Nos experts : Émilie Delbays, responsable pédagogique Santé Environnement pour WECF France, elle coordonne et anime le Projet Nesting. Dr Laurent Chevallier, nutritionniste, auteur de "Le livre antitoxique", éd. Le Livre de poche, éd. 2018 et "Le Guide antitoxique de la grossesse", éd. Marabout poche.
On choisit des ustensiles de cuisson safe
On privilégie les poêles et les casseroles en inox qui conduisent très bien la chaleur sans risque, car les interactions avec la nourriture sont quasiment inexistantes. Oui aux ustensiles en céramique, à la seule condition qu’ils soient d’origine française, labellisés NF Environnement et garantis sans cadmium et sans plomb.
Les plats en verre sont toujours une valeur sûre pour cuire ou faire réchauffer la nourriture. Vive le Pyrex et le fer-blanc. En revanche, mieux vaut éviter tous les ustensiles en 100 % aluminium car ce composant peut migrer dans les aliments sous l’effet de la chaleur. De même, prudence avec les ustensiles antiadhésifs, car certains types de revêtements peuvent contenir du PTFE (polytétrafluoroéthylène), qui peut migrer dans les aliments si le fond de la poêle est rayé. « De plus, le PTFE peut émettre des gaz toxiques quand il est chauffé à 250 °C, une température facilement atteinte quand on met une poêle sur feu vif plusieurs minutes », ajoute le Dr Laurent Chevallier, nutritionniste.
Non aux papillotes en papier alu pour cuire poisson, légumes... Oui aux mini-cocottes en porcelaine à feu !
On ne mange que les poissons les moins pollués
Pour limiter l’exposition au mercure et polluants comme les PCB, en profitant des bienfaits nutritionnels des poissons, notamment leur teneur en acides gras essentiels (DHA et EPA), bénéfiques pour le développement du cerveau, du système nerveux et de la rétine, on opte pour du frais ou surgelé et on varie les lieux de pêche. Sauvages ou d’élevage… peu importe, mais pour ceux d’élevage, on privilégie le label AB.
La bonne fréquence : une ou deux fois par semaine, un poisson gras (maquereau, saumon…) et un poisson blanc (colin, merlan…). Prudence, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) recommande pour les enfants de moins de 30 mois (et les femmes enceintes) d’exclure les espèces susceptibles d’être très contaminées (espadon) et d’en limiter d’autres à 60 g par semaine (thon, lotte…). Et surtout, on favorise les petits poissons : sardines, maquereaux… qui sont en bout de chaîne alimentaire et ont donc moins stocké de polluants et autres métaux lourds !
On privilégie des boîtes de conserve… en verre
Côté conserves, on choisit celles en bocaux en verre. On évite les conserves en métal, car si le bisphénol A a été interdit de tous les contenants alimentaires, les boîtes en métal recèlent d’autres substances douteuses comme les vernis, résines époxy, bisphénol S… « Les études manquent pour le moment sur l’impact de ces composés sur la santé et les normes toxicologiques ne sont peut-être pas suffisamment à jour », explique le Dr Chevallier.
Prudence avec les plastiques et certains silicones
Pour stocker des aliments, on peut opter pour des contenants en plastique portant sur leur verso les numéros 1, 2, 4 ou 5. Pour les contenants avec les n° 3, 6 ou 7, on ne connaît pas toujours leur origine, d’où une prudence d’utilisation avec des aliments chauds. Ces plastiques peuvent contenir des perturbateurs hormonaux et des phtalates. La plupart des films étirables ne doivent pas être utilisés avec des aliments chauds, car ils contiennent aussi des phtalates. Les moules en silicone doivent être en silicone 100 % platinium, plus stables à la chaleur. Et là encore, on préfère le verre !
Si le bisphénol A a été supprimé des contenants alimentaires, il est parfois remplacé par son cousin le bisphénol S (ou d’autres phénols), dont les caractéristiques ont été insuffisamment étudiées. Méfiance donc.
On préfère les vêtements de seconde main, ou le coton bio
On profite de la famille, les amis, les voisins, Emmaüs, les dépôts-ventes plutôt que d’acheter du neuf ! Souvent, on conseille aussi d’éviter les vêtements foncés, dont les teintures peuvent contenir des métaux lourds. C’est bien, mais… « des produits chimiques peuvent aussi se cacher dans un body rose buvard ! », explique Émilie Delbays. Pour être sûr qu’aucune substance résiduelle n’entre en contact avec la peau, on opte donc pour le coton bio et certifié label Oëko-tex, un label fiable côté textiles qui limite les risques et se trouve en grande distribution. Mais on veille également à ce que les encres d’impression soient végétales… Le mieux : les vêtements de seconde main, car une partie des substances aura déjà été évacuée lors des lavages !
Ne jamais porter un vêtement neuf sans l'avoir lavé avant et côté chaussures en cuir, on privilégie le tannage végétal.
Jouets : stop aux polluants !
