Parents : As-tu ressenti la pression de la maternité ?
Stéphanie : La PMA est un parcours très structuré, la première chose que nous dit la gynécologue c'est qu’il faut en moyenne attendre un an en ayant essayé “naturellement”. Si au bout d’une année, ça ne fonctionne pas, à ce moment-là on fait des examens aussi bien chez la femme que chez l’homme, pour voir s'il y a quelque chose qui empêche la procréation naturelle.
Au départ, on se dit : qu'est-ce qui cloche chez moi ? Pourquoi ça ne veut pas ? Je pense qu’il y a une pression sociale assez forte sur les femmes pour avoir des enfants, mais aussi sur les hommes pour être fertiles. On ressent donc de la culpabilité, je me souviens m’être dit : « Voilà, moi ça ne veut pas, ce n’est pas pour moi, mon corps ne fonctionne pas correctement ». Lorsque notre gynécologue a vu qu'effectivement il y avait des petits soucis, en ce qui me concernait pour l'ovulation, elle nous a dirigés vers une collègue vraiment spécialisée dans l'infertilité.
Elle a prescrit d'autres examens un petit peu plus poussés. Des examens pas toujours agréables mais qui permettent de préciser vraiment d'où vient le problème.
La stimulation ovarienne
À partir de là, on commence la stimulation ovarienne, alors ça demande des réglages, beaucoup de prises de sang et d'échographies aussi, pour voir si ça correspond bien, si la stimulation se passe bien, si les taux sont corrects. En parallèle, elle nous parle de tout ce qui peut éventuellement arriver si ça ne fonctionne pas, et des autres options qui sont à notre disposition comme l'adoption. Il y a beaucoup d'informations qui arrivent en même temps, même si c'est un souci bénin, rien ne dit que ça va fonctionner. Il faut se laisser porter, il ne faut pas trop se poser de questions, c'est extrêmement répandu les soucis d'infertilité.
Parents : Comment s’est passé votre parcours de PMA ?
Pour mettre vraiment toutes les chances de notre côté, on a fait une FIV. On s'y est pris à deux fois, avec une production maximale d'ovules de mon côté. La suite du processus est la fécondation in vitro en clinique et réintroduction, en ce qui me concerne, de deux ovules fécondés. Ce qui m'a rassurée, ça peut paraître un petit peu bête, mais c’est que mon taux d'hormones a explosé, donc je me suis dit « ok mon corps est d'accord, c'est bon ». Ce qui m’a aussi rassurée, c'est lorsque le gynécologue m'a dit : « À partir du moment où maintenant vous êtes enceinte, la FIV et la PMA n'ont aucune incidence et n'ont rien à voir avec la grossesse. Maintenant, vous êtes enceinte, c'est une grossesse normale ! ». J’ai justement eu une grossesse idéale. On se rend compte que parfois, le corps humain a besoin de temps en temps d'être boosté, parce qu’il a des petits réglages à faire sur différents points.
Parents : Avez-vous des conseils pour les parents qui débutent leur parcours de PMA ?
Un parcours de PMA, c’est très long quand ça ne marche pas du premier coup. Il faut alors laisser son corps se reposer après une tentative et recommencer à zéro. La PMA peut avoir une incidence sur le couple. Pour ma part, elle nous a rapprochés, c’est mon conjoint qui me faisait les piqûres car je ne pouvais pas les faire. Lors de ce long processus, il ne faut surtout pas se négliger, il faut prendre soin de soi, de son couple. Vous pouvez faire des choses qui vous font plaisir comme des massages. La PMA est une épreuve à vivre ensemble, ne vous culpabilisez pas, vous n’êtes pas mal formés, ce n’est ni une erreur de la nature, ni une fatalité.
Il faut banaliser le processus de la PMA. Vous devez essayer, je sais que c'est compliqué, je sais que ce n’est pas facile. Mais essayez de ne pas vous prendre la tête et de prendre soin l'un de l'autre pendant ce parcours, pour se mettre vraiment dans les meilleures conditions possibles.
Je ne regrette pas d'avoir eu des jumeaux, au contraire, j’en ai toujours eu envie. Donc finalement ce parcours, ça a été un mal pour un bien, puisque ça a pu m'aider à réaliser mon rêve d'avoir des jumeaux.