Malformation de la poitrine due à un trouble de leur croissance, les seins tubéreux ne présentent aucun danger pour la santé. Néanmoins, ils peuvent devenir source de complexes importants, parfois dès l'adolescence. Une chirurgie réparatrice est possible.
Seins tubéreux : qu'est-ce que cette malformation ?
Les seins tubéreux ont une forme toute particulière : « C’est une malformation mammaire qui se traduit par un défaut de développement du sein qui n’arrive pas à s’expandre sur la base mammaire », explique le Dr Arnaud Petit. En somme, le sein se développe en prenant la forme d’un tubercule ou d’un tube.
Au-delà de leur forme caractéristique, les seins tubéreux se distinguent souvent par une ou plusieurs de ces caractéristiques :
- une asymétrie mammaire (de forme et/ou de volume)
- des sillons sous-mammaires très hauts (pli sous le sein)
- une anomalie de la base mammaire qui n’est pas arrondie (zone d’implantation du sein)
- une aréole de très grande taille, voire une protusion aréolaire (bombement de l’aréole)
- un volume mammaire anormal (hypotrophie ou hypertrophie mammaire)
La classification de Grolleau : différents stades existants
Si en général, les deux seins sont tubéreux, c’est souvent à des stades différents. La classification de Grolleau décrit 3 principaux stades de seins tubéreux :
- Grade I : forme la plus bénigne, le quadrant (ou segment) inféro-interne du sein est déficient et l’aréole regarde vers le bas et vers l’intérieur
- Grade II : les deux quadrants inférieurs du sein sont absents et l’aréole regarde vers le bas
- Grade III : les quatre quadrants ne se développent pas et le sein prend alors la forme d’un tubercule de toute petite taille.

Lorsqu’elle est sévère, cette malformation peut avoir de réels impacts psychologiques et est souvent mal vécue par les femmes qui en souffrent, surtout chez les jeunes femmes et les adolescentes en pleine puberté. Un accompagnement psychologique peut être nécessaire. A savoir : de nombreuses techniques chirurgicales réparatrices sont aujourd’hui très efficaces pour gommer ces complexes parfois difficiles à assumer.
Quelles techniques chirurgicales peuvent être utilisées lors d'une opération ?
La chirurgie des seins tubéreux a trois principaux objectifs de correction :
- donner une forme arrondie et naturelle au sein en restaurant la base d’implantation mammaire et en redéfinissant le sillon sous-mammaire
- augmenter et redistribuer le volume mammaire
- repositionner et réduire la taille des aréoles
Concernant la technique choisie, tout dépend de la sévérité de la malformation. Il existe donc plusieurs possibilités, une ou plusieurs techniques pouvant être utilisées lors de la même opération.
Le lipofilling mammaire pour redessiner le sein
« Pour ré-expandre la base mammaire, pour faire en sorte que la forme du sein soit plus adaptée au torse de la patiente, on peut faire un lipofilling mammaire », décrit le docteur Arnaud Petit. Cette technique de chirurgie esthétique consiste à « prélever de la graisse appartenant à la patiente, qui, une fois lavée et centrifugée, sera réinjectée et répartie dans les deux seins pour corriger les quadrants déficitaires », explique le chirurgien. Si la patiente est donneuse et dispose d’assez de graisse (au niveau du ventre, des hanches, des cuisses ou encore des genoux), cette technique permet d’améliorer naturellement la forme des seins et d’obtenir une augmentation de volume mammaire d’un petit bonnet.
Les prothèses mammaires pour une augmentation significative de la poitrine
« Si une patiente souhaite un plus grand volume mammaire ou si le lipofilling est impossible, on peut aussi poser des prothèses mammaires », explique le médecin. « C’est une solution efficace pour redonner une plus jolie forme au sein », assure-t-il. En silicone, ces prothèses rondes peuvent être placées devant ou derrière le muscle.
Cette opération nécessite une petite cicatrice qui peut se trouver sous le sein ou bien sur l’aréole, si une réduction aréolaire est envisagée.
Une plastie cutanée pour de plus petites aréoles
« Les aréoles larges peuvent être sources de complexes. La seule façon de les traiter c’est de les réduire, de les faire plus rondes », explique le chirurgien.
Pour cela, les techniques du round-block et de la plastie cutanée en I sont souvent utilisées. Elles laissent une petite cicatrice circulaire tout autour de l’aréole, voire une petite verticale sous aréolaire si le surplus de peau à retirer est plus important.
