Avec le Docteur François Burté, médecin généraliste et membre de la direction médicale de Livi
L’appendice est un diverticule du cæcum, la première partie du côlon, qui se situe généralement au niveau de la fosse iliaque droite. À l’heure actuelle, cet organe n’a plus de rôle particulier au sein de l’organisme. Il s’agit d’un reliquat d’une partie du tube digestif qui a disparu au cours de l’évolution.
L’appendice est constituée d’une muqueuse riche en tissus lymphoïdes qui renferment des germes anaérobies et aérobies peuplant les intestins. Elle mesure environ 7 à 8 centimètres de long et 4 à 8 millimètres de diamètre.
Qu’est-ce qu’une crise d’appendicite ? Quelles sont les causes pouvant la provoquer ?
La crise d’appendicite se caractérise par une inflammation soudaine de l’appendice. « Ce reliquat du tube digestif peut être obstrué par différents phénomènes comme une hyperplasie lymphoïde, autrement dit une infection virale ou bactérienne responsable d’un gonflement des ganglions, qui peut bloquer l’orifice. Son obstruction peut également être causée par des résidus de matières fécales, des corps étrangers, des bouchons muqueux ou des parasites digestifs », indique le Docteur François Burté, médecin généraliste et membre de la direction médicale de Livi, une plateforme de téléconsultation.
À quel âge la crise d’appendicite peut-elle survenir ?
Toutes les populations sont à risque d'être touchées par une crise d'appendicite, mais elle reste rare chez les enfants de moins de trois ans et chez les personnes âgées. L'appendicite survient principalement chez les sujets jeunes de moins de 20 ans et chez les adultes âgés de 20 à 30 ans.
Est-ce possible de développer une appendicite chronique ?
L'appendicite chronique n'existe pas, comme l'explique la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE). « Les douleurs abdominales chroniques, même localisées dans la fosse iliaque droite, ne sont jamais en rapport avec une appendicite. L’appendicite aiguë est une urgence à cause du risque de complications », peut-on lire sur la plateforme de l'organisme.
Où se trouve l’appendice ? À droite ou à gauche ?
Dans une majorité des cas, l’appendice aiguë se localise au niveau de la fosse iliaque droite, au-dessus du pli de l’aine. « En fonction des patients, l’appendice peut cependant se trouver à gauche ou à droite. Il existe de nombreuses variations anatomiques. L’appendice peut donc se loger sous le gros intestin (appendice rétro-cæcale), sous le foie (appendice sous-hépatique), dans le bas-ventre (appendice pelvienne) ou dans l’intestin grêle (appendice mésocœliaque) », note le Docteur François Burté.
Crise d’appendicite : quels sont les premiers symptômes ?
La douleur abdominale est le symptôme principal de la crise d’appendicite. Elle peut débuter au niveau du sternum avant de migrer jusqu’en fosse iliaque droite. Lorsque l’appendice n’est pas située à sa position normale (appendice ectopique), la douleur peut se situer plutôt à gauche, en haut de l'abdomen, ou dans la région pelvienne.
Vomissements, fièvre, diarrhées... les signes de la crise d'appendicite
Lors d'une crise d'appendicite, les douleurs débutent brutalement avant de s’accentuer au cours des premières 24 heures jusqu'à l'apparition d'une contracture de la paroi abdominale. Dans la moitié des cas, elles sont accompagnées de nausées, de vomissements et de diarrhées. On constate également une altération de l’état général qui se traduit par une accélération du pouls, une fièvre modérée, une fatigue importante ainsi qu'une perte d'appétit.
Quand faut-il s'inquiéter pour l’appendicite ?
La crise d’appendicite est une inflammation assez fréquente qui touche, chaque année, une personne sur 10 000 en France. « En cas de douleurs dans la fosse iliaque droite ou de douleurs abdominales suspectes, les parents ne doivent pas hésiter à réaliser une consultation médicale avec leur médecin traitant. Un diagnostic précoce permettra une prise en charge plus rapide », recommande le Docteur François Burté.
Comment savoir si on a l’appendicite ?
Le diagnostic de l’appendicite est parfois difficile à poser, car la présentation peut être multiple en fonction de la position de l’appendice. Il s’agit pourtant d’une urgence chirurgicale fréquente.
