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Quelles sont les alternatives à la punition ?

éducation : des alternatives à la punition © fizkes / Getty Images

Publié le par Dorothée Blancheton

En collaboration avec Marie-Jeanne Trouchaud (formatrice, thérapeute, co-fondatrice de l’association Savoir-Etre et Vivre Ensemble (SEVE) et auteure de « Alors si on ne punit pas, on fait comment ? » paru aux éditions First)

Malgré les punitions données, les bêtises et tensions persistent ? Et si on optait pour des alternatives pour obtenir la coopération de son enfant ? Avec la complicité de Marie-Jeanne Trouchaud, thérapeute, voici quelques pistes pour éviter les punitions sans laisser tout passer.

Éduquer un enfant relève souvent du défi. L’éducation repose à la fois sur des règles qui constituent un cadre sécurisant pour l’enfant et une bienveillance qui lui permet de grandir en confiance et en se sentant aimé. Cette ligne de conduite idéale n’est pas toujours facile à tenir. La bonne volonté des parents est parfois mise à mal quand l’enfant n’écoute pas, s’oppose, se dispute avec les autres, transgresse les interdits... Et la réaction immédiate est souvent la punition.

Education : en quoi la punition peut-elle être contre-productive ?

Après une bêtise, une bagarre, une crise de colère ou autre, la réponse est souvent la punition. Le résultat peut sembler efficace immédiatement, surtout quand l’enfant est petit. Mais la punition a souvent des effets néfastes à long terme. « Si le parent souhaite que son enfant lui dise la vérité mais qu’il le punit pour sa bêtise avouée, l’enfant voudra cacher la vérité », fait ainsi remarquer Marie-Jeanne Trouchaud, formatrice, thérapeute, co-fondatrice de l’association Savoir-Etre et Vivre Ensemble (SEVE) et auteure de « Alors si on ne punit pas, on fait comment ? » paru aux éditions First.
De plus, la punition perd souvent de son pouvoir si elle est utilisée régulièrement ; elle est alors rehaussée pour conserver son efficacité, peut devenir disproportionnée et créer de la rancœur. « En grandissant, quand il est puni parce qu’il n’a pas agi correctement, l’enfant peut penser qu’il est vraiment « nul » et avoir une mauvaise estime de lui. Mais il peut aussi remettre en question cette autorité qu’il trouve injuste et se révolter », ajoute la thérapeute. Diverses études ont démontré l’impact négatif de la punition qui peut dévaloriser l’enfant, l’effrayer et même affecter le développement de son cerveau. « Comment veut-on faire grandir son enfant si on le rabaisse tout le temps ? », interroge Marie-Jeanne Trouchaud.

Comment punir intelligemment un enfant ? Quelles sont les sanctions positives ? Quelle est la meilleure punition possible pour un enfant ?

Il n’y a pas de punition ou de sanction positive. Mais cela ne doit pas donner lieu au laxisme, à la permissivité et à l’absence de règles. Ne pas punir ne veut pas dire qu’il faut laisser l’enfant tout faire car il doit savoir vivre en société et s’adapter aux règles de vie commune. On peut bien entendu lui expliquer fermement que son action est inadéquate. L’idée est plutôt de chercher une alternative qui lui rappelle les interdits et lui apprenne à agir avec respect envers les autres, lui-même et son environnement.

Comment éviter de punir un enfant de 3 ans ?

À cet âge, l’enfant commence à développer ses compétences langagières. Même si sa compréhension peut être limitée par son développement cognitif, il est généralement capable de comprendre des consignes simples et certaines interdictions. Pour éviter de recourir à la punition, on peut :

Sécuriser l’environnement

L’enfant en bas âge maîtrise mal ses gestes. Sa curiosité naturelle le pousse à découvrir son environnement et à toucher les objets. « L’enfant n’a pas toutes les capacités de réflexion. Il est dans l’immédiateté. Il comprend qu’il n’a pas le droit de toucher mais il veut vérifier qu’il avait bien compris », estime la formatrice. Pour éviter un accident, on sécurise l’espace : on enlève les objets dangereux ou fragiles. On peut l’accompagner dans sa découverte et toucher l’objet ensemble etc.

L’aider à comprendre et à exprimer ses émotions de manière adaptée

Le petit enfant peut être envahi par une tempête émotionnelle qu'il a du mal à contenir ou exprimer. Au lieu de le punir pour un comportement indésirable, on l’aide à les comprendre. « Le cerveau de l’enfant est immature, il ne peut pas envisager les conséquences de ses actes. C’est donc important de lui apprendre à exprimer ses émotions et à trouver une porte de sortie socialement acceptable », explique Marie-Jeanne Trouchaud. S’il s’apprête à frapper son frère ou sa sœur par exemple, on lui prend la main en lui disant que c’est interdit. On l’encourage à verbaliser ses émotions, en utilisant des mots simples : « au lieu de taper, tu peux dire que tu es en colère ». On peut lui suggérer une alternative comme taper un coussin, rouspéter, dire qu’il trouve ça injuste... Pour l'aider à se sentir mieux, on peut ensuite lui dire : « maman et papa comprennent ta colère. Tu as trouvé une bonne solution, en tapant le coussin. Viens faire un câlin ». Le contact physique favorise la production d'hormones du bien-être (comme l'ocytocine et les endorphines), remplit le réservoir d'amour de l'enfant et l'aide à se calmer. 

