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Antibiotiques pendant la grossesse : que peut prendre la femme enceinte ?

Antibiotiques et grossesse : on fait le point © istock

Publié par Hélène Bour  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

Avec un système immunitaire plus faible, la grossesse est une période à haut risque d’infections. Aussi la question de la prise de médicaments, et notamment d’antibiotiques, se pose. Quels antibiotiques peut-on prendre enceinte ? Quelles précautions, quels risques, quelle posologie ? On vous dit tout.

Enceinte, on évite d’autant plus l’automédication et on vérifie auprès de notre médecin que notre prise de médicaments est adaptée à notre condition ! En effet, si le placenta protège le fœtus de potentielles infections, ce n’est pas pour autant une barrière infranchissable. De plus, les indications concernant la prise de médicaments peuvent varier en fonction du stade de la grossesse.

Antibiotiques : définition et fonction

Les médicaments antibiotiques sont utilisés contre les infections bactériennes. D’origine naturelle, semi-synthétique ou complètement synthétique, les antibiotiques agissent en tuant les bactéries pathogènes (effet bactéricide) ou en empêchant leur prolifération (effet bactériostatique).

Cystite, infection, angine… Quand prendre des antibiotiques ?

Gastro-entérite, vaginose, angine, otite ou encore infection urinaire (cystite) sont quelques-unes des maladies qui peuvent être d’origine bactérienne et donc qui peuvent nécessiter une prescription d’antibiotiques. En revanche, les antibiotiques ne sont d’aucune utilité en cas de maladie d’origine virale (rhume, grippe, Sars-CoV-2…).

On peut classer les antibiotiques en deux grandes catégories :

  • les antibiotiques dits à large spectre, qui ciblent une grande variété de bactéries ;
  • et les antibiotiques à spectre étroit, qui détruisent un groupe ou un type spécifique de bactéries.

Les antibiotiques, ce n’est pas automatique : un adage qui vaut aussi enceinte

On l’a assez entendu : les antibiotiques, ça n’est pas automatique. En effet, en cas de maladie ayant pour origine une infection par un virus, un traitement antibiotique ne sera d’aucun secours. Pire, une utilisation accrue ou une mauvaise utilisation des antibiotiques peut entraîner des résistances bactériennes, et, à terme, mener à des traitements moins, voire plus du tout, efficaces.

Quant à la grossesse, bien que le placenta protège le fœtus de nombre d’infections et de polluants, il ne s’agit pas, hélas, d’une barrière complètement infranchissable. En témoignent les recommandations quant au tabac et à l’alcool.

Antibios et grossesse : quels risques ?

Les risques d’une exposition du fœtus à des antibiotiques qui seraient incompatibles avec la grossesse sont variés et dépendent tant du type d’antibiotique ingéré, que de la dose ou de la voie d’administration. Nombre de médicaments sont déconseillés chez la femme enceinte, du fait d’un risque de malformation fœtale (on parle de risque tératogène). Il existe notamment des antibiotiques ayant des effets ototoxiques, c’est-à-dire toxique pour l’oreille et l’audition, ou encore néphrotoxiques, c’est-à-dire toxiques pour les reins. Il existe également un risque théorique de modification de la flore intestinale (ou microbiote) du nouveau-né ou de coloration des dents.

Pénicilline, Augmentin, Amoxicilline : quel médicament antibiotique peut-on prendre pendant la grossesse ?

Fort heureusement, une bonne partie des antibiotiques disponibles peuvent être prescrits pendant la grossesse, et notamment ceux de la famille de la pénicilline.

Présentée en novembre 2021 lors du congrès scientifique annuel de l’American College of Allergy, Asthma and Immunology (ACAAI), une étude scientifique indique même que les femmes enceintes chez qui une allergie à la pénicilline a été constatée auraient tout intérêt à effectuer un nouveau test. Car cette classe d’antibiotiques aurait moins d’effets secondaires pendant la grossesse que ses alternatives utilisées en cas d’allergie. Les chercheurs soulignent notamment qu’en cas de présence de streptocoque B dans la flore vaginale, le recours à la pénicilline peut être justifié afin d’éviter des complications chez le nouveau-né.

