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À quel âge bébé comprend-il quand on le gronde ?

Quand bébé comprend-t-il quand on le gronde ? © photoguns/GettyImages

Publié le par Joséphine Argence

En collaboration avec Delphine Théaudin (Psychologue clinicienne et gérante associée de l’organisme de formation “La vie de Parents”, à Rennes (35).)

Les règles de vie doivent être comprises et répétées régulièrement pour qu’un jeune enfant les assimile. Les conseils de Delphine Théaudin, psychologue, pour aider les parents lors de cette étape du développement.

Dès son plus jeune âge, un bébé apprend en écoutant et en interagissant avec ses parents. En lui expliquant et en lui répétant régulièrement les règles de vie, un enfant comprend, au fil des mois, ce qu’il a le droit ou non de faire à la maison ou à l’extérieur.

À quel âge un bébé assimile-t-il les consignes ?

Après sa naissance, un bébé entre progressivement dans l’univers et le langage de ses parents. « Plus on interagit avec lui, plus il va comprendre l’environnement qui l’entoure et le langage. Comme un enfant est très connecté avec l’état émotionnel de ses parents, il va associer ses actes aux réponses parentales, et ainsi comprendre petit à petit ce qu’il est possible de faire ou non. C’est la répétition qui va lui permettre d’intégrer les règles. Il n’y a donc pas d’âge précis pour l’apprentissage des règles et des limites. Cette acquisition dure pendant les premières années de vie », indique Delphine Théaudin, Psychologue clinicienne et gérante associée de l’organisme de formation “La vie de Parents” à Rennes (35).

L’assimilation des règles va donc se faire dans le temps et en fonction de différents facteurs dont :

  • les possibilités d’explorations de l’enfant ;
  • les réactions des parents et leur stabilité sur le long terme. Par exemple, si on interdit à un enfant de grimper sur la table, on ne peut pas rien lui dire s’il recommence le lendemain. Il faut maintenir sa position sur ce que le petit a le droit de faire ou pas ;
  • la formulation des réactions parentales. Si on explose de colère face aux agissements de l’enfant, il ne sera pas en capacité de réfléchir à ce qu’il a fait, mais il sera plutôt inquiet par rapport à l’émotion du parent. Lui expliquer calmement, mais fermement est une clé importante même si elle peut être parfois difficile à maintenir dans le quotidien.

Comment aider un enfant à comprendre les limites ?

Renverser son verre, courir sur la route, casser un jouet… Notre premier réflexe peut être d’élever la voix quand un enfant fait une bêtise. Néanmoins, ce dernier ne peut pas comprendre la notion des règles si on lui crie dessus, qu’on lui fait peur ou qu’on active un rapport de force. Son cerveau doit être disponible pour assimiler les règles et les réactions de ses parents.

Au cours des premières années de vie, chaque geste et comportement de l’enfant sont des tentatives de découverte. En tant que parent, il faut donc être vigilant à la manière dont on interprète ses actes. On peut parfois penser, à tort, à de la provocation alors qu’il s’agit en réalité d’une expérimentation. « Imaginons que l’enfant court vers un de ses copains et le fait tomber. On peut penser qu’il voulait lui faire du mal alors que c’était peut-être parce qu’il était très heureux de le retrouver. Ce débordement de joie va alors s’exprimer de cette façon, car il a du mal à canaliser ses émotions », décrit Delphine Théaudin. Dans cette situation, on peut expliquer à l’enfant qu’on a compris qu’il était content de retrouver son ami, mais que ce n’est pas une manière acceptable de l’exprimer.

L’adulte doit être convaincu par les règles qu’il impose à l’enfant pour l’aider à les assimiler. Il faut notamment être aligné entre ses mots et son non verbal. Par exemple, si on explique à un enfant que c’est mal de taper une personne, il faut éviter d’avoir un sourire ou d’utiliser un ton incertain. L’enfant a besoin de comprendre jusqu’où il peut aller et de comprendre des limites claires et précises pour les assimiler progressivement.

Que ce soit chez les grands-parents ou à la crèche, les règles de vie sont souvent différentes du foyer de l’enfant. « Ce dernier comprend assez vite qu’il y a des choses qu’il peut faire à la crèche et pas chez ses parents, et vice-versa. L’important est qu’il y ait une confiance réciproque entre les adultes qui accompagnent l’enfant et des valeurs communes », souligne la psychologue.

Punition chez l’enfant : à partir de quand est-ce pertinent ?

Après une bêtise, les parents peuvent décider de punir leur enfant, afin de lui expliquer que ses actes peuvent avoir des conséquences. Mais, cette action a-t-elle réellement un impact chez les plus jeunes ? « Je n’aime pas utiliser le terme ‘punition’, car cela suppose un rapport de force, ce qui n’aide pas un enfant à comprendre les règles. Je préfère parler de conséquences éducatives », précise Delphine Théaudin. Ces dernières doivent être mesurées, adaptées à l’âge ainsi qu’aux compétences de l’enfant. Elles ne doivent également pas toucher à l’affectif ni être violentes. On évite donc de toucher aux rituels, comme l’histoire ou le câlin du soir, ou de lui retirer son doudou, qui sont des éléments qui le rassurent avant de dormir.

Quelles sont les conditions pour qu’une « conséquence éducative » ait un impact ?

« Un petit doit respecter les règles, car il a compris pourquoi elles existent, et non pas parce qu’il craint les représailles. La répétition et la stabilité sont des clés qui aident à ce qu’elles soient acquises », note la psychologue.

Une sanction a de l’impact si elle est énoncée avec des mots que l’enfant peut comprendre. Elle ne doit pas porter atteinte à son intégrité ou être violente. « On ne la pose pas à la hauteur de notre colère ou notre fatigue d’adulte, mais au regard de ce qu’il s’est passé. Il peut nous arriver de réagir un peu fort. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à l’exprimer à l’enfant et lui expliquer pourquoi notre réaction a débordé. Cette remise en question peut être réparatrice pour lui », préconise la professionnelle de santé.

Si jamais l’enfant commet des actes graves (violence physique ou verbale), il est important de se dire que c’est ce qu’il a fait qui est interdit, et non pas qu’il est « méchant » ou « dangereux ». Ce n’est pas ce qu’est l’enfant qui entraîne des conséquences, mais ce qu’il a commis. Il est important alors de nommer l’interdit et de lui dire que personne n’a le droit de faire ça. « On peut lui expliquer cette notion quand il est disponible pour l’écouter. S’il est en train d’exploser émotionnellement, l’important est avant tout de l’aider à s’apaiser. On peut alors lui dire : ‘Je t’aide à te calmer et on essaye de trouver des solutions ensemble’. Vous pourrez en reparler ensemble quand il sera apaisé. Et ne pas oublier de savoir passer à autre chose lorsque c’est fini. L’enfant doit toujours avoir la chance de repartir avec notre confiance dans ses capacités à grandir », conclut Delphine Théaudin.

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