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Grossesse gémellaire monochoriale : un suivi renforcé

Une femme enceinte, ventre rebondi apparent, montre au photographe une échographie montrant ses jumeaux © SanyaSM/Getty Images

Publié le par Hélène Bour

En collaboration avec Pr Jacky Nizard (gynécologue-obstétricien à la Pitié-Salpêtrière à Paris et professeur de gynécologie-obstétrique à Sorbonne Université)

Une grossesse gémellaire peut être bichoriale ou monochoriale, et cela a son importance pour le suivi de la grossesse. Zoom sur ce qu’est une grossesse monochoriale, et ce que ça implique concrètement au niveau médical.

L'essentiel

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  • Il existe deux types de grossesses gémellaires : les grossesses monochoriales (un seul placenta partagé, nécessitant un suivi spécifique) et les grossesses bichoriales (deux placentas distincts, sans partage). Les premières peuvent entraîner des complications comme le syndrome transfuseur-transfusé, tandis que les secondes sont moins à risque.
  • Un diagnostic essentiel au premier trimestre : l’échographie permet de déterminer la chorionicité (un ou deux placentas), un élément clé pour adapter le suivi. Elle distingue également les « vrais » jumeaux (monozygotes) et les « faux » jumeaux (dizygotes), bien que cela puisse être difficile dans certains cas.
  • Complications et prise en charge : le syndrome transfuseur-transfusé, lié au partage inégal du placenta en grossesse monochoriale, peut entraîner des risques graves pour les fœtus. Une surveillance rapprochée et des traitements adaptés sont essentiels pour protéger les bébés.

On connaît généralement les termes de « vrais » et « faux » jumeaux ou triplés, lorsqu’il s’agit d’une grossesse multiple. On connaît moins en revanche les termes liés aux caractéristiques de ces grossesses, le plus souvent gémellaires : y a-t-il un seul ou plusieurs placentas ? Les jumeaux partagent-ils la même poche amniotique ? Et qu’est-ce que cela implique pour la grossesse. Notre tour d’horizon pour bien comprendre.

Quels sont les deux types de grossesse gémellaire ?

« Dans les grossesses gémellaires monochoriales, les fœtus partagent le même placenta », nous explique le Pr Nizard, gynécologue-obstétricien et professeur des universités. « Le placenta est deux fois plus grand mais c’est un placenta commun, et certaines parties du placenta vont être mutualisées sur les deux bébés. Cette mutualisation peut se faire de manière inégale, avec un qui n’en reçoit pas assez, l’autre qui en reçoit trop, ce qui peut aboutir à un syndrome transfuseur transfusé », détaille le spécialiste. Ce dernier précise qu’une grossesse monochoriale nécessite un suivi de grossesse particulier, une surveillance spécifique, qui doit se faire dans un centre spécialisé.

La grossesse gémellaire bichoriale biamniotique

Ce problème lié au partage du placenta n’existe pas lorsque la grossesse est dite bichoriale : « Les grossesses bichoriales sont des grossesses multiples (le plus souvent gémellaires), où chaque fœtus a son placenta, où il y a donc deux placentas », indique le Pr Jacky Nizard. « Et dans les grossesses bichoriales, on peut avoir soit de vrais soit de faux jumeaux », ajoute l’obstétricien. Les grossesses bichoriales sont toujours biamniotiques : chaque embryon a sa propre poche amniotique.

En revanche, lorsqu’elle est monochoriale, c’est-à-dire lorsqu’il n’y a qu’un seul placenta, il peut y avoir une seule poche amniotique (grossesse monochoriale monoamniotique), ou deux poches amniotiques (grossesse monochoriale biamniotique).

L’importance de l’échographie quand on attend des jumeaux

C’est le diagnostic échographique de chorionicité qui permet de dire s’il s’agit d’une grossesse monochoriale ou bichoriale, autrement dit s’il y a un seul ou deux placentas. Ce diagnostic doit impérativement avoir lieu au premier trimestre de la grossesse (jusqu’à 14 semaines d’aménorrhée), et le plus tôt possible (dès qu’il est possible de distinguer le ou les placentas. Parce qu’il est plus difficile à faire ensuite, et que le suivi de la grossesse gémellaire en dépend.

Quant au diagnostic de zygocité, déterminant s’il s’agit de « vrais » ou « faux » jumeaux, ou triplés (voir ci-dessous), il n’est pas toujours possible : si la grossesse est monochoriale, il s’agit de « vrais » jumeaux, mais si la grossesse est bichoriale, il n’est pas toujours possible, à l’échographie, de déterminer la zygocité. En effet, si les fœtus sont de sexe opposé, il s’agit bien de « faux » jumeaux, mais s’ils sont de même sexe, il n’est pas possible de dire s’il s’agit de jumeaux monozygotes ou dizygotes.

Quelle est la différence entre les jumeaux monozygotes et dizygotes ?

Les jumeaux monozygotes partagent un même patrimoine génétique : ils sont issus du même œuf (résultant de la fusion d’un ovule et d’un spermatozoïde), œuf qui s’est ensuite divisé pour donner deux embryons. On parle dans le langage courant de « vrais » jumeaux, qui sont forcément du même sexe.

Les jumeaux dizygotes ne partagent pas le même patrimoine génétique : les deux embryons sont issus de deux œufs différents. Et lors de la fécondation, il y a eu deux ovules et deux spermatozoïdes. Ces « faux » jumeaux peuvent être de même sexe ou de sexe différent, comme des frères et sœurs. Ils ont simplement partagé en même temps l’utérus maternel.

Concernant la chorionicité de la grossesse, c’est-à-dire si elle est monochoriale ou bichoriale, retenons simplement que la grossesse monochoriale donne toujours de « vrais » jumeaux (monozygotes), tandis que la grossesse bichoriale peut donner de « vrais » ou de « faux » jumeaux, selon s’il y a un ou deux œufs au départ.

Syndrome transfuseur transfusé ou STT : de quoi s’agit-il ?

Lorsque la grossesse est monochoriale, et lorsque les fœtus partagent un même placenta de façon inégale, un syndrome transfuseur-transfusé (ou STT) peut survenir. Un des deux enfants donne trop de sang à l’autre : le fœtus qui en donne trop est le donneur ou transfuseur, tandis que celui qui en reçoit trop est le receveur, ou transfusé. De quoi engendrer des différences en termes d’hydratation : le fœtus receveur va voir son volume de liquide amniotique augmenter, tandis que le donneur va voir ce volume diminuer. Un retard de croissance peut survenir chez le transfuseur, tandis que le jumeau transfusé peut être plus grand et plus gros.

Au stade ultime du STT, le fœtus donneur peut décéder, et entraîner le décès de son jumeau. D’autres complications peuvent découler d’un tel syndrome, telles qu’une fausse couche, un accouchement prématuré, un retard de croissance. C’est pourquoi ce syndrome doit être diagnostiqué au plus tôt, par échographie, et un traitement chirurgical envisagé si nécessaire.

L’accouchement par voie basse est-il possible en cas de grossesse monochoriale ?

L’accouchement par voie basse est parfois possible, mais équipes médicales et patientes lui préfèrent plus souvent l’accouchement par césarienne, en fonction des complications déjà en cours ou pour limiter les risques liés au caractère monochorial de la grossesse (enchevêtrement ou procidence des cordons en cas de grossesse monoamniotique, souffrance fœtale).

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