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Enceinte, quels sont les fruits que je peux manger ?

fruit enceinte © Getty images/Prostock-Studio

Publié le par Violaine Badie

En collaboration avec Charles Brumauld (diététicien-nutritionniste)

Quantité de sucre, prévention des intoxications alimentaires, bienfaits nutritionnels… Tout ce que vous devez savoir sur la consommation de fruits durant la grossesse, avec l’expertise de Charles Brumauld, diététicien-nutritionniste.

Une alimentation équilibrée comprend des apports réguliers en fruits en tout genre. Pendant toute la période de la grossesse aussi ! Ils sont nécessaires pour la santé de la future maman et pour le bon développement du bébé. S’il vous faut faire attention au risque de toxoplasmose ou si vous devez surveiller vos apports en glucides, certaines recommandations prévalent.

Prévention de la toxoplasmose : comment manger des fruits pendant la grossesse ?

Manger des fruits durant ces neuf mois est non seulement autorisé, mais fortement recommandé. Au sein d’une alimentation équilibrée et diversifiée, ils occupent une place de choix. « Le plus important, concernant la consommation de fruits pendant la grossesse, c’est qu’ils soient correctement lavés à l’eau pour éviter le risque de transmission de la toxoplasmose », souligne Charles Brumauld, diététicien-nutritionniste, auteur du livre “Le Service après-vente de l’alimentation” (First Éditions) et du compte Instagram @charlesbrumauld. « En effet, les fruits peuvent être contaminés par des parasites comme Toxoplasma gondii, l’agent responsable de la toxoplasmose. Cette contamination peut survenir à divers stades, depuis la culture - par le sol, l’eau, les engrais - jusqu’à la manipulation et le stockage. Le lavage minutieux des fruits et des légumes réduit le risque d’ingestion du parasite. »

La toxoplasmose fait partie des maladies transmissibles au fœtus puisque le parasite peut traverser la barrière placentaire. Les femmes enceintes l’ayant déjà contractée sont immunisées. Pour les autres, la prudence s’impose. L’Assurance maladie rappelle que « 80 % des toxoplasmoses lors de la grossesse n’entraînent aucun symptôme chez la femme enceinte et le diagnostic est posé lors du dépistage sérologique ». D’où la surveillance mensuelle par prise de sang pour les femmes enceintes non immunisées. En revanche, la toxoplasmose congénitale, contractée par l’enfant à naître, peut avoir des conséquences graves comme un déficit visuel, des séquelles neurologiques avec anomalies de développement du cerveau, retard psychomoteur, voire un accouchement prématuré ou une mort in utero.

D’autres contaminations sont à surveiller pendant une grossesse, notamment la listériose provoquée par la bactérie Listeria monocytogenes. Ici, pas d’immunisation possible. Les fruits ne sont pas directement concernés, hormis s’ils entrent en contact direct avec un aliment contaminé. « La vigilance se situe plutôt au niveau des fromages au lait cru, des viandes peu ou mal cuites ou des aliments servis à la coupe », indique Charles Brumauld.

Comment bien laver les fruits ?

Les tutoriels sur ce sujet abondent sur Internet, faisant appel aux pouvoirs du vinaigre blanc, du bicarbonate de soude… Pas besoin d’aller jusque-là, assure le diététicien-nutritionniste : « L’eau peut suffire. Vous pouvez vous laver les mains au savon, puis rincez les fruits sous l’eau courante propre, même si vous prévoyez de les peler. Pour les fruits à peau ferme, comme les pommes, utilisez une brosse propre pour frotter la surface sous l’eau courante. Pour les fruits plus délicats comme les baies, vous pouvez les tremper doucement dans un bol d’eau froide, les agiter doucement, puis les rincer sous le jet du robinet. »

Et concernant leur stockage ? « Séchez-les avec un essuie-tout ou un linge propre et conservez les fruits lavés séparément des fruits non lavés et des autres aliments crus comme la viande. » Autre point crucial pour éviter les contaminations croisées (transfert de germes d’un aliment à un autre) : « N’oubliez pas d’utiliser des couteaux et des planches à découper propres. » Pour vous donner un exemple, on ne découpe jamais des fruits ou des légumes sur une planche qui a déjà servi pour de la viande crue !