La pose du diagnostic de l'appendicite
Auparavant, le diagnostic de l’appendicite reposait uniquement sur un examen clinique. En cas de suspicion d'appendicite, le médecin évaluait les douleurs et la fièvre chez les enfants de plus de trois ans et les adultes à risque d'être touché par l'inflammation. Il procédait également à une palpation du bas de l'abdomen afin de rechercher une éventuelle contracture. « Dans le passé, on s’est rendu compte qu’un quart des appendices étaient en réalité saines après une intervention chirurgicale. Ces symptômes peuvent associés à d’autres causes. Désormais, on réalise une échographie, voire un scanner, afin d’obtenir un diagnostic fiable avant l’opération chirurgicale », souligne le praticien.
En effet, les douleurs abdominales, la fièvre ou encore les signes digestifs peuvent être liées à d'autres pathologies comme :
- une gastro-entérite virale chez l'enfant ou chez l'adulte ;
- une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) telles que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique ;
- une pyélonéphrite aiguë ;
- une lésion des trompes de Fallope.
L’échographie permet de déceler une augmentation du diamètre de l’appendice en cas d'inflammation. Cet examen permet également d’observer la présence d'un abcès ou d'un obstacle qui bouche cet organe. On peut aussi remarquer une infiltration de la graisse périappendiculaire, autrement dit un épaississement du tissu inflammé. Le scanner permet d’identifier les mêmes éléments, mais de manière plus précise.
Dans certains cas, le médecin traitant prescrit également une prise de sang afin de déceler d'éventuels marqueurs inflammatoires comme une augmentation des globules blancs ou une élévation anormale de la protéine C-réactive.
L’appendicectomie : le traitement chirurgicale de l’appendicite
Une fois le diagnostic de l’appendicite confirmé, l’équipe médicale prépara le patient à une appendicectomie. Un rendez-vous avec l'anesthésiste est programmé en urgence.
Deux méthodes sont possibles pour l'ablation de l’appendicite :
- la laparotomie qui est la « technique classique » utilisée pour le retrait de l’appendice. Elle consiste à réaliser une incision au niveau de la fosse iliaque droite et d'enlever l’appendice ;
- la cœlioscopie, moins invasive, qui est désormais privilégiée dans la majorité des cas de crise d’appendicite. Le chirurgien pratique trois petits incisions dans l’abdomen pour y introduire une mini-caméra ainsi que les instruments chirurgicaux nécessaires au retrait de l'appendice.
Les deux interventions chirurgicales sont effectués sous anesthésie générale. L'opération dure environ 15 minutes. L’hospitalisation est généralement de 48 heures.
Depuis plusieurs années, le nombre d'appendicectomie est en baisse, en particulier grâce aux progrès des examens d'imagerie (échographie, scanner) qui permettent de mieux diagnostiquer une inflammation de l'appendice. « Dans les années 80, 300 000 appendicectomies étaient pratiquées en France chaque année et actuellement environ 6 0 000 », précise la SNFGE.
Comme toute chirurgie, l’appendicectomie présente des risques. Dans de très rares cas, une sur-infection avec l'apparition d'un abcès sur le site opératoire, des hématomes ou des complications liées à l’anesthésie peuvent survenir. Cependant, une cœlioscopie associée à une antibiothérapie permet de les limiter.
Appendicectomie : la durée de cicatrisation
Grâce à la cœlioscopie, une technologie non invasive, les séquelles physiques liées à l’appendicectomie sont largement amoindries. De nos jours, il est rare que les enfants présentent une importante cicatrice sur la zone de l'abdomen à la suite de l’ablation de l’appendice.
« Après l’opération chirurgicale, on envoie la pièce opératoire en analyse, ce qui nous permet de rechercher d’autres pathologies pouvant être associées à l’appendicite. C’est notamment le cas de la maladie de Crohn ou de certains cancers. Cependant, ces phénomènes restent rares », explique le Dr François Burté.
Appendicite : combien de temps avant la péritonite ?
La principale complication de l'appendicite est l'abcès appendiculaire. Lorsque l'appendicectomie n'est pas réalisée rapidement, l'appendice peut se suppurer et se rompre. Cet abcès doit être impérativement drainé pour éviter les risques de péritonite, une inflammation du péritoine (une membrane maintenant en place l'ensemble des organes digestifs).
La péritonite n'est pas obligatoirement consécutive à une crise d’appendicite. Mais sans l'opération chirurgicale, il existe de forts risques que l’appendicite évolue en péritonite qui se caractérise par une altération générale de l'état du patient. On distingue alors différents symptômes comme une température corporelle élevée et une grande fatigue.
Un traitement chirurgical doit être réalisé en urgence pour réduire les risques de graves complications qui conduisent parfois au décès du patient. « Cependant, le nombre de décès associés à une péritonite reste très faible, car les soignants sont formés à repérer précocement ces situations d'urgence », rassure le Dr François Burté.