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Le témoignage de Marion : “Notre bébé a remplacé notre vie sexuelle.”

un homme et une femme © Lady Bug

Publié par Jessica Bussaume  |  Mis à jour le

Marion reproche à son compagnon de ne plus la désirer depuis la naissance de leur petite Théa. Jusqu'au jour où sa meilleure amie lui demande si elle éprouve encore du désir…

Je n’arrive pas à me rappeler la dernière fois que nous avons vraiment fait l’amour, Pierre et moi. Je dis « vraiment » parce que depuis la naissance de Théa, nos relations sexuelles ressemblent davantage à une tâche accomplie qu’à un élan. Théa a aujourd’hui 2 ans et nous faisons l’amour beaucoup moins d’une fois par mois. Il a même dû nous arriver d’en laisser passer deux ou trois. Je ne compte plus les jours de peur d’être affolée. Nous nous entendons merveilleusement bien. Complices, je peux me permettre de dire que nous sommes d’excellents parents.

Mais Pierre ne vient plus vers moi et quand je m’approche de lui, il ouvre grand ses bras pour m’accueillir ou il m’embrasse tendrement le front, mais il évite de m’embrasser vraiment. Je ne me suis posé aucune question sur notre intimité tant que j’étais enceinte. Puis j’ai imaginé qu’il nous fallait du temps pour reprendre une activité sexuelle. Mais quand j’ai vu qu’au bout d’un an, aucun de mes efforts pour lui plaire ne changeait la donne, j’ai commencé à paniquer. Mes kilos se sont envolés et j’ai pu remettre la robe que Pierre ne pouvait me voir porter sans me sauter dessus immédiatement… Mais rien ne s’est passé. Cette robe, depuis, est restée dans ma penderie. Je la regarde maintenant avec dédain, nostalgie, et panique.

Je sens que je dois faire quelque chose, sinon Pierre me quittera. Un homme comme lui ne peut pas se contenter de sa paternité. Je n’y crois pas. Nous devons retrouver la sensualité de nos débuts ! J’ai décidé d’entamer, seule, la bataille nécessaire à nos retrouvailles sexuelles. Je n’ose pas en parler à Pierre. Poser des mots sur un sujet aussi complexe et inconstant que le désir m’est impossible. J’ai compris que les siestes de Théa nous servaient, à moi à faire le ménage, et à Pierre, à bricoler dans l’appartement. J’ai admis que les remèdes qu’on applique à tout le monde, comme les week-ends en tête à tête pour préserver une intimité, ne conviennent pas à mon couple. Je dois donc trouver seule le bon remède, et ne sais vraiment pas par quel bout commencer pour que Pierre retrouve de l’élan.

C'est alors qu'Erica, ma meilleure amie, à qui j'ai tout raconté, me demande si de mon côté je ressens de l'élan pour Pierre. Et sa question fait immédiatement tilt. En effet, j’ai remarqué que Pierre ne me regardait plus, mais est-ce que moi, j’éprouve encore du désir pour lui ? La réponse ne se fait pas attendre : c’est non. Je n’ai plus aucun désir pour mon mari. Je fantasme une relation charnelle et complète, mais je pense à autre chose quand nous faisons l’amour. Je commence alors à me dire que les torts sont partagés et que Pierre n’est pas le pépère qui a soudain mis un terme à notre vie sexuelle. Certes, j’ai essayé de relancer la machine en l’aguichant avec des tenues affriolantes, mais mon regard n’est certainement pas celui d’une femme amoureuse… Et si c’était ça qui clochait ?

 

« Les remèdes qu’on applique à tout le monde, comme les week-ends en tête à tête pour préserver une intimité, ne conviennent pas à mon couple. Je dois donc trouver seule le bon remède, et ne sais vraiment pas par quel bout commencer. »

Motivée comme jamais, je suis entièrement prête à me remettre en question. J’étudie à la loupe nos comportements respectifs. J’ai l’impression d’espionner mon propre couple. Généralement, Pierre rentre du bureau avant moi et va chercher Théa chez sa nounou. Quand j’arrive, je me jette sur Théa, et passe un bon moment entre câlins, bain, dîner, chansons… Quand deux heures plus tard, Théa est couchée, je me hâte d’exécuter quelques urgences, écoutant Pierre d’une oreille distraite. Souriante, ouverte, j’accueille ses confidences sur sa journée, tout en cuisinant des purées, en lavant des biberons et en pliant du linge… Il me parle, et je fais complètement autre chose. Disons que je l’écoute à moitié. Cette distraction me saute aux yeux : où est passée ma façon d’antan de lui ouvrir la porte quand il venait chez moi, et de m’asseoir avec lui pour partager ce moment ? A l’époque, est-ce que je passais le balai pendant qu’il me racontait ce qui lui tenait à cœur ? Là, il me parle des vacances et je prépare le sac du lendemain pour la nounou, notant sur ma main que je dois racheter du liniment…

Témoin de mon propre comportement, je relève alors les yeux vers lui, assis au bar de la cuisine, qui prend son temps pour me raconter ce qu’il imagine pour l’été. Lui aussi a des mails à écrire ou des choses à ranger, mais nos projets passent avant. Je ponctue mon discours de « Ah bon », « Super », faisant semblant de l’écouter mais totalement accaparée par autre chose. Je viens d’admettre que depuis que j’ai appris ma grossesse, je n’offre à Pierre aucun moment “vrai”. Je m’assois alors au bar, et je l’écoute. Pour de bon. Pierre me sert un verre de vin et je vois dans son regard que je détiens la clé : pour la première fois depuis trois ans, je parle avec lui en pensant à lui, et pas à autre chose : Théa, sa future école, son cadeau d’anniversaire. En prenant le temps d’être là, tout simplement, je constate que mon homme a moins changé que moi. Je le croyais fuyant, je lui reprochais d’embrasser mon front, mais peut-on embrasser autre chose qu’un front quand le menton, sans cesse baissé sur divers travaux, ne donne pas accès aux lèvres ?

Je le regarde, comme le jour où je l'ai rencontré, et par ce regard, je lui montre qu'il est là, et qu'à présent, j'y suis aussi. J’ai reproché intérieurement à mon mari de ne pas me désirer parce que j’étais mère. Il a suffi que je me rende désirable en l’écoutant, en le considérant vraiment, pour que sa main se pose sur ma cuisse. Immédiatement. Etre mère n’est pas le problème. Etre femme non plus. Mon problème était de sortir la tête du guidon. Et mon mari a eu la délicatesse d’attendre que ça vienne de moi.

Je pense que la nuit peut commencer. Et je suis sûre que je détiens la clé des suivantes. Je me promets désormais d’être vraiment là. Et de profiter de l’instant présent.                  

« Il a suffi que je me rende désirable en l’écoutant, en le considérant vraiment, pour que sa main se pose sur ma cuisse. »

OSZAR »