Une plastie cutanée en T peut être nécessaire dans les cas où les seins tubéreux sont tombants (une ptose mammaire plus importante).
Comment se déroule cette chirurgie réparatrice ?
Le diagnostic de seins tubéreux peut être fait dès la fin de la puberté, lorsque la poitrine de la patiente a atteint sa taille et sa forme définitive. A partir de ce moment-là, une opération réparatrice et esthétique peut être envisagée si la patiente le souhaite.
Lors des premiers rendez-vous, le chirurgien écoute les attentes de la patiente, lui donne l’ensemble des informations nécessaires concernant les opérations ainsi que leurs suites (risques, modalités d’intervention, cicatrices, etc.). Un interrogatoire rigoureux sur ses antécédents médicaux et familiaux, sa santé, son potentiel tabagisme (car si c’est le cas, elle devra arrêter de fumer) sera aussi pratiqué.
C’est notamment lors de ces rendez-vous précédant l’opération que le chirurgien posera un diagnostic et définira le grade de la malformation, afin de proposer les meilleures options pour le corps de la patiente. Si la malformation est assez importante (de grade 3), il se peut que plusieurs interventions soient nécessaires.
Le jour de l’intervention, celle-ci est réalisée sous anesthésie générale. Elle dure 2 heures en moyenne et est souvent réalisée en ambulatoire, « c’est-à-dire que la patiente repart chez elle le soir-même avec un pansement et un soutien-gorge médical adapté et sans armature », explique le Dr Petit. Une hospitalisation d’une nuit à la clinique est toutefois possible selon les cas.
Quelles sont les suites opératoires de cette chirurgie ? Y – a-t-il des risques (cicatrices, double-sillons) ?
Après l’opération, les douleurs ou les ecchymoses (bleus) sont classiques. Pour vous soulager, des antalgiques seront prescrits, tout comme des soins locaux quotidiens qu'il faudra suivre à la lettre pour éviter toute complication.
Après avoir été opérée, il faudra patienter un peu : on estime que la poitrine prend son aspect définitif au bout d’au moins 6 mois. Le résultat est stable et durable dans le temps, sauf en cas d’une forte prise de poids ou lors d’une grossesse. Néanmoins pas d’inquiétude, la poitrine évoluera normalement, comme celle de n’importe quelle femme.
S’il n’y a que peu de complications, des asymétries résiduelles peuvent persister et nécessiter une nouvelle opération afin de résultat esthétique. Tout aussi rare, un double-sillon peut aussi apparaitre si l’anneau fibreux (tissus anormal présent à l’intérieur de la poitrine qui empêche la croissance correcte des seins) et la peau de la partie inférieure du sein ne sont pas suffisamment souples pour s’arrondir correctement lorsque la prothèse mammaire est mise en place.
Quant aux cicatrices, elles s’estomperont progressivement avec le temps, mais ne disparaitront jamais totalement.
Existe-t-il un impact sur la grossesse ou l’allaitement ?
L’opération n’a aucun impact sur une éventuelle future grossesse.
Concernant l’allaitement, « la chirurgie des seins tubéreux n’est pas un frein pour allaiter », assure le Dr Arnaud Petit. Toutefois, « dans la mesure où environ 20% des femmes ont de toute façon des difficultés à allaiter, on ne sait pas réellement si l’opération joue un rôle dans le processus, ou si naturellement, ces mères auraient eu du mal à allaiter », prévient le médecin.
Aussi, sachez que cette opération n’empêche absolument pas le dépistage du cancer du sein.
Comment financer cette chirurgie mammaire ? Peut-elle être prise en charge ? Son remboursement est-il total ?
Les seins tubéreux sont considérés comme une malformation mammaire dont la chirurgie est perçue comme réparatrice. Être opérée des seins tubéreux équivaut à reconstruire, réparer un corps abîmé et en souffrance.
En libéral, « si un chirurgien constate après son examen clinique qu’il s’agit bien de seins tubéreux, l’intervention sera prise en charge partiellement par la Sécurité sociale », assure le Dr Arnaud Petit. Le spécialiste remettra alors un devis à la patiente : une somme oscillant le plus souvent entre 4500 € et 6500 € selon les cliniques. Une partie sera prise en charge par l'Assurance maladie (frais d'hospitalisation, de bloc opératoire), et l'autre non. À voir ensuite avec la mutuelle qui pourra sans doute rembourser une partie des coûts.