Pour faire plaisir aux kids en toute sécurité, on achète des jouets en plastique sans PVC ni phtalates, en bois massif brut (hêtre, érable…), non vernis, sans peinture ou avec des vernis bio écologiques et des peintures non toxiques résistant à la salive, des poupées, peluches et doudous en coton ou tissu bio. A repérer : les labels de référence comme EU Écolabel, NF environnement, GS, Spiel Gut, Gots. Et on oublie les jouets en aggloméré (qui contiennent souvent du formaldéhyde, classé cancérigène selon le degré d’exposition) et les peluches à longs poils (qui peuvent contenir plus de substances chimiques, notamment anti-feu). Ainsi qu’avant 3 ans, les jouets parfumés, car 90 % de leurs effluves proviennent de muscs chimiques volatils pouvant provoquer des allergies.
On sort les jouets de leur emballage pour évacuer les composés volatils et on les lave avant utilisation. On peut aussi acheter des jouets de seconde main à condition qu’ils soient récents pour respecter les normes de sécurité et de fabrication actuelles.
On achète des meubles d’occasion, ou en bois massif brut
L’idée : éviter les évaporations de substances telles que les COV irritants que dégagent surtout les meubles en aggloméré et contreplaqué. Donc oui aux meubles d’occasion qui n’en dégagent plus ! On peut aussi préférer le bois massif brut (sans vernis). Mais neuf, il dégage lui aussi des COV, mais en moindre quantité. Le mieux : aérer de façon systématique la pièce qui vient d’accueillir le mobilier. Et attendre un peu avant d’y faire dormir bébé !
Caillebotis et bois exotiques peu coûteux ont souvent subi des traitements pour résister à leur long transport…. Toxiques, on les évite ou on les éloigne de bébé à l’âge du quatre pattes et du « tout à la bouche ». Sinon, on les lessive soigneusement !
Choisir un matelas sain
On passe pas loin de huit heures par jour dans notre lit, et bébé près du double ! Alors on en fait un achat primordial.
Si aucune allergie aux acariens ou au latex n’est suspectée, on préfère les matelas en coton bio ou 100 % latex naturel, avec écolabel. Sinon, on cherche un modèle certifié NF Environnement, ou pour un matelas en mousse, moins onéreux, le label Certipur. Il s’agit certes d’un engagement volontaire de l’industriel, mais c’est mieux que rien.
Une bonne peinture murale et on s’y prend à l’avance
Les peintures écologiques c’est bien, mais elles dégagent des COV, les premières semaines surtout, leur propagation s’atténuant au cours des six premiers mois. A savoir aussi : « Il est très difficile de supprimer les effets d’une substance indésirable lorsqu’elle est appliquée », prévient Émilie Delbays. C’est donc dès le départ qu’on choisit un produit satisfaisant. Donc si le mur était peint, on le décape avant d’appliquer la nouvelle peinture.
Une cheminée, oui mais… avec du vrai bois de chauffe ou un poêle à bois
On a tendance à vouloir faire brûler tout ce qu’on a sous la main : cagettes du marché, palettes, cartons, journaux… Mauvaise idée, car ces matériaux sont traités et souvent imprimés avec des encres, donc toxiques ! Alors, soit on consacre un budget pour du bois de chauffe, soit on s’équipe d’une cheminée à insert. Mieux encore, un poêle à bois ou des granulés avec postcombustion.
Et surtout, pas de feu de bois ouvert ni de bougies en cas d’asthmatique à la maison !
Le projet Nesting : pour vivre Safe !
Les Ateliers Nesting de l’ONG WECF France sont des lieux d’échange et d’information pour connaître les gestes simples de la vie courante qui permettent d’éviter au maximum les polluants et produits dangereux pour la santé de la femme enceinte, du nouveau-né et de la famille en général à la maison. Des fiches pratiques (dont l’une “Articles de puériculture”) et mini-guides thématiques à consulter sur www.projetnesting.fr
On opte pour le trio de choc de la fée du logis
Pas de javel, désinfectants parfumés, désodorisants… néfastes pour la qualité de l’air. Et honnêtement, a-t-on réellement besoin de désinfectant biocide à la maison ? Non, on a besoin qu’elle soit propre, mais pas désinfectée, sauf en période particulière d’épidémies (gastro, grippe). On évite les biocides lorsque bébé marche à quatre pattes, qu’il met tout à la bouche, car son immunité risque d’être dégradée. On dispose d’un trio de choc en alternative pour un ménage écolo nickel : le vinaigre blanc (à diluer), le savon noir et le bicarbonate de soude, efficaces de la plaque du four aux vitres du salon ! Sans oublier l’eau et la vapeur, les chiffons microfibres. En plus, on fait des économies.
A savoir: on ne mélange jamais deux produits d'entretien !
Et les plantes dépolluantes “dromadaires” ?