Comment limiter l’exposition aux pesticides ?

« Il n’existe pas, à ma connaissance, de recommandation spécifique concernant le recours à l’agriculture biologique de manière préférentielle ou systématique pendant la grossesse, poursuit l’expert. Comme c’est une période de plus forte vulnérabilité, j’aurais tout de même tendance à recommander une alimentation la plus brute possible, variée et équilibrée, locale et avec des modes de culture respectueux de la nature. » Se tourner vers l’agriculture biologique est un pas en ce sens, tout comme la permaculture ou encore d’autres labels au cahier des charges plus poussés (comme Demeter-agriculture biodynamique, qui ne tolère absolument aucun pesticide).

Les études démontrent que les pesticides se concentrent davantage dans la peau des fruits. N’hésitez pas à les peler avant consommation pour réduire votre exposition à d’éventuels résidus chimiques.

Existe-t-il des fruits à éviter pendant une grossesse ?

A priori, aucun. Du moins, il n’existe pas de contre-indication à manger tel ou tel fruit si vous êtes enceinte. Hormis, bien entendu, si vous y êtes allergique. Mais c’est une question de bon sens !

Certaines publications mentionnent toutefois des interactions médicamenteuses possibles avec le pamplemousse. Ce point est à prendre en compte si vous suivez un traitement médicamenteux, quel qu’il soit, pendant votre grossesse. « Le pamplemousse contient des composés, principalement des furanocoumarines, qui peuvent inhiber une enzyme dans l’intestin, laquelle joue un rôle clé dans la dégradation de nombreux médicaments. Lorsque l’activité de cette enzyme est inhibée, la concentration de certains médicaments dans le sang peut augmenter, ce qui peut entraîner des effets secondaires ou une toxicité accrue », développe le spécialiste. Concrètement, que faut-il faire ? « Bien que seuls quelques rapports impliquant de graves conséquences cliniques aient été publiés, ils suggèrent que le jus de pamplemousse devrait être évité pendant la prise de médicaments. » Si vous êtes dans ce cas, demandez toujours l’avis d’un professionnel de la santé, comme votre médecin traitant.

Kiwis, clémentines, fraises, figues… Quels fruits sont bons pour la grossesse ?

Ils regorgent de vitamines, minéraux et fibres. Ces dernières favorisent un bon transit intestinal, peuvent prévenir les petits soucis de constipation, fréquents pendant la grossesse, et contribuent à la santé du microbiote intestinal. Rappelons qu’une flore intestinale maternelle en bonne santé est le gage d’une meilleure santé aussi pour l’enfant.

Les teneurs en vitamines et minéraux diffèrent d’un fruit à l’autre. Tous les nutriments sont importants, d’où la nécessité de varier les produits que vous consommez. Pour la femme enceinte, certains micronutriments revêtent un intérêt majeur. « C’est le cas des folates, aussi appelés acide folique ou vitamine B9 », reprend Charles Brumauld. Ils jouent un rôle dans le bon développement neurologique du fœtus. Dès la période de préconception et pendant toute la durée de votre grossesse, tournez-vous vers les fraises, les prunes ou encore les figues de Barbarie, très riches en vitamine B9.

« Durant une grossesse, les besoins en vitamine C sont aussi accrus », poursuit le diététicien. On en trouve dans les clémentines, les oranges, le citron, le kiwi… Sachez également que la vitamine C contribue à une bonne assimilation du fer. Si vous prenez des compléments de fer ou bien tout simplement pour optimiser son absorption alimentaire, pensez à inclure suffisamment de fruits et légumes à forte teneur en vitamine C dans vos menus.

Fruits et diabète gestationnel : quels aliments privilégier ou éviter ?

« Dans la prévention du diabète gestationnel, il y a d’autres aliments à surveiller plutôt que les fruits », informe notre expert. Il mentionne notamment « les sucres ajoutés dans les sodas, les biscuits et les gâteaux, lorsqu’ils sont consommés en quantité trop importante ».

