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Allergie : peut-on donner de la moutarde à bébé ?

Pots de moutarde variée sur une table en bois avec des graines de moutarde dispersées. © Ollo / Getty Images

Publié le par Estelle Hersaint

En collaboration avec Lucie Charpin (Diététicienne nutritionniste)

Si les aliments acides ou piquants peuvent amener des réactions amusantes, certains peuvent aussi déclencher des allergies ! À commencer par la moutarde. Alors, peut-on en donner sans risque à bébé ? Réponse avec Lucie Charpin, nutritionniste.

De Dijon ou maison, la moutarde est un condiment présent dans presque tous les placards. D’ailleurs, chaque Français en consommerait en moyenne 1 kilo par an. Issue de la famille des Brassicaceae, la moutarde est une plante dont on extrait les graines, qu’on moût puis qu’on mélange au verjus (entre autres), pour en faire le troisième condiment préféré de nos cuisines après le sel et le poivre.

Toutefois, la moutarde est aussi « reconnue comme étant un des aliments à fort pouvoir allergène », assure Lucie Charpin, nutritionniste et diététicienne. C’est pourquoi il est nécessaire de faire tester cet aliment à nos enfants, et ce, dès le début de la diversification alimentaire !

Puis-je donner de la moutarde à mon bébé ? Est-il bon de manger de la moutarde dès le début de la diversification ?

N’importe quel aliment peut être allergisant. Toutefois, il en existe certains qui présentent plus de risques que d’autres. En France, on dénombre 14 principaux allergènes responsables de la majorité des allergies : parmi eux, le lait, l’œuf, le gluten, les arachides, le poisson ou encore, la moutarde !

« Le problème de la moutarde n’est pas une question de goût ou de piquant. Son problème, c’est que les graines de moutarde contiennent des protéines allergisantes », explique Lucie Charpin. En effet, plusieurs protéines sont présentes dans la moutarde : les principaux allergènes de la moutarde sont le Sin a 1 (moutarde jaune) et le Bra j 1 (moutarde d’Inde). Il s’agit de la quatrième allergie alimentaire la plus fréquente.

Tableau : la liste des principaux allergènes

Il y a 14 principaux aliments et allergènes majeurs en France : le lait (en cas d’allergie aux protéines de lait de vache, l’allaitement maternel est fortement recommandé), l’œuf, le gluten (l’intolérance au gluten ou une maladie cœliaque toucherait aujourd’hui 2 % de la population), les fruits à coques (amandes, noix de cajou, noisettes etc. À proposer en poudre ou en purée), les arachides, les poissons, les crustacés et mollusques, le céleri, les graines de sésame, le soja, les sulfites