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Blocages alimentaires autour de l'assiette, comment les dénouer ?

Blocages alimentaires : les solutions pour les dénouer © Sasha_Suzi - Getty Images/iStockphoto

Publié le par Christine Avellan

En collaboration avec Dr Arnault Pfersdorff (pédiatre réanimateur)

Quand les repas tournent au cauchemar, on souffle un grand coup pour faire baisser la pression. Et on essaie de déminer les choses. 10 situations expliquées par le Dr Arnault Pfersdorff, pédiatre réanimateur.

Il mange très lentement

Pourquoi ? « La notion de temps est toute relative. Surtout pour des enfants. Et la perception qu’ils en ont est bien différente de la nôtre », précise le Dr Arnault Pfersdorff*. En clair, on trouve qu’il met trois heures pour mâcher trois brocolis mais en fait, pour lui, c’est son rythme. De plus, cela ne veut pas forcément dire qu’il n’a pas faim. Mais il pense peut-être encore au jeu qu’il était en train de faire juste avant qu’on l’interrompe pour passer à table. Et puis, il est peut-être aussi fatigué et manger lui demande peut-être trop d’efforts.

Les solutions. On instaure des repères dans le temps pour annoncer le moment du repas : ranger les jouets, se laver les mains, mettre la table… Pourquoi ne pas chanter aussi une petite chanson pour se souhaiter bon appétit. Et puis, on prend sur nous… En l’absence de tout problème physique qui l’empêcherait de mâcher correctement (frein de langue non dépisté à la naissance par exemple), on relativise et on se dit qu’en prenant le temps de bien mâcher, il digèrera mieux.

  « Un enfant (en bonne santé) ne se laisse pas mourir de faim, précise le Dr Arnault Pfersdorff. Il sait se réguler seul. Et l’équilibre alimentaire se joue sur plusieurs repas. »  

En vidéo : Le repas sont compliqués : Margaux Michielis, psychologue et formatrice en atelier Faber & Mazlish donne des solutions pour accompagner les enfants sans les forcer.

Il refuse les légumes

Pourquoi ? Avant de sortir l’étiquette de la « néophobie » qui est une étape quasi inévitable de refus de certains aliments, et qui apparaît autour de 18 mois et peut durer plusieurs années. On essaie de démêler les choses. Déjà, peut-être que dans la famille, on n’est pas vraiment fan de légumes. Et comme les enfants imitent les adultes, ils n’auront pas envie d’en manger eux non-plus. Il est vrai aussi que des légumes bouillis, ben, ce n’est franchement pas folichon. Et puis, peut-être qu’il n’aime tout simplement pas certains légumes pour le moment.

Les solutions. On se rassure, rien n’est jamais figé. Peut-être que dans quelques temps, il appréciera les légumes. En attendant le jour béni où il mangera son chou-fleur avec appétit, on lui propose des légumes, à chaque repas, en variant les recettes et la présentation. On rehausse leur goût avec des épices et des aromates. On lui propose de nous aider à les cuisiner. On joue aussi sur les couleurs pour les rendre appétissants. Et, on ne lui sert pas de trop grandes quantités ou on lui propose de se servir.

Le refus est nécessaire !

Dire non et choisir, cela fait partie de la construction de l’identité de l’enfant. Ses refus concernent souvent la nourriture. D’autant plus que nous, en tant que parents, avons tendance à surinvestir les aliments. Alors, on prend sur nous, sans entrer en conflit. Et on passe le relais avant de craquer.

 

Il ne veut que des purées

Pourquoi ? On a souvent peur de commencer à donner des morceaux plus consistants aux bébés. Du coup, on retarde un peu trop leur introduction, ce qui peut entraîner par la suite, plus de difficultés à accepter autre chose que des purées. « On a aussi peut-être tenté de «cacher » de petits morceaux dans une purée lisse et le bébé a été surpris par cette texture dure et il a pu ne pas apprécier », ajoute le spécialiste.

Les solutions. On ne tarde pas trop pour introduire les morceaux. Avec la diversification classique, on donne d’abord des purées très lisses. Puis progressivement, on lui propose des textures plus granuleuses jusqu’aux morceaux fondants quand il est prêt. « Pour faciliter l’acceptation des morceaux, on les présente à part de la purée pour qu’il puisse les voir et les toucher avant de les porter à sa bouche », conseille-t-il. On peut aussi profiter des repas en famille pour lui laisser nous donner quelques bouchées. Les tout-petits aiment bien donner à manger à leurs parents. Il nous voit mastiquer et par imitation, il voudra faire comme nous.

Il trie et sépare les aliments

Pourquoi ? Jusqu’à 2 ans, c’est très fréquent car pour un tout-petit manger est l’occasion de faire plein de découvertes. Et son assiette est un formidable champs d’exploration : il compare les formes, les couleurs... Bref, il s’amuse.

Les solutions. On reste zen pour ne pas créer un blocage là où il s’agit tout simplement d’une phase de découverte. On peut aussi présenter ses aliments dans une assiette à compartiments pour que tout ne soit pas mélangé. Mais à partir de 2-3 ans, on lui apprend à ne pas jouer avec la nourriture. Et qu’il y a des règles de bonne conduite à table.

Quand il est fatigué ou malade, on adapte son repas

S’il est fatigué ou malade, mieux vaut lui proposer des textures plus simples comme des soupes ou des purées. Ce n’est pas un retour en arrière mais une solution ponctuelle.

