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“Mamans du monde” : elles nous livrent leurs témoignages

Etre maman en Islande : le témoignage d'Eva

islande © Marco Bottigelli/Getty images

Publié le par Ania Pamula et Dorothée Saada

Eva est islandaise. Elle est maman de trois enfants. Grossesse, éducation, vie quotidienne… Eva nous raconte comment on élève les enfants en Islande.

Eva, 37 ans, est maman de Maximos-Gisli, 13 ans, Nokkvi-Knox, 7 ans, et Alexandra-Freyja, 4 ans.

J’ai reçu une éducation qui a mis en avant l’indépendance de la femme et sa force. J’ai reproduit cela avec mes enfants, à qui j’ai donné des prénoms islandais de Vikings et de Walkyries, les guerrières puissantes de la mythologie nordique. Je suis très fière de mon héritage. Quand j’étais petite, mon père me disait : “Si un jour quelqu’un te dit que la femme est inférieure à l’homme, réponds-lui que c’est faux !”. Ma fille porte bien son nom, je la sens solide.

L’enfant islandais s’endurcit et devient vite autonome. A 6 ans, il va à l’école seul, même s’il y a une tempête de neige. Et à 9 ans, il reste seul à la maison si nécessaire. Nous vivons sur un modèle de parité totale. Le père se lève la nuit même si la mère allaite. Il l’accompagne, et cela me paraît évident. Mon père s’est autant occupé de mon frère, de ma sœur et de moi que ma mère, qui travaillait tout comme lui. Je me souviens qu’elle avait repris des cours du soir quand nous étions petits, et il nous assumait sans problème.

 

< p > < strong > On donne de l < em >’ýsi < /em >, l’huile de poisson < /strong > & nbsp ; (autrefois de baleine, aujourd’hui de cabillaud) pour renforcer la santé des bébés, une vieille potion de Viking. Une cuillerée par jour pour donner de la force et les vitamines qui nous manquent (surtout la D pendant les six mois de nuit). On dit que c’est pour cela que notre peuple est grand et fort. < /p > < p > & nbsp ; < /p >

Une fois dans ma vie, j’ai perdu cette force de Walkyrie : au moment de l’accouchement. J’ai eu peur. Quand j’ai réclamé la péridurale, les sages-femmes et les médecins ont fait comme s’ils n’avaient pas entendu. « Vous êtes sûre ? », m’ont-ils finalement demandé, l’air étonné. L’anesthésie est quasiment inexistante là-bas, car on préfère d’autres techniques comme les douches, les bains, les sièges à bascule, l’acupuncture, etc.

Tout de suite après l’accouchement, on nous transfère dans une pièce de l’hôpital appelée “le nid” (hreidrid). Ce sont de grandes chambres, composées d’un lit double pour les jeunes parents, du lit du bébé et du coin pour le changer et le laver. La famille est réunie dès le départ. Les sages-femmes sont là pour tout nous montrer. On rentre vite à la maison, mais elles viennent à domicile pendant la première semaine et s’assurent que nous n’avons aucun problème.

En Islande, on donne le sein à la demande, et partout. On trouve même des coins calmes dédiés aux mères dans les lieux publics. Récemment, une femme politique, Unnur Brá Konráðsdóttir, a même allaité son enfant au Parlement. Nous ne sommes pas un peuple pudique. Les parents prennent longtemps le bain et la douche avec leurs enfants, jusqu’à la puberté.

On vit beaucoup dehors, alors les jeunes mamans sortent toutes une semaine après l’accouchement. Plus on est à l’air, meilleure sera la santé du bébé. On leur met des vêtements spéciaux, des combinaisons très chaudes, des moufles et des bonnets. Les petits dorment dehors pour les siestes du matin et de l’après-midi. À Reykjavik, la capitale, on voit des alignements de poussettes devant les cafés – les parents au chaud et les bébés dehors, en train de dormir. Ils ont des couvertures très épaisses faites dans la laine du pays, et pas de gigoteuse.

< p > < strong > On a six mois de nuit et six mois de jour. < /strong > & nbsp ; En été, pour recréer l’obscurité et faire dormir le bébé, on utilise des rideaux très épais. Inversement, c’est difficile de les réveiller quand on vit dans le noir si longtemps. On est & nbsp ; fatigués et un peu tristes. & nbsp ; < /p >

On fait très attention à ce que l’on mange : peu de viande, peu de produits industrialisés, essentiellement des fruits et des légumes. La diversification alimentaire débute à 6 mois par notre fameux hafragrautur, qui est aussi le petit-déjeuner traditionnel. C’est une bouillie de flocons d’avoine, d’orge ou de blé, cuits dans du lait, ou de l’eau, avec des fruits. On a aussi des bonbons, mais “du samedi”, c’est même écrit sur le paquet. Il est donc facile de les refuser à nos enfants, en leur disant : « Mais quel jour sommes-nous ? »

Pour un parent islandais, il est très important de développer l’imaginaire de son enfant. Le soir, on adore leur raconter des histoires d’elfes. La majorité de la population croit en l’existence de ces créatures. Notre rapport à la nature et aux éléments – le vent, l’air, la terre – est aussi très fort. C’est pour ça que, dès 4 mois, on amène nos bébés à la piscine, puis, à partir d’un an, dans les sources chaudes. Sans avoir peur des tempêtes ni du brouillard, les petits Islandais apprennent vite à nager et à se débrouiller seuls. Nous leur faisons confiance.

< p > < strong > Etre mère en Islande : quelques chiffres < /strong > < /p > < p > < strong > Congé maternité : 8 mois (à partager avec le père). & nbsp ; < /strong > Après la naissance, la femme a droit à 6 mois de congés payés avec & nbsp ; < strong > 80 & nbsp ; % & nbsp ; < /strong > de son salaire, ou un an avec & nbsp ; < strong > 40 & nbsp ; %. < /strong > Le père a & nbsp ; < strong > 2 mois. < /strong > On peut aussi partager et faire 4 mois chacun, ce qui est assez fréquent. Il y a une & nbsp ; < strong > vraie équité & nbsp ; < /strong > entre la mère et le père. < /p > < p > < strong > Taux d’allaitement : & nbsp ; < /strong > < strong > 75 & nbsp ; % & nbsp ; < /strong > exclusif jusqu’à & nbsp ; 6 mois. < /p > < p > < strong > Taux d’enfant par femme : & nbsp ; < /strong > < strong > 2,2 < /strong > < /p >

Mamans du monde, le livre ! “Maman du monde en Islande” est issu de ce très beau livre, qui réunit 40 portraits de mamans à travers la planète. A acheter d’urgence !  “Mamans du monde”, éd. First.

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