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Tout savoir sur les enfants à haut potentiel (EHP), ou enfants HPI

enfant surdoué © Istock

Publié par Antoine Blanchet  |  Mis à jour le par Frédérique Payen

En collaboration avec Monique de Kermadec (psychologue clinicienne, auteure de « L’adulte surdoué à la conquête du bonheur »)

On les nomme enfants précoces, surdoués, enfants à haut potentiel intellectuel (HPI), “zèbres”, ou encore EIP pour enfant intellectuellement précoce… De nombreux termes qui désignent des enfants capables de performances intellectuelles hors du commun. Comment les repérer ? Comment les accompagner dans leur développement ? Nos réponses.

 

Il est curieux, pose plein de questions et est très sensible ? Votre enfant possède peut-être un Haut Potentiel Intellectuel (HPI). Cette particularité touche environ 2 % de la population française. Comment savoir si un enfant est surdoué ? Quels signes, et comment pose-t-on le diagnostic ? Si c’est le cas, comment accompagner au mieux votre enfant intellectuellement précoce (EIP) pour qu’il puisse pleinement s’épanouir ? On fait le point sur la douance, avec Monique de Kermadec, psychologue clinicienne, spécialiste des enfants et adultes surdoués depuis plus de vingt ans, et auteure de nombreux ouvrages sur le sujet tels que : « Le petit surdoué de 6 mois à 6 ans » et « L’enfant précoce aujourd’hui. Le préparer au monde de demain ».

Définition et caractéristiques : qu’est-ce que le haut potentiel intellectuel, ou HPI ?

Tout d’abord, qu’est-ce concrètement qu’un Haut Potentiel Intellectuel ? Il s’agit en fait d’une caractéristique du Quotient intellectuel (QI) chez une partie de la population. Les personnes HPI ont un QI qui se situe entre 130 et 160 (donc largement au-dessus de la moyenne, autour de 100 environ). Ce profil d’enfant et d’adulte possède des particularités propres au Haut Potentiel, que nous partage Monique de Kermadec : « Les enfants surdoués possèdent une grande curiosité naturelle. Ils ont aussi une excellente mémoire, et souvent une hypersensibilité ». Les enfants surdoués, aussi appelés “zèbres”, sont souvent dotés d’une pensée en arborescence, qui leur confère une forte créativité et leur permet une certaine rapidité dans la résolution de problèmes.

Signes : comment détecter et reconnaître un bébé ou un enfant surdoué ?

Les signes de la précocité peuvent être détectés par les parents, même si un test de QI auprès d’un psychologue s’avère nécessaire pour déterminer la douance d’un enfant. Cependant, même chez les bébés, certains traits de caractère peuvent éveiller les soupçons des parents, comme l’explique Monique de Kermadec : « Chez les bébés, c’est le regard qui peut révéler un Haut Potentiel Intellectuel. Les bébés surdoués vont avoir l’œil vif et plein de curiosité. Lorsqu’ils sont plus âgés, c’est par le mot et le langage que l’on peut détecter un Haut Potentiel. Les enfants surdoués possèdent souvent un langage plus riche que ceux de leur âge. Ils frappent par le contact verbal. Ils sont aussi dotés d’une grande sensibilité et expriment très fortement leurs émotions. Ils peuvent être plus sensibles aux sons, aux odeurs ou aux couleurs par exemple. Les enfants précoces vont aussi poser un grand nombre de questions à leur entourage. Ce sont d’ailleurs souvent des questions existentielles sur le monde, sur la mort ou sur l’univers par exemple. Il peut aussi y avoir une contestation de l’autorité liée au développement rapide de l’esprit critique. A l’école, ce sont des élèves qui peuvent développer une forme d’ennui, car leur rythme d’apprentissage est plus rapide que celui des autres. »

Les signes du haut-potentiel intellectuel

- une hypersensibilité (sensorielle et émotive)

- une grande curiosité en posant beaucoup de questions

- Une compréhension très rapide

- Un grand perfectionnisme dans l'exécution des tâches

 

 

Quels sont les tests pour mesurer un Haut Potentiel ?

Au fil du temps, les parents vont peu à peu se poser des questions sur une potentielle douance de leur enfant. Ils peuvent alors décider d’en le cœur net, en réalisant un test de QI : « Entre les deux ans et les six ans de l’enfant, on fait passer le test de QI WPPSI-IV. Pour les enfants plus âgés, il s’agit du WISC-V », résume Monique de Kermadec. Les tests de QI sont des tests de logique. Il est important de savoir aussi que cette visite chez le psychologue n’est pas juste destinée à obtenir un “score”, comme le souligne Monique de Kermadec : « Le bilan psychologique va permettre de déterminer des choses précises, comme l’anxiété probable de l’enfant précoce, ou son rapport avec les autres. Le bilan va aussi déterminer les faiblesses de l’enfant surdoué, car celui-ci n’est évidemment pas fort partout et possède ses propres limites.

Les tests de QI, lequel, à quel âge ?

WPSSI-IV

Le WPSSI-IV est un test pour les jeunes enfants, avant 6 ans. Il dure en moyenne un peu plus d'une heure. Se basant sur des exercices de logique, ce test se base sur plusieurs axes : échelle de compréhension verbale, échelle visuo-spatiale, échelle de raisonnement fluide, échelle de mémoire de travail et échelle de vitesse de traitement.

WISC-V

Le WISC V se fait pour les enfants entre 6 ans et 16 ans. Il se base sur les mêmes échelles que le WPSSI-IV avec des exercices de logique adaptés à l'âge de l'enfant.

Dois-je dire à mon enfant qu'il va passer un test de QI ?

Comment présenter cette visite chez le psychologue à son enfant ? « Il ne faut pas dire à l'enfant que vous allez chez le psychologue pour savoir s'il est plus intelligent que les autres, mais plutôt qu'on va le voir pour obtenir des conseils », explique Monique de Kermadec.

 

Comment gérer un enfant intellectuellement précoce, ou EIP ?

Les résultats tombent, et ils disent que votre enfant est surdoué. Comment réagir ? « Votre enfant est le même qu’avant la consultation. Il faut juste prendre en compte les traits de personnalité que cela implique. Par exemple s’il est très sensible, vous comprendrez qu’il s’énerve peut-être pour des raisons sensorielles. Essayez de le comprendre au maximum, mais surtout ne vous dites pas que vous n’y arriverez pas car ses besoins sont particuliers. Et soyez des parents confiants : un enfant précoce est plein de créativité, et a beaucoup de centres d’intérêt. Via internet, l’école ou les professeurs, il pourra assouvir sa curiosité. Pour ce qui est du plan affectif et de l’apprentissage de la vie, il n’y a que vous, parents, qui êtes indispensables. Les parents sont les alliés fondamentaux de l’enfant précoce. Ce sont eux qui vont l’accompagner pendant des années dans son développement. C’est d’ailleurs aux parents d’aider l’enfant précoce à développer ses autres types d’intelligence, notamment relationnelle. Etre surdoué n’est pas une raison pour être seul socialement. », conseille Monique de Kermadec.

Dois-je dire que mon enfant est précoce ? Faut-il en parler à l’école ?

Peut-être qu’après avoir appris cette nouvelle sur la situation de notre enfant, nous aurons envie de partager cette nouvelle avec notre entourage. Ou encore avec l’équipe enseignante, afin qu’elle puisse prendre en charge notre petit surdoué de manière adéquate. Monique de Kermadec conseille pourtant d’en parler avec parcimonie : « Avant d’en parler, il faut se demander si c’est on souhaite le faire par besoin ou par envie. En parler à nos proches peut se retourner contre l’enfant surdoué, qui va être vu de manière différente, et peut même sentir du rejet. Quant à l’équipe enseignante, je conseille aux parents de ne pas se précipiter tout de suite, en début d’année, pour leur en parler. Il vaut mieux attendre le premier rendez-vous dans l’année scolaire pour le mentionner, si vous estimez que c’est nécessaire pour votre enfant. Enfin dans l’environnement familial, il ne faut surtout pas en parler à ses frères et sœurs, car cela créerait de la compétitivité et de la jalousie inutile. »

A l’école, comment ça se passe pour les surdoués ?

Les situations sont très différentes chez les enfants précoces au cours de leur scolarité. Par leurs formidables particularités, certains d’entre eux sont des élèves qui obtiennent de très bonnes notes, alors que d’autres sont en échec scolaire : « Souvent, on a eu tendance à penser ces dernières années que précocité était synonyme de problèmes, et particulièrement d’échec scolaire. Cela est faux, car beaucoup d’enfants surdoués réussissent très bien leurs études et sont de très bons élèves. Leur créativité, leur mémoire souvent optimale, et leur rapidité de développement sont souvent des atouts importants. On parle souvent d’ailleurs de saut de classe pour un enfant précoce, pour éviter l’ennui scolaire, même si cela n’est pas automatique. Il faut bien voir la personnalité de votre enfant avant la procédure de saut de classe, et éventuellement en parler avec le psychologue. En effet, certains enfants surdoués aiment bien avoir la maîtrise, et faire un saut de classe peut les déboussoler. » N’oublions pas par ailleurs que l’épanouissement de l’enfant, qu’il soit précoce ou non, est la priorité : quitter ses camarades, se retrouver le plus jeune d’une autre classe peuvent aussi le perturber.

Douance chez l’enfant : ne lui mettez pas la pression !

Souvent, on pense en tant que parent qu’avoir un enfant précoce, c’est avoir un futur génie qui changera le monde avec ses nouvelles idées. Une erreur à ne pas commettre, selon la psychologue Monique de Kermadec : « Ne condamnez surtout pas votre enfant à devenir un futur Léonard de Vinci, ou à réaliser vos rêves inaccomplis. Il ne faut pas trop en demander à un enfant, même à haut potentiel. Il est peut-être plus vif que les autres, mais il reste un enfant ! Chacun a son rythme et sa vision des choses. Certains petits « zèbres » sont très brillants à l’école, d’autres moins. Etre surdoué ne garantit pas forcément d’être un futur Polytechnicien ! Vous devez l’aimer pour ce qu’il est, comme il est, et l’aider à développer au mieux ses talents et sa personnalité. » En revanche, si se savoir surdoué l’incite à être un peu prétentieux vis-à-vis de ses camarades, ou s’il ne fournit pas assez d’efforts à l’école, prétextant « qu’il comprend tout », essayez d’avoir une conversation avec lui : il doit comprendre que s’il a des “facilités”, c’est en travaillant qu’il pourra les exploiter convenablement.

OSZAR »