L'experte : Dr Joëlle Robion, gynécologue médicale et membre du SYNGOF.
Passée la quarantaine, nous sommes nombreuses à guetter les premiers symptômes de l'arrivée de la ménopause. Si l'âge moyen de l'arrêt total des règles, marqué par la ménopause, se situe à 50 ans, la plupart des premiers signes annonciateurs de la ménopause se manifestent généralement dans les 5 ans qui précèdent ce cap. Et ils ne sont pas aussi difficiles à supporter qu'on l'imagine. De même, n'oublions pas que la préménopause, comme la ménopause, sont des phénomènes naturels qui jalonnent la vie d'une femme, tout comme la puberté.
Quel est l'âge de la ménopause ?
La ménopause, qui marque l'arrêt définitif des règles, survient généralement vers 50 ans. Mais bien sûr, comme nous ne sommes pas toutes constituées de la même façon, elle peut se manifester avant ou après cet âge, dans une fourchette d'âge comprise entre 45 et 55 ans. Les changements hormonaux apparaissent en effet à un moment variable selon les femmes.
La ménopause et ses signes
Le saviez-vous ? Nous venons toutes au monde avec un stock de follicules ovariens limité, entre 1 et 2 millions. Dès la puberté, au fil des cycles menstruels, le stock diminue. Lorsque le seuil de follicules tombe au-dessous de 1000, l'ovulation cesse définitivement. « Cette chute du nombre des follicules entraîne une baisse de la production du taux des hormones œstrogènes et progestérone. Et cela cause des inconforts et des troubles qui permettent d'identifier l'entrée dans la ménopause », explique le Dr Joëlle Robion.
Parmi les signes et symptômes de la ménopause :
- Bouffées de chaleur
- Sueurs nocturnes
- Troubles de l'humeur et dépression
- Sécheresse vaginale et troubles de la libido
- Faiblesse urinaire
- Prise de poids
-Troubles du sommeil
Ces troubles de la ménopause peuvent être soulagés par l'apport d'un traitement local ou hormonal et une bonne hygiène de vie ! Il ne faut donc pas hésiter à consulter son médecin pour envisager un traitement.
Comment savoir si on est en période de pré-ménopause ?
La pré-ménopause ou péri-ménopause débute en général 5 ans avant la ménopause. Les premiers changements se reportent généralement sur le cycle menstruel.
Quels sont les effets de la pré-ménopause ?
Comme tous les changements hormonaux, la baisse des hormones en période de péri-ménopause peut engendrer des troubles très variables d'une femme à l'autre. Lorsque ceux-ci apparaissent avant l'âge de 45 ans, on parle de ménopause précoce ou anticipée. « De plus, il faut savoir que si l'on situe généralement le démarrage de la péri-ménopause à 5 ans avant la ménopause, cette période peut s'étaler sur 2 à 10 ans», note le Dr Robion. Parmi les effets que l'on observe généralement lors de la pré-ménopause :
- des cycles menstruels plus longs ou plus courts
- des règles plus abondantes
- des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes
- des troubles de l'humeur et bien sûr, une baisse de la fertilité.
Comment sont les règles pendant la préménopause ?
« On pense souvent que l'arrivée de la ménopause crée une diminution du flux sanguin et un grand espacement des cycles menstruels. Or, c'est souvent le contraire qui indique l'entrée dans la période de péri-ménopause », explique le Dr Robion.
Durée des règles pendant la préménopause
En résulte un raccourcissement du cycle menstruel – toutes les 3 semaines environ – avec des règles plus abondantes et plus longues. « Et celles-ci s'annoncent avec plus de véhémence : on est plus irritable, avec des douleurs aux seins plus intenses, des crampes abdominales. Des règles plus fortes donc, qui sont aussi causées par le vieillissement de l'utérus », ajoute la professionnelle de santé.
Y a-t-il un traitement pour soulager les symptômes de la pré-ménopause ?
Lorsque les règles irrégulières créent de l'inconfort, il existe des traitement pour vous soulager. « On vous prescrira généralement de la progestérone sous forme d'un stérilet à la progestérone ou d'une pilule progestative. A savoir que votre gynécologue ne vous orientera pas vers des solutions à base d'oestrogènes car ces hormones ne sont plus tolérées sur le plan cardiovasculaire. Grâce à la progestérone, les troubles du cycle sont plus supportables et cela peut aussi avoir un effet sur la diminution des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes », recommande le Dr Robion.
À noter : les médecines douces comme la phytothérapie et l'acupuncture peuvent aussi vous aider à soulager les symptômes de la péri-ménopause. Dans tous les cas, la pratique d'une activité physique régulière est recommandée pour mieux vivre cette période.
Est-on toujours fertile en période de péri-ménopause ?
Même si le risque de grossesse spontanée est très bas, on peut encore tomber enceinte en période de péri-ménopause. C'est pourquoi, jusqu'à l'arrêt total des règles, il est nécessaire de prendre ses précautions lors des rapports sexuels.
Pilule et ménopause
« Juste avant la ménopause, le risque de grossesse spontanée est très faible mais il existe ! On doit donc veiller à se protéger avec un stérilet ou une pilule à la progestérone ou encore un préservatif. Attention le stérilet et la pilule, rappelons-le, ne vous protègent pas des maladies sexuellement transmissibles », prévient le Dr Robion.
Une grossesse à la pré-ménopause, quels sont les risques ?
« Une grossesse vers 45 ans est considérée comme étant une grossesse extrêmement à risque d'un point de vue vasculaire et malformatif. Sans oublier les fortes probabilités de : fausse couche, hypertension, bébé à petit poids, diabète et trisomie », souligne la gynécologue. Comme une petite fertilité est préservée durant ces quelques années qui précèdent la ménopause, il est donc important d'évaluer le moyen de contraception le plus adapté à sa situation au cours d'une consultation avec sa sage-femme, son gynécologue ou son médecin traitant.
Pré-ménopause et ménopause : on consulte un gynécologue ?
Rassurez-vous, en ce qui concerne les symptômes, la période de la pré-ménopause et de la ménopause peuvent bien se passer pour une grande proportion de femmes, sans désagréments majeurs. Et si vous avez des symptômes gênants, il existe toute une batterie de moyens médicaux de les soulager. En revanche, on pensera à poursuivre ses consultations gynécologiques avec rigueur pour effectuer les examens nécessaires au cours de cette période sensible. « C'est une période sous haute surveillance pour la surveillance des lésions pré-cancéreuses du col de l'utérus, pour le dépistage du cancer du sein », termine le Dr Robion. L'important est de traverser cette période, qui rappelons-le est un phénomène naturel, avec un maximum de bien-être.