Les fruits, s’ils contiennent effectivement une quantité non négligeable de sucre sous la forme de fructose, présentent en même temps une teneur élevée en fibres qui aident à contrôler le taux de sucre dans le sang. En effet, consommer des fibres en même temps que du sucre permet de réduire considérablement le pic de glycémie après le repas.

Un autre conseil pour réduire le risque de diabète gestationnel : « On peut fractionner ses prises alimentaires en cinq à six fois par jour, associer le plus souvent possible des aliments riches en fibres mais aussi en protéines et adopter un mode de vie actif. »

Pour information, si vous recherchez les fruits qui vous apporteront le moins de sucre par portion, vous pouvez opter pour des fraises, des framboises, des groseilles, des mûres, des abricots, des mandarines… Tous les autres ne sont pas pour autant à bannir, loin de là !

Combien de portions de fruits par jour sont recommandées pour les femmes enceintes ?

Les recommandations nutritionnelles sont les mêmes que pour l’adulte « bien portant », répond Charles Brumauld, soit environ deux portions de fruits par jour. « L’important, c’est surtout de manger des fruits qu’on apprécie. »

À titre d’exemple, vous pouvez varier dans la journée avec un fruit frais (une pomme au goûter, une banane au petit-déjeuner, une tranche de pastèque ou de melon en entrée…) et une compote en dessert.

Jus de fruits, compotes, surgelés, en conserve, pâtes de fruit… Au-delà des fruits frais, quelles autres formes peut-on consommer enceinte ?

« Les compotes sont plus digestes que les fruits complets, mais on observe une perte en vitamines, très sensibles à la chaleur et donc partiellement détruites à la cuisson », précise l’expert en nutrition, qui les considère toutefois « intéressantes avant une séance de sport » pour fournir un peu d’énergie sans alourdir l’estomac.

Concernant les conserves de fruits au sirop ou encore les jus de fruit ? « Ils sont souvent assez sucrés donc à consommer seulement de temps en temps, au sein d’un repas varié et équilibré. »

Les fruits vendus au rayon surgelé constituent une bonne alternative si vous ne pouvez pas vous approvisionner en fruits frais. Les vitamines et minéraux sont parfaitement conservés lors d’un processus de surgélation. Un petit mix de fruits surgelés, directement sorti du congélateur pour finir dans le blender… Vous voilà avec un smoothie facile et super vitaminé !

Enfin, mauvaise nouvelle pour les gourmands : les pâtes de fruit entrent dans la catégorie des bonbons et ne comptent absolument pas dans vos portions de fruits quotidiennes.

Quels fruits secs et fruits à coque une femme enceinte peut-elle manger ?

Parmi les fruits à coque, on peut citer les amandes, noix, noisettes, noix de cajou, noix du Brésil « Ils sont riches en fibres, en protéines d’origine végétale et en matière grasses intéressantes pour la santé, notamment cardiaque, et la satiété », analyse le diététicien Charles Brumauld. Pas vraiment de risque d’intoxication alimentaire avec les fruits à coque, hormis, comme toujours, s’ils entrent en contact avec d’autres aliments porteurs de germes. Le seul danger pour la femme enceinte pourrait éventuellement être le risque allergique, puisque « ce sont des allergènes courants ». Mais les personnes concernées sont généralement déjà informées.

Qu’en est-il des fruits secs ? Comme les abricots secs, les figues sèches, les pruneaux« Ce sont des en-cas pratiques pour les déplacements », reconnaît notre expert. « Ils constituent une bonne source d’énergie, de fibres et de minéraux comme le potassium, le magnésium et le fer. » Pour un snack plus complet, associez-les à quelques fruits à coque ou à un yaourt. Rappelez-vous aussi que les fruits séchés sont plus riches en sucre que les fruits entiers. La modération reste de mise. On les conserve toujours dans un endroit frais et sec, à l’abri de la lumière directe et de l’humidité pour prévenir la croissance de moisissures.

Une dernière recommandation de Charles Brumauld : « Certains fruits secs sont traités avec des sulfites pour préserver leur couleur. Les personnes qui y sont sensibles doivent lire attentivement les étiquettes et choisir des fruits secs sans sulfites. »

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