Si les périodes de pics de croissance peuvent être épuisantes pour les parents, car le bébé réclame constamment à manger la nuit et le jour, il faut se rassurer en se disant que c’est le signe que bébé grandit correctement.
Qu’est-ce qu’un pic de croissance chez le bébé ?
On parle aussi de “jour de pointe” ou de “poussée de croissance”. Il s’agit de jours ou de périodes durant lesquelles le nourrisson va avoir tendance à réclamer davantage à manger, du lait en l’occurrence. Un pic de croissance est ainsi marqué par davantage de tétées ou de biberons, selon si on allaite ou non. Pour une jeune maman allaitante, cette période peut s’avérer assez éprouvante, et donner l’impression que bébé passe son temps au sein.
Notons qu’il faudrait préférer l’expression de “jour de pointe” plutôt que de pic de croissance, dans la mesure où ces besoins intenses se traduisent davantage par le franchissement d’étapes importantes du développement (sourire, position assise, dents, acquisition de la marche…) que par un réel pic de croissance visible sur les courbes de croissance.
Règle des 3-6-9 semaines, 3 mois, 6 mois, 9 mois : quand interviennent les pics de croissance ?
« Que ce soit chez le bébé allaité ou nourrit ou biberon la croissance est la même : Les premiers jours de vie un bébé perd normalement du poids (il élimine ses premières selles et perd normalement de l’eau) il peut se passer 10 à 15 jours avant de récupérer son poids de naissance puis la croissance est très rapide les trois premiers mois (jusqu’à 1 kg par mois) , puis un peu moins rapide ensuite environ 4 kg entre 3 et 12 mois soit un peu moins de 500 gr par mois. Donc, théoriquement le bébé à un pic de croissance ou une croissance accélère les trois premiers mois de vie puis, elle ralentit » précise le Dr Stéphane Romano, pédiatre installé à Boulogne-Billancourt (92).
Vous l’aurez compris, en réalité, il ne s’agit là que d’indicateurs. Il faut garder en tête que tous les bébés sont différents, et qu’il est impossible de prédire précisément quand se produiront les pics de croissance, ou nouvelles poussées.
« Certains bébés dorment beaucoup les dix premiers jours puis se mettent à manger d’un coup ! » ajoute-t-il.
Connaître ces phénomènes et avoir une idée des moments où ils se produisent permet simplement de mieux s’y préparer et de bien les vivre quand ils surviennent.
Notons que des pics de croissance peuvent aussi survenir sans date précise, lors d’un épisode de développement propre au bébé (poussée dentaire, maladie) ou d’un bouleversement familial (déménagement, changement de mode de garde, vacances…).
Comment savoir si mon bébé fait un pic de croissance ?
Bébé est agité, grognon. Il peut beaucoup pleurer, il semble insatiable. Rien ne semble le contenter hormis le fait de manger. En cas d’allaitement, cela donne l’impression que votre enfant passe son temps au sein, à téter.
En conséquence de cette insatiabilité, bébé bouleverse le rythme des tétées, puisqu’il demande constamment le sein ou presque. Il peut aussi être particulièrement “pot de colle”, moins dormir ou changer ses habitudes de sommeil.
Pic de croissance et biberon : une étape moins marquée
Notons que les pics de croissance peuvent être moins marqués en cas d’allaitement artificiel au lait infantile, car il suffit d’augmenter les doses des biberons pour répondre à la demande du bébé. En outre, les boîtes de lait infantile prennent généralement en compte les pics de croissance, en cela qu’ils adaptent progressivement les quantités de lait à donner au bébé.
Quels sont les signes d’une poussée de croissance chez bébé ?
Des tétées plus fréquentes et anarchiques, voilà ce qui attend les jeunes mamans allaitantes lors d’un pic de croissance. L’appétit de bébé a augmenté, et comme il faut du temps aux seins pour s’adapter à la demande, il n’est pas rassasié pendant bien longtemps après une tétée. Résultat, il réclame plus souvent.
Véritable guide pour les futurs parents, le livre « J’ai une question, Docteur… » a été réalisé par Stéphane Romano, pédiatre et père de 4 enfants, en collaboration avec la psychomotricienne Laure de Fleurian. Ils répondent ensemble à toutes les questions des parents, avec des réponses simples et détaillées. Les fiches pratiques facilitent la lecture, et les parents inquiets trouvent rapidement réponse à leurs multiples interrogations. Un livre indispensable !

Que faire lors de ces « jours de pointe » ?
