Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Compétences parentales : de quoi s'agit-il ?

Un père aide sa fille à faire ses devoirs dans une cuisine lumineuse et chaleureuse. © Jacob Wackerhausen/Getty Images

Publié le par Dorothée Blancheton

En collaboration avec Corinne Roehrig (médecin de santé publique, thérapeute familiale et experte du Programme de Soutien aux Familles et à la parentalité (PSFP))

De la même manière qu’il existe des compétences professionnelles, il y a aussi des compétences liées au rôle parental. Éclairage

L'essentiel

Réalisé avec l'IA, validé par Parents.fr.

  • Les compétences parentales désignent l'ensemble des savoir-faire, attitudes et connaissances qui aident les parents à éduquer, encadrer et soutenir leurs enfants, avec bienveillance et sans violence.
  • Elles regroupent des compétences émotionnelles (gérer les émotions), sociales (communiquer positivement) et cognitives (résoudre les problèmes), complétées par la capacité à soutenir l’enfant et à poser un cadre sécurisant.
  • Ces compétences s’acquièrent progressivement : par l’expérience, le partage avec d’autres parents ou professionnels, ou via des ressources comme des livres ou ateliers.

Le terme de compétences, bien connu dans le monde du travail, est désormais également employé dans la sphère familiale pour évoquer les aptitudes des parents à remplir leur rôle. Mais qu’entend-on exactement par compétences parentales ?

Définition : qu’est-ce que les compétences parentales ?

Le regard sur la prévention et l’éducation a évolué au cours des siècles pour en arriver, au XXe siècle, à la notion de compétences parentales et compétences psychosociales, des modalités d’intervention qui, au lieu d’utiliser la morale et la peur, visent à soutenir l’individu dans le développement de ses propres compétences à faire face aux défis de la vie. Les « compétences psychosociales » ont d’abord été éprouvées dans le champ de la prévention des addictions. Plutôt que d’utiliser la morale et la peur, il a été démontré qu’il était plus pertinent de renforcer les compétences psychosociales des adolescents pour affronter les défis du quotidien. Ils avaient ainsi une meilleure estime d’eux, géraient mieux leurs émotions et étaient capables de refuser une offre de produits stupéfiants.
Les compétences ou habiletés parentales incluent l’ensemble des connaissances et des savoir-faire relatifs au rôle de parent, et lui permettent d’exercer pleinement ses missions éducatives.
« Jamais l’importance des liens parents-enfants dans le développement de l’enfant, son épanouissement et son équilibre n’ont été aussi documentés », explique Dr Corinne Roehrig, médecin de santé publique, thérapeute familiale et experte du Programme de Soutien aux Familles et à la parentalité (PSFP). Là aussi, les études ont permis de mettre en lumière un certain nombre de savoir-être et savoir-faire qui vont faciliter la communication avec l’enfant, la gestion des émotions, la mise en place de limites (par exemple pour l’utilisation des écrans), la résolution de problèmes, sans provoquer à chaque fois des cris et des claquements de porte.

Liste : quelles sont les compétences parentales ?

Les compétences ou habiletés parentales comprennent à la fois des aptitudes psychosociales propres au parent mais aussi des compétences en lien avec l’enfant comme la capacité à le soutenir et à le superviser. Ces compétences influent sur les relations et les interactions parents-enfants. Selon le Dr Roehrig, ces compétences psychosociales sont divisées en trois catégories :

- les compétences émotionnelles : il s’agit de l’aptitude du père ou de la mère à gérer ses émotions et son stress, et à aider son enfant à le faire.

- les compétences sociales : c’est la capacité à communiquer de façon positive et non violente, à faire preuve d’empathie, à émettre et recevoir des critiques etc.

- les compétences cognitives : le parent sait analyser et résoudre des problèmes qui se posent dans la famille.

Deux autres points spécifiques au rôle parental complètent ces compétences.

- Le soutien : le père ou la mère se montre affectueux et attentif, il écoute, encourage, valorise l’enfant, exprime avec précision ses attentes et le comportement qu’il espère, résout des difficultés… « L’attention positive à l’enfant revient à observer ce dont il est capable pour renforcer son comportement plutôt que de se concentrer sur ses faiblesses. S’il a laissé son cartable dans l’entrée mais a rangé son manteau, on le remerciera pour le manteau, et on lui rappellera calmement qu’il peut faire de même pour le cartable. L’enfant sera plus attentif aux demandes car on est dans une communication souple qui ne critique pas systématiquement », détaille Corinne Roehrig. De la même manière, on exprime clairement et positivement les consignes. Plutôt que de dire : « ne marche pas sur la route », on dira « pense à bien rester sur le trottoir ».

- Le contrôle et la sécurité : c’est au parent de définir le cadre et les limites de la vie en famille, de les faire respecter en étant ferme et sans violence.