 

 

Il mange bien chez les autres et pas à la maison

Pourquoi ? Eh oui, on a tous bien compris que c’est meilleur chez mamie ou chez les copains. En fait, c’est surtout qu’« à l’extérieur, il y a moins d’interférences avec la nourriture, précise le Dr Arnault Pfersdorff. Déjà, il n’y a pas le lien affectif entre le parent et l’enfant, et du coup, il peut y avoir moins de pression. En plus, il y a un effet d’émulation et d’imitation quand il mange avec d’autres enfants. Et puis, la nourriture est aussi différente de ce qu’il mange tous les jours. »

Les solutions. On ne culpabilise pas et on tire profit de cette situation. Par exemple, s’il rechigne à manger des légumes ou des morceaux quand il est à la maison, on demande à mamie de lui en proposer chez elle. Ca peut passer nickel. Et pourquoi ne pas inviter un petit copain à manger chez nous (on choisit de préférence un bon mangeur). Cela peut le motiver lors du repas.

Il ne veut plus de lait

Pourquoi ? Certains tout-petits vont se lasser plus ou moins rapidement de leur lait. Certains vers 12-18 mois. D’autres, plus tard, vers 3-4 ans. Le refus peut être transitoire et être lié, par exemple, à la fameuse période du « non ». Epuisante pour les parents mais nécessaire pour les enfants… Ou alors, il peut aussi ne plus aimer le goût du lait.

Les solutions. « Il faudra s’adapter à son âge pour lui apporter une alimentation équilibrée, car le lait (notamment les préparations infantiles) est une bonne source du calcium, de fer, d’acides gras essentiels... », note-il. Pour lui donner envie d’en boire, on peut servir le lait dans une tasse ou lui donner à la paille. On peut aussi ajouter un peu de cacao ou de céréales. Pour les plus grands, on peut varier les produits laitiers en proposant à la place, des fromages, des yaourts…

Il ne veut pas manger tout seul

Pourquoi ? Peut-être ne lui a-t-on pas laissé suffisamment d’autonomie à table. Parce que ça va plus vite de lui donner à manger que de le laisser se dépatouiller. Et puis comme cela, il en met moins partout. Mais aussi, prendre son repas seul est un énorme marathon qui demande beaucoup d’énergie. Et c’est compliqué pour un tout-petit de se débrouiller seul trop tôt.

Les solutions. On l’autonomise tôt en lui proposant une cuillère à chaque repas. Libre à lui de l’utiliser ou non. On le laisse aussi découvrir la nourriture avec ses doigts. Dès 2 ans, il est possible de passer aux couverts avec un bout en fer. Pour une bonne prise en main, le manche doit être court et suffisamment large. On accepte également que le repas prenne un peu plus de temps. Et on patiente, car ce n’est qu’entre 4 et 6 ans, qu’un enfant acquiert progressivement l’endurance pour manger tout le repas sans aide.

Il grignote toute la journée et ne mange rien à table

Pourquoi ? « Souvent un enfant grignote parce qu’il voit ses parents le faire. Ou parce que craignant qu’il n’ait pas suffisamment mangé au repas et on est tenté de lui donner des compléments en dehors », note le Arnault Pfersdorff. En plus, les aliments préférés pour le grignotage sont plus attirants (chips, biscuits…) que ceux servis à table, les légumes notamment.

Les solutions. Déjà, on montre l’exemple en arrêtant de grignoter. On instaure aussi quatre repas par jour. Et c’est tout. Si un enfant a moins mangé à repas, il se rattrapera au suivant. On limite les tentations en achetant moins ou pas de produits ultra-transformés et en les réservant pour les grandes occasions.

Il veut jouer en mangeant

Pourquoi ? Peut-être que le repas dure trop longtemps pour lui et qu’il s’ennuie. Peut-être aussi qu’il est dans une phase active d’exploration de son environnement et tout devient prétexte à la découverte et au jeu, y compris le temps des repas. Après, ce n’est pas forcément un jeu, car le fait de toucher les aliments permet aux plus jeunes de se les approprier. Cela est très important pour qu’ils acceptent d’en manger.

Les solutions. A adapter en fonction de l’âge. On le laisse explorer avec ses doigts à condition de ne pas en mettre partout et de ne pas faire n’importe quoi. On met à sa disposition des couverts adaptés à son âge. Et puis, on lui rappelle aussi que l’on ne joue pas en mangeant et progressivement, il va intégrer ses règles de bonne conduite à table.

Passage aux morceaux, est-il prêt ?

Pas besoin d’attendre que le bébé ait beaucoup de dents. Ou pile ses 8 mois. Il peut écraser les aliments mous avec ses gencives car les muscles des mâchoires sont très puissants. Mais quelques conditions : il doit être bien stable quand il est assis. Il doit pouvoir tourner la tête à droite et à gauche sans que tout son corps tourne, il porte seul les objets et les aliments à sa bouche et bien sûr qu’il est attiré par les morceaux, en clair, c’est qu’il a envie de venir piquer dans votre assiette. 

 

 

Il compare son assiette à celle de son frère

Pourquoi ? « C’est inévitable dans une fratrie de regarder si son frère ou sa sœur a plus de choses que soi. Y compris au niveau de la nourriture. Mais ces comparaisons concernent, en fait, une question d’un autre ordre que celui de l’alimentation », note le pédiatre.

Les solutions. En tant que parents, on aura beau tout faire pour être égalitaires, on ne peut pas l’être à chaque fois. Il est donc super important d’entendre le message que l’enfant nous fait passer pour que le sentiment d’injustice ne s’installe pas. On démine la situation en expliquant, par exemple, que son frère est plus grand et qu’il a besoin de quantités plus importantes. Ou encore que chacun a ses goûts et que lui préfère manger plus de tel ou tel aliment.


 

Sources

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