple, s’il le prend chez un copain. Ne vous bloquez pas sur un jour, mais évaluez ses repas plutôt sur une semaine, car il se rééquilibre naturellement.

Pendant tout le repas, il passe son temps à trier et séparer les aliments.

L’avis de la psychologue. C’est normal entre 1 et 2 ans ! À cet âge-là, il identifie la forme, compare, mange… ou pas !  Tout est inconnu, il s’amuse. Evitez d’en faire un conflit, votre enfant est simplement dans une phase de découverte. En revanche, vers l’âge de 2-3 ans, on lui apprend à ne pas jouer avec la nourriture, ainsi que les manières de tenue à table, qui font partie des règles de bonne conduite.
 L’avis du nutritionniste. On peut l’aider à trier ! L’accompagnement du parent peut permettre de l’habituer aux nouveaux aliments. Cela le rassure et d’un point de vue nutritionnel, que les aliments soient séparés ou pas n’a aucune importance : tout se mélange dans l’estomac.

Il mange très lentement.

L’avis de la psychologue. Il prend son temps, c’est-à-dire du temps pour lui. A sa façon, votre enfant vous dit : « J’ai fait beaucoup pour vous, maintenant je décide du temps pour moi, l’assiette est à moi. Les enfants font parfois beaucoup pour leurs parents, sans que ceux-ci s’en aperçoivent. Par exemple, si le tout-petit  sent des tensions entre ses parents, il peut se rendre insupportable, se rouler par terre… Sa logique : s’ils sont en colère contre moi, c’est mieux que contre eux-mêmes. Au jeu de « une cuillerée pour papa, une pour maman », n’oubliez donc pas « une cuillerée pour toi ! »… L’enfant mange pour vous faire plaisir, mais aussi pour lui ! Il ne doit pas être uniquement  dans le don, mais aussi dans le plaisir pour lui-même. Le tout-petit peut aussi, par cette attitude, vouloir prolonger le repas pour être davantage avec vous. Si vous sentez cela, mieux vaut alors veiller à prendre du temps ensemble par ailleurs : balades, jeux, câlins, histoire… 
 L’avis du nutritionniste. En prenant son temps, l’enfant va ressentir plus rapidement le rassasiement et la satiété, car l’info a eu davantage de temps pour remonter au cerveau. Tandis que s’il mange vite, il mangera plus. 

Il ne veut que de la purée et ne supporte pas les morceaux !

L’avis de la psychologue. Respectez son rejet des morceaux et n’en faites pas un conflit frontal. Ça pourrait devenir ennuyeux : vers 2 ans, les enfants ont vite fait de manifester leur opposition, c’est normal. Mais si ça dure trop longtemps, c’est qu’il y a autre chose, c’est ailleurs que cela se joue. Dans ce cas, il est conseillé de céder, le temps d’essayer de comprendre ce qui ne va pas. Il est important de lâcher prise, sinon le rapport de force ne va pas être favorable. Et comme il s’agit d’alimentation, c’est lui qui va gagner, c’est sûr ! 
 L’avis du nutritionniste. Qu’il mange ses aliments en purée ou en morceaux, cela n’a aucune importance d’un point de vue nutritionnel. Juste, la consistance des aliments a un retentissement sur la sensation de satiété. Proportionnellement, celle-ci sera meilleure – et plus rapidement atteinte – avec des morceaux, qui prennent plus de place dans l’estomac.  

3 astuces pour lui apprendre à manger seul

Je respecte son timing

Ça ne sert à rien de vouloir que votre enfant mange seul trop tôt. En revanche, il faut le laisser manipuler la nourriture avec ses doigts et lui laisser du temps pour qu’il arrive à tenir correctement sa cuillère et à coordonner ses gestes. Ces apprentissages demandent aussi beaucoup de tentatives de sa part. Et de patience de vôtre côté quand il attrape tous les aliments avec ses doigts ou tache 10 bavoirs par jour. C’est pour la bonne cause ! Vers 16 mois, ses gestes deviennent plus précis, il parvient à mettre la cuillère dans sa bouche, même si elle est souvent vide à l’arrivée ! A 18 mois, il peut l’amener presque pleine à sa bouche, mais un repas où il mange tout seul sera assez long. Pour accélérer le tempo, utilisez deux cuillères : une pour lui et une pour le faire manger.

Je lui donne le bon matériel

Indispensable, le bavoir suffisamment épais pour protéger ses vêtements. Il existe aussi des modèles rigides avec rebord pour récupérer les aliments. Ou encore des tabliers à manches longues. Au final, c’est moins de stress pour vous. Et vous le laisserez plus libre de faire ses expérimentations. Côté couverts, optez pour une cuillère souple pour éviter qu’il se fasse mal à la bouche, avec un manche adapté pour faciliter la prise en main. Bonne idée aussi, l’assiette creuse avec un fond légèrement incliné pour l’aider à attraper sa nourriture. Certaines ont une base antidérapante pour limiter les glissades.

Je cuisine une nourriture adaptée

Pour lui faciliter la prise des aliments, préparez-lui des purées légèrement compactes et évitez ceux qui sont difficiles à attraper comme les pois chiches ou les petits pois. 

En vidéo : Notre enfant ne veut pas manger

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