Ainsi le parent est capable de montrer de l’affection envers son enfant, de prendre soin de lui et de l’encadrer en posant des limites bien définies via une discipline non-violente qui tient compte de son évolution.

Compétences parentales : comment les acquiert-on et développe-t-on ce sentiment ?

On ne naît pas parent, on le devient. Pour certains, ce sentiment de compétences parentales vient dès la première grossesse. Pour d’autres, c’est plus long. Au fur et à mesure que l’enfant grandit, le père ou la mère se trouve confronté à des situations inédites. Il découvre davantage son enfant et se découvre aussi par la même occasion. Les compétences peuvent s’acquérir de diverses manières. Par l’expérimentation et l’expérience par exemple. Face à une situation de colère, une attitude plus posée et à l’écoute que d’habitude peut calmer l’enfant. Le parent en prend conscience et tente d’adopter davantage ce comportement.
Les échanges avec les autres (professionnels de l’éducation, de la santé, de la psychologie…) et leurs conseils peuvent aider à prendre conscience de ces compétences et permettre au parent de se les approprier. Cela peut aussi venir de la lecture d’ouvrages spécialisés, de reportages visionnés ou bien encore de stages et ateliers dédiés.

Ces compétences parentales ne sont pas acquises une fois pour toutes. Les aléas de la vie quotidienne peuvent venir les bousculer.

Observation et approche critique : comment évaluer les compétences parentales ?

On peut mesurer l’évolution des compétences parentales via des questionnaires précis, en faisant des mesures avant et après une intervention. « Côté parents, on va mesurer l’évolution de leur santé mentale, de leur bien-être, de leur engagement. Côté enfant, on peut aussi mesurer l’évolution de son bien-être, de son hyperactivité et de ses troubles de comportement, si l’enfant se sent en sécurité ou s’il fait des crises de colère », ajoute le Dr Roehrig.

Des constats peuvent être faits par le médecin traitant ou le pédiatre lors d’un rendez-vous, parfois par les parents eux-mêmes. « Ils n’osent pas toujours en parler de peur d’être stigmatisés, repérés par les services sociaux », reconnaît le Dr Roehrig.
Dans le domaine psychosocial, notamment dans la protection de l’enfance, ces compétences parentales sont en effet évaluées pour déterminer s’il y a des carences ou non et si l’environnement familial présente un risque pour l’enfant. L’article 14 de la loi du 6 mars 2007 sur la protection de l’enfance indique que si ces compétences parentales « sont durablement affectées, l’enfant doit bénéficier d’une mesure d’accueil stable ». Mais, comme souvent, plus on prend conscience du problème tôt et on ose demander de l’aide, meilleurs sont les résultats.

Dépression, mauvaise estime de soi… Pourquoi certains parents ont plus de difficultés à acquérir ces compétences ?

Ces compétences psychosociales et parentales peuvent être difficiles à développer pour certaines personnes. En particulier pour celles qui ont eu une enfance ou adolescence difficile, qui manquent de sécurité affective, d’estime de soi et peinent à témoigner de leur amour.
Le parent sous pression au travail, à la maison, avec une charge mentale intense, en dépression peut également avoir des difficultés à montrer le meilleur de lui, à maintenir les règles, à être attentif, à encourager son enfant…
Parfois, le parent se heurte aussi à des situations difficiles (handicap, trouble…), à des sources de stress intense qui le dépassent et il parvient difficilement à exprimer ses compétences. Son sentiment de compétence parentale peut alors être mis à mal.

Ateliers autour de la parentalité : comment développer ses compétences parentales ?

Il est toujours possible de développer ses habiletés parentales pour adopter de bonnes pratiques. Les réseaux d’écoute, d’aide et d’accompagnement des parents (REAAP), créés en 1998, regroupent des parents, des bénévoles et des professionnels autour d’actions. Leur objectif ? Renforcer les compétences parentales et les valoriser à travers le dialogue, l’échange et des événements variés (groupes de parole, activités parents-enfants, conférences…). Ces réseaux sont déployés sur l’ensemble du territoire.

D’autres initiatives existent à l’instar du Programme de Soutien aux Familles et à la Parentalité (PSFP). Celui-ci est présent dans une trentaine de pays dans le monde et a été adapté au contexte français par le Dr Roehrig au sein du Comité départemental d’éducation pour la santé des Alpes-Maritimes (CODES 06), avec le soutien de Santé publique France. Ce programme est destiné à toutes les familles pour créer un climat familial positif. Douze séances, encadrées par des professionnels formés, sont prévues. Parents d’un coté, enfants de l’autre la première heure puis réunis la seconde. Au programme : des jeux de rôle, des mises en situation, des travaux pratiques… De quoi apprendre aux petits et aux grands à mieux comprendre et gérer leurs émotions et interagir les uns avec les autres.

OSZAR »