Pourquoi pas, mais attention à ne pas se donner ainsi bonne conscience et lever la garde. Elles ont montré leur capacité à dépolluer dans certaines conditions particulières (labos de la Nasa !), avec une quantité d’air contrôlée. A la maison, on est loin de telles conditions ! Mais ça ne peut pas faire de mal en tout cas !
Le maître-mot de la dépollution de l’air intérieur est : a-é-rer ! pour abaisser la quantité de polluants diffusés.
On consomme des aliments bio
Produits laitiers, œufs, fruits particulièrement susceptibles d’être contaminés par les pesticides, et la plupart des légumes : on passe au bio. « On limite ainsi le risque d’exposition aux pesticides d’environ 80 %, ainsi que le risque d’exposition aux nanoparticules, OGM, résidus d’antibiotiques… », explique le Dr Chevallier. On peut aller plus loin en consommant des céréales (pain, riz…), de la viande et du poisson AB. Bio ou pas, on rince bien les fruits et les légumes, et on épluche les pas bio. On évite les plats préparés, biscuits… y compris bio, car ils contiennent des additifs, même si la liste autorisée est réduite à 48 (contre 350 dans les produits conventionnels) !
On se méfie du plastique noir
Vous savez, la petite part de fromage sur une barquette noire comme du charbon. Eh bien, elle contient du carbone. Le problème, c’est que ce plastique est difficile à recycler, et le carbone risque de se retrouver dans de futurs produits recyclés, pourtant normalement safe. Donc on essaye de ne pas entretenir la filière : on évite d’acheter des barquettes noires à usage unique, et du plastique noir en général (sacs poubelles et sacs à gravats).
Un rideau de douche pas en PVC
Selon un dicton, “Le diable se cache dans les détails” ! Eh oui, le joli rideau de douche à motifs marins en PVC est peut-être bourré de COV, dont les fameux formaldéhydes, mais aussi et surtout des phtalates, additifs… A ne pas sucer ni tripoter par les petits à l’heure du bain ! Là encore, on peut agir facilement en choisissant un rideau d’une autre matière. Il en existe en toutes sortes de textiles, dont certains labellisés Oëko-Tex. Plus radical, installer une fois pour toutes une vitre en verre (qu’on nettoie au vinaigre blanc, bien sûr).
Banco pour les cosméto bio !
Et pour toute la petite famille, choisir des produits cosmétiques bio c’est facile, maintenant ! Du liniment oléo-calcaire (en hyper, en pharmacie ou même à faire soi-même) pour les fesses de bébé, au seau d’argile verte de notre préado, en passant par l’aloe vera (bio) qu’on achète en branche au marché pour tous s’hydrater au quotidien des pieds à la tête… Sans parler des lingettes lavables en fibre de bambou, hyperabsorbantes. On évite les déchets et les ingrédients suspects sans difficulté.
Si on achète des cosmétos conventionnels, on privilégie ceux à liste d’ingrédients courte. Et bien sûr sans parfum potentiellement allergisant.
Le mieux, c’est encore de moins consommer, ou de recycler ce qui existe déjà en matières nobles. C’est un concept à développer… Nos enfants nous diront Merci !
A CONNAITRE : LES TOXIQUES DANS LE COLLIMATEUR
PTFE (polytétra-fluoro-éthylène) : un composant toxique s’il est composé d’acide perfluoro-octanoïque (PFOA) – soupçonné d’être un perturbateur endocrinien – qui pourrait favoriser cancers de la prostate et troubles de la fertilité.
Pesticides : l’exposition à certains pesticides durant l’enfance peut favoriser à l’âge adulte, des problèmes de fertilité, de puberté et de ménopause précoces, de cancers, de maladies métaboliques comme l’obésité ou le diabète, de baisse du QI.
Perturbateurs endocriniens : ces substances perturbent l’équilibre hormonal.
Mercure : un métal lourd toxique pour le cerveau.
Bisphénol A : très employée autrefois dans les contenants alimentaires, cette substance chimique est un perturbateur endocrinien. Mais ses substituts ne sont peut-être pas mieux, un peu plus de recul est nécessaire.
PCB : longtemps utilisés dans l’industrie, les PCB sont des perturbateurs endocriniens et peuvent aussi avoir des effets sur le développement neurologique des jeunes enfants : baisse des capacités d’apprentissage ou visuelles, ou encore des fonctions neuromusculaires.
Aluminium : de plus en plus d’études mettent en avant la dangerosité de l’aluminium, qui pourrait s’accumuler dans le cerveau et favoriser l’apparition de maladies dégénératives (Alzheimer, Parkinson…).
COV (composés organiques volatils) : ils regroupent une multitude de substances sous forme gazeuse très volatile. Ce sont des polluants majeurs, aux effets irritants (comme le formaldéhyde), et certains sont classés cancérogènes.
Phtalates : permettant d’assouplir les plastiques, ils peuvent entraîner cancers, mutations génétiques et anomalies de la reproduction. Mais tous les phtalates ne sont pas à considérer pareil et tout dépend du degré et de la période d’exposition.