Asseoir son autorité auprès de son enfant est une chose peu aisée lorsqu’on est jeune parent. Entre souplesse et fermeté, tendresse et dureté ; l’équilibre est parfois difficile à trouver. Aux prémisses de l’éducation, on craint ainsi souvent de “dire non” de peur d’être haï par l'enfant. Mais la volonté de se faire respecter par l’enfant prend vite le dessus sur la peur de ne plus être aimé par ce dernier. Les mots et les comportements des parents s’accordent alors pour lui apprendre les règles de vie, les bonnes manières, les valeurs qui leur sont chères ; bref, pour lui donner une bonne éducation.
Cependant, malgré une éducation harmonieuse faite de communication, de règles, de punitions, de sanctions en cas de transgression, il se peut que l’enfant ait toujours des problèmes de comportement, mais seulement avec l’un des deux parents (caprices, hurlements, comportement agressif, crises de colère)… Celui dont l’autorité est bafouée est alors rempli de culpabilité et finit par penser qu’il est un mauvais parent. Quelles sont les raisons qui expliquent cette “différence de traitement” ? Pourquoi mon enfant agit-il moins bien avec moi qu’avec son autre parent ?
L’enfant se comporte mal car vous êtes sa figure d’attachement principale
On s’imagine souvent que quand l’enfant se comporte moins bien avec nous, c’est parce qu’il nous aime moins… Il n’en est rien. Son mauvais comportement n’a parfois aucun lien avec l’amour ou le respect qu’il peut nous porter. Effectivement, les psychologues expliquent que le bambin a un comportement plus difficile avec sa figure d’attachement principale qu’avec sa figure d’attachement secondaire.
Si l’on devait résumer de manière assez grossière, la figure d’attachement principale, c’est l’individu qui passe le plus de temps avec l’enfant et s’occupe le plus de lui durant les premiers mois de sa vie. Vous l’aurez compris, le parent qui a choisi de prendre un congé maternité ou paternité est donc celui qui subit davantage le mauvais comportement de son tout-petit. La raison est toute simple :
"La figure d’attachement primaire est généralement la personne avec laquelle l’enfant se sent le plus à l'aise pour exprimer ses émotions et ses sentiments forts"*, explique Karen Dudley, spécialiste du développement de l'enfant à nos homologues de Parents.com.
Plus il vous fait de crises de larmes et/ou de colères inexpliquées, plus il se sent en sécurité. C’est d’ailleurs pour cela que pendant longtemps, les mamans souffraient davantage du “comportement indésirable” et des problèmes comportementaux de leur marmot : comme l’explique le Dr Raffa, “les mères sont généralement la personne principale qui s'occupe de l'enfant et donc sa figure d'attachement principale.”**
Il est à un âge où il découvre et teste les relations sociales : il défie donc l’autorité parentale
En lien avec le point précédent, il se peut que votre enfant se comporte mal avec vous parce qu’il est à un jeune âge où il découvre tout juste les relations sociales : il est dans une phase où il expérimente les interactions, acquiert des compétences interpersonnelles et teste les limites des autres. Or, le premier lien social qu’il partage avec autrui, c’est la relation parent-enfant : il va donc majoritairement tester les limites du parent qui fait office de figure d’attachement principale et défier son autorité parentale. Il le poussera à bout pour voir jusqu’où il peut aller, ce qu’il peut gratter… Bonjour la phase d’opposition du Terrible Two (ou celle des Hateful Eight).
"La meilleure façon de trouver les limites est de les tester"*, avance la psychothérapeute Alyson Schafer à nos confrères de Parents.com. “Ainsi, si vous êtes le parent qui est le plus avec votre enfant, vous finirez probablement par ressentir la résistance de votre tout-petit plus fréquemment (et parfois plus intensément).”*
Son cerveau est en plein développement
Le cerveau de l’enfant se développe rapidement. En ce sens, les spécialistes de l’enfance expliquent que le changement de comportement de l’enfant peut être dû aux évolutions cérébrales et cognitives qu’il expérimente : "La mémoire du tout-petit s'améliore, il se souviendra donc plus souvent de ce qu'il veut"* et sera plus enclin à le réclamer, à faire des mains et des pieds pour l’obtenir - quitte à ne pas vous obéir. Et puisque vous passez plus de temps avec lui que votre partenaire, c’est vous qui subissez de plein fouet ce comportement perturbateur.
Cela peut être lié aux pratiques parentales du parent visé
"Le [mauvais] comportement d'un enfant est généralement directement lié au style parental, aux stratégies disciplinaires et aux pratiques éducatives qui ne fonctionnent pas pour la famille. Il existe cependant quelques exceptions à cette corrélation, dans les cas de troubles du comportement ou troubles psychologiques plus graves."
Ainsi, nul besoin de remettre en question vos habiletés parentales si l’enfant se comporte mal avec vous et pas avec les autres : il suffit de corriger certaines de vos pratiques parentales. Peut-être qu’à certains moments, vos injonctions n’ont pas coïncidé avec vos actions, que vous n’avez pas appliqué de punition lorsque l’enfant a commis une bêtise, etc. C’est le moment de faire place à l’introspection.