« Avant tout, il n’y a pas de règles, certains bébés vont s’alimenter normalement sans pic de croissance d’autre vont à un moment lors de premiers mois de vie réclamer plus à manger. Dès ces premiers jours ou semaines de vie apprenez à reconnaître les signes de faim : par exemple quand votre bébé se calme en tétant votre doigt cela ne veut pas dire qu’il a faim la succion peut être réconfortante et apaiser votre bébé sans lui donner à manger. Si à un moment votre bébé réclame plus à manger, ce n’est pas un signe que vous avez moins de lait certains moments dans la vie du bébé peuvent s’accompagner de pleurs comme un changement d’environnement ou de routine, il peut réclamer dans ces cas plus souvent à manger » indique le pédiatre.
Côté maman, un pic de croissance chez le bébé peut entraîner des douleurs aux mamelons, puisque ceux-ci sont davantage sollicités. Pour les apaiser, en fin de tétée, on peut étaler une goutte de lait maternel ou un doigt de lanoline sur le mamelon, un geste qui peut aussi s’effectuer en prévention de crevasses.
Allaitement : comment survivre aux tétées groupées ?
La préparation aux jours de pointe
Lors d’un pic de croissance, les tétées se font plus fréquentes, mais aussi souvent plus rapprochées les unes des autres. On parle de tétées groupées, souvent sur une seule période de la journée, par exemple dans la fin d’après-midi ou en soirée.
Dès lors que l’on le sait, on peut s’y préparer. Trois mots d’ordre sont à retenir pour y “survivre” en tant que jeune maman allaitante :
- Organisation :
Pendant un à trois jours, bébé risque d’être comme “pendu” au sein. On met alors en place des petites astuces pour vivre tout cela au mieux, par exemple en demandant de l’aide à son entourage, en achetant des plats tout prêts (une fois n’est pas coutume), en s’aménageant un espace au calme et confortable pour allaiter, dans le canapé ou au lit, avec un coussin d’allaitement…
« N’hésitez pas à tirer le lait si cela ne vous dérange pas et conservez-le. En effet, si à un moment votre bébé réclame plus à manger, vous pourrez lui donner un biberon ou vous faire aider, si c’est trop fatigant pour vous » recommande le pédiatre.
- Patience :
Il faut garder en tête que cette période est transitoire, le temps que l’offre s’adapte à la demande, que la lactation se modifie. Ces pics peuvent s’avérer éprouvants, mais ils sont nécessaires et surtout inévitables. On prend son mal en patience, en profitant de ces moments de câlins et de peau à peau avec bébé.
- Disponibilité :
Pendant ces pics de croissance, bébé a davantage besoin de sa maman. On n’hésite pas à le garder contre soi en portage, en peau-à-peau, en cododo avec un lit adapté et placé à côté du lit parental. De sorte d’être rapidement en mesure de donner le sein, et d’éviter bien des pleurs.
Comment favoriser la production de lait ?
Par ailleurs, il est tout à fait possible de mettre en place des astuces pour avoir plus de lait, pour que la production de lait s’adapte rapidement aux besoins accrus de bébé. En voilà quelques-uns, dans le désordre :
- Mettre bébé au sein à la demande, sans attendre d’avoir essayé tout un tas d’autres choses pour le calmer ;
- Donner les deux seins à chaque tétée si on a l’impression que bébé n’est pas rassasié, afin de stimuler davantage la lactation ;
- Boire beaucoup d’eau (le lait maternel en contient plus de 80 %) ;
- Boire des tisanes d’allaitement et/ou de la bière sans alcool ;
- Éviter tétine et biberon, qui ont l’avantage de répondre au besoin de succion du nourrisson, mais l’inconvénient de ne pas stimuler les glandes mammaires ;
- Avoir recours à l’homéopathie ou aux tisanes pour stimuler sa production de lait (notamment avec Ricinus 5 CH et Alfalfa 6 D).
Attention toutefois, ces conseils sont généraux et ne se substituent pas à ceux d’une conseillère en lactation ou de votre médecin, qui sont plus à même de donner des recommandations au cas par cas.
Quand consulter un professionnel de santé ?
« Si les pleurs sont plus intenses et durent plusieurs jours faites-le examiner pour rechercher une autre cause, si vous êtes fatiguée ou s’il y a des signes associés : fièvre, constipation, par exemple » énumère Stéphane Romano.
Combien de temps dure un pic de croissance ?
On estime que ces périodes transitoires durent entre 24 à 72 heures en moyenne, parfois davantage. Mais là encore, cela varie beaucoup d’un bébé à l’autre, et d’un pic de croissance à l’autre. Le tout est de rester attentive aux signes de faim, et mettre bébé régulièrement au sein, pour que les seins produisent davantage, de façon que l’offre s’adapte rapidement à la demande de bébé.