Rappeler et expliquer les interdits pour une meilleure discipline

« Le non » est important car il structure. On explique à l’enfant ce qui est interdit et on lui répète le moment venu s’il enfreint la règle. On formule les interdictions avec des mots simples et des phrases courtes. S'il est en train de crier, on utilise un élément de surprise comme le chuchotement pour capter son attention. A 3 ans, l’enfant est souvent sensible aux indices non verbaux. On utilise des gestes (en faisant « non » de la tête ou avec le doigt) et des expressions faciales pour renforcer son message. On explique brièvement pourquoi c’est interdit. Par exemple : « Ne touche pas le four, il est chaud, et ça peut te faire mal ». Et si quelque chose est interdit aujourd'hui, le message doit le rester le lendemain également. La cohérence aide les enfants à comprendre les limites et à les intégrer. La répétition des renseignements est souvent longue mais nécessaire.

Proposer des choix

La colère, la frustration peuvent donner lieu à des crises. Pour contourner ces moments délicats, on peut offrir des choix à l’enfant qui a alors un sentiment de contrôle. Par exemple, au lieu de dire « tu dois mettre ton manteau », on peut lui demander : « Tu préfères mettre ton manteau rouge ou ton manteau bleu ? ». On respecte son besoin d’autonomie tout en obtenant sa coopération.

Prioriser le renforcement positif

D’une manière générale, mieux vaut complimenter le comportement souhaité, même si cela paraît naturel et normal du point de vue des parents, au lieu de sanctionner celui qui ne l'est pas. Cela s'appelle le renforcement positif. En félicitant par exemple l'enfant d'un « bravo tu as fait ton lit ! », cela renforce l’estime de soi du petit et encourage ses comportements positifs.

Offrir un temps calme, une alternative au coin

Lorsque l'enfant est agité, plutôt que d'opter pour une punition, on peut lui proposer de passer un moment seul pour faire un temps calme. Certains spécialistes suggèrent qu’il ait lieu dans la chambre. Marie-Jeanne Trouchaud préfère qu’il se déroule dans un coin de la pièce de vie principale pour ne pas exclure l’enfant et ne pas le lui faire vivre comme une contrainte. On peut y mettre des coussins, des livres ou des jouets apaisants pour l'aider à retrouver son équilibre émotionnel. L’enfant sait qu’il peut y trouver refuge quand de fortes émotions l’envahissent et qu’il veut être tranquille. « On lui montre comment y récupérer quand la tension monte en soi. Et si en tant que parent on a envie de crier nous-mêmes, on peut aussi utiliser ce coin de repos », suggère l’experte car l’enfant apprend surtout par imitation.

Réparer sa bêtise

Chacun peut casser un objet sans le faire exprès. « On ne gronderait pas un adulte de casser une assiette par maladresse. Alors pourquoi le faire avec un enfant ? On ramasse ensemble sans le punir mais on lui apprend qu’une action engage une responsabilité de sa part. Bien sûr, avec un tout-petit, on s’assure qu’il ne se blesse pas en réparant », conseille Marie-Jeanne Trouchaud. Cette maladresse devient l’occasion d’apprendre à s’excuser et la réparation est la meilleure façon de pouvoir passer à autre chose.

Comment éduquer un enfant de 10 ans sans le punir ?

Avec un enfant plus âgé, les règles appliquées avec un petit restent généralement valables. Elles peuvent être complétées par d’autres :

Privilégier la communication ouverte

Les préadolescents ont besoin de sentir qu'ils peuvent exprimer leurs opinions. On écoute activement et on encourage les discussions sur les problèmes de comportement plutôt que d'imposer des punitions arbitraires.

Les confronter aux conséquences naturelles

L’enfant, tout comme l’adulte, a parfois besoin de faire sa propre expérience pour comprendre les répercussions de ses choix. S'il oublie de faire ses devoirs, il risque d’être stressé de ne pas être prêt pour le lendemain ou d’avoir une réflexion à l’école. Il fera davantage attention la fois d’après.

Discuter des règles familiales

Rien de tel que d’impliquer les enfants dans l'établissement des règles familiales. On discute ensemble des attentes et des conséquences en cas de non-respect. Cela favorise le sentiment de responsabilité et de compréhension mutuelle. On pose la question : « Comment faire pour que tout le monde, dans la maison, ait le sourire ? »

Le faire réfléchir

S’il déroge à une règle, on lui demande comment il peut faire la prochaine fois pour satisfaire son envie tout en respectant les demandes. On peut l’aider mais ce travail doit être fait par lui pour éviter que ça ne se reproduise.

Éduquer sans punir demande de la patience, de la compréhension et de la créativité. En adaptant ces alternatives bienveillantes à l'âge de l'enfant, on peut encourager un comportement positif, sa confiance en soi tout en renforçant le lien familial.

Un colloque pour en savoir plus

Le 20 janvier 2024 de 9 h à 18 h, à Cannes ou en visioconférence, l’association GEODE organise le colloque des « Rencontres adolescence de Cannes ». Le colloque aura pour thème : « Alors si on ne punit pas, on fait comment ? ». Toute la journée, des débats et conférences sont programmés. Divers spécialistes seront présents aux côtés de Marie-Jeanne Trouchaud : Isabelle Filliozat, Olivier Maurel, Marion Cuerq, Catherine Gueguen, Jean-François Belmonte (alias Papa Positive).

Pour assister au colloque en présentiel à Cannes au théâtre de la licorne cliquez ici et pour participer en visioconférence cliquez là.

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