Est-ce que l’amoxicilline est dangereuse pour la femme enceinte ? Comment et pourquoi en prendre pendant la grossesse ?

Concernant plus précisément les antibiotiques à base d’amoxicilline (Amodex®, Clamoxyl® et génériques), les données sont rassurantes. Le site du CRAT, Centre de Référence sur les Agents Tératogènes, estime que “les données publiées chez les femmes enceintes exposées à l’amoxicilline en cours de grossesse sont très nombreuses et rassurantes”. Aussi, il est a priori possible d’utiliser de l’amoxicilline, quel que soit le terme de la grossesse, et à posologie efficace.

Quant à l’Augmentin, qui est un mélange de deux types d’antibiotiques (amoxicilline et acide clavulanique), le CRAT indique là encore qu’il est possible de l’utiliser pendant la grossesse, bien que le Dictionnaire Vidal, qui comprend les notices des médicaments, soit plus précautionneux.

C’est de toute façon à votre médecin de définir le rapport bénéfice/risque d’un tel traitement, d’où l’importance de bien préciser que l’on est enceinte, pour qu’il ou elle prenne en compte cette information clé.

Est-ce qu’une femme enceinte peut prendre de la ciprofloxacine ?

La ciprofloxacine est un antibiotique de la famille des fluoroquinolones, prescrit pour traiter diverses infections, notamment urinaires, génitales, respiratoires, ou auriculaires (otite). Le CRAT indique que “les données publiées chez les femmes enceintes exposées à la ciprofloxacine au 1er trimestre de la grossesse sont très nombreuses et rassurantes”. Par ailleurs, “aucun effet fœtal et/ou néonatal particulier n’a été rapporté parmi environ 200 enfants de mères exposées à la ciprofloxacine au 2e et/ou 3e trimestre de la grossesse”.

Seules des atteintes sur le cartilage immature ont été retrouvées chez de jeunes animaux traités en post-natal par cet antibiotique. Une toxicité qui n’a pas été retrouvée par ailleurs selon le CRAT. Notons toutefois que, là encore, les notices publiées sur le site vidal.fr sont plus réservées quant à l’utilisation de ciprofloxacine pendant la grossesse, du fait de cette suspicion d’atteinte du cartilage.

Le CRAT précise enfin que les fluoroquinolones n’ont plus leur place dans le traitement de la cystite aiguë, selon la Haute Autorité de Santé.

Antibiotiques et grossesse : tout dépend aussi du type d’administration

Il existe de nombreuses voies d’administration des antibiotiques, selon la pathologie à soigner. En effet, qu’on ait une vaginose, une otite ou encore une angine, le traitement sera adapté afin de traiter l’infection au mieux, et au plus près. L’application locale est alors souvent privilégiée, d’autant que c’est un atout en ce qui concerne la grossesse. Par voie locale, que ce soit par voie cutanée, vaginale ou auriculaire par exemple, on estime que le passage systémique est moins important que par voie orale, via le système digestif. Autrement dit, l’antibiotique atteint moins la circulation sanguine, et donc in fine le fœtus.

Lorsqu’il s’agit d’un traitement antibiotique, il faut donc bien se faire préciser et prendre en compte le mode et la voie d’administration.

Certaines notices précisent ainsi que le passage systémique de l’antibiotique concerné est “jugé négligeable”, là où la voie orale pourrait être plus risquée.

L’automédication est de toute façon formellement déconseillée pendant la grossesse, qu’il s’agisse d’antibiotiques ou d’autres types de médicaments. Il est recommandé de toujours prendre un avis médical avant de prendre des médicaments lorsqu’on est enceinte.

Consulter le site du CRAT, un bon réflexe durant la grossesse et en cas d’allaitement

Au moindre doute, notamment si l’on s’aperçoit que l’on est enceinte après ou pendant un traitement antibiotique, il est conseillé, d’une part, de consulter un professionnel de santé (médecin gynécologue-obstétricien ou sage-femme), et d’autre part, de consulter le site du CRAT, le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes.

Pour chaque type ou famille de médicament, le site détaille l’état actuel des connaissances quant au risque d’administration durant la grossesse. De quoi rassurer toute future maman qui s’inquiète d’éventuels effets indésirables de ses traitements sur son bébé à naître.

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