Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Insuffisance placentaire : définition, causes, symptômes et traitements

Insuffisance placentaire : définition, causes, symptômes et traitements © Maskot/Getty Images

Publié le par Hélène Bour

En collaboration avec Pr Philippe Deruelle (médecin gynécologue-obstétricien)

L’insuffisance placentaire est évoquée comme cause de plusieurs affections et symptômes de grossesse, notamment de retard de croissance in utero, de cyanose chez le bébé, ou encore de prééclampsie. Mais qu’est-ce, au juste, que l’insuffisance placentaire ? On vous dit tout.

Organe vital pour le bébé, puisqu’il permet son approvisionnement en oxygène, eau et autres nutriments, tout en le protégeant en partie des polluants, le placenta peut être sujet à diverses pathologies, plus ou moins graves. Parmi elles, l’insuffisance placentaire, ou insuffisance vasculaire placentaire, dont il est ici question.

L’insuffisance vasculaire utéroplacentaire : définition

Il s’agit d’une pathologie placentaire, une maladie qui concerne le placenta, caractérisée par un flux sanguin insuffisant au niveau du placenta, vers le fœtus.

« C’est une maladie qui se met en place en deux phases », nous explique le Pr Deruelle, gynécologue-obstétricien et chercheur au CHU de Montpellier. « La première phase, c’est l’installation de la maladie au début de la grossesse, lorsque le futur placenta, alors appelé trophoblaste, va devoir entrer en contact avec les cellules de la mère, et effectuer un mécanisme appelé invasion trophoblastique : transformer les cellules des artères de l’utérus pour qu’elles deviennent en quelque sorte réceptives à la grossesse. Ce phénomène, qui a lieu entre 7 et 16 semaines d’aménorrhée, peut mal se dérouler, peut-être du fait de problèmes métaboliques ou immunologiques, et dérailler, conduisant à ce que l’invasion trophoblastique ne se fasse pas correctement », poursuit le spécialiste.

La seconde phase de l’insuffisance placentaire, c’est la survenue de ses conséquences, parfois dès le deuxième mais surtout au troisième trimestre, avec l’apparition de symptômes qui peuvent être très divers : apparition d’une hypertension artérielle chez la femme enceinte, une prééclampsie, un retard de croissance intra-utérin ou encore des maladies biologiques plus rares et plus graves. « On ne sait pas pourquoi l’insuffisance placentaire va induire tel ou tel symptôme chez une femme », indique le Pr Deruelle.

Le placenta ayant un rôle important pour le bon déroulé de la grossesse, un dysfonctionnement placentaire a des conséquences sur la grossesse et sur le bon développement du fœtus.

RCIU ou retard de croissance intra utérin : un des symptômes de cette insuffisance du placenta

« En présence d’un retard de croissance intra-utérin ou RCIU, (dont le diagnostic est posé via l’échographie), on suspecte toujours une insuffisance placentaire parmi les potentielles causes sous-jacentes », nous indique le Pr Deruelle.

Rappelons que le diagnostic de RCIU intervient généralement à la suite de plusieurs examens conduisant à des mesures anormalement basses : ce peut-être la hauteur utérine en premier lieu lors d’un rendez-vous obligatoire de la grossesse, mais aussi, par la suite, différentes mesures échographiques anormalement basses, telles que la longueur du fémur et/ou le diamètre bipariétal (diamètre transverse du crâne) du fœtus. Un doppler ombilical fœtal peut aussi être pratiqué, pour observer le flux sanguin entre la maman et le futur bébé. La quantité de liquide est également scrutée, car une diminution du liquide amniotique suggère une souffrance fœtale, qui peut pousser l’équipe médicale à envisager une césarienne en urgence.

Mais outre le RCIU, d’autres pathologies peuvent en partie découler d’une insuffisance placentaire. « En médecine, on dit que ces maladies-là - retard de croissance intra-utérin, hypertension artérielle, prééclampsie - ont le même 'primum movens', la même première impulsion, qui est l’insuffisance placentaire », précise le Pr Deruelle. Ce dernier d’ajouter qu’en revanche, on ne sait pas pourquoi, chez certaines femmes, l’insuffisance placentaire va occasionner à la fois RCIU et prééclampsie, là où, chez d’autres, cette pathologie placentaire n’engendrera qu’un RCIU seul, ou qu’une hypertension seule.

Le traitement dépend des signes et symptômes

C’est une maladie que l’on ne peut diagnostiquer qu’une fois qu’elle occasionne des symptômes, autrement dit, le plus souvent, en fin de grossesse. Et c’est d’ailleurs sur ces symptômes que l’équipe médicale va tenter d’agir pour éviter les complications pour le fœtus et la future maman, à commencer par l’accouchement prématuré, ou encore le petit poids de naissance. On parle de traitement symptomatique.

Ainsi, si l’insuffisance placentaire engendre un RCIU, c’est celui-ci qui va être étroitement surveillé, éventuellement via une hospitalisation. Même chose si elle engendre une prééclampsie. Si elle se traduit par une hypertension artérielle, celle-ci sera traitée à l’aide de médicaments compatibles avec l’état de grossesse.

Comment favoriser les échanges placentaires et faire en sorte que le placenta fonctionne bien ?

Il existe des facteurs de risque de dysfonctionnement placentaire clairement identifiés, parmi lesquels :

  • le tabagisme ;
  • un diabète préexistant avant la grossesse et mal contrôlé ;
  • potentiellement, le poids (des études ont montré une réduction du risque d’hypertension chez les femmes en état d’obésité ayant eu une chirurgie bariatrique) ;
  • l’âge.

On voit ainsi qu’il existe des facteurs sur lesquels on peut agir, en se faisant aider pour arrêter de fumer, en surveillant son poids, en contrôlant étroitement son diabète, tout cela avec l’aide de professionnels de santé qualifiés (gynécologue-obstétricien, sage-femme, addictologue ou tabacologue, diététicien, diabétologue…).

De manière générale, l’adoption d’une alimentation saine et équilibrée (proche du régime méditerranéen) et d’un mode de vie sain, le moins sédentaire possible, est fortement conseillée en vue et lors d’une grossesse, pour diminuer le risque de plusieurs maladies et complications de la grossesse.

Quels moyens de prévention pour une nouvelle grossesse ?

Pour connaître la ou les causes de la survenue d’un RCIU, et confirmer ou non qu’il est dû à une insuffisance placentaire, l’examen anatomopathologique du placenta est conseillé. S’il n’est possible qu’après l’accouchement, cet examen sera bénéfique pour les éventuelles futures grossesses. Il permettra à la fois de mieux identifier ce qui s’est passé au cours de la grossesse, et d’aider à prévenir des récidives pour les grossesses ultérieures.

« Pour la grossesse d’après, on peut notamment prescrire de l’aspirine à faible dose, qui va diminuer le risque que l’insuffisance placentaire ne survienne de nouveau », nous indique le Pr Deruelle. Pour autant, l’aspirine n’est pas recommandée pour toutes les femmes enceintes.

La survenue d’un RCIU lors d’une précédente grossesse engendre par ailleurs un suivi de grossesse plus rapproché, avec davantage d’échographies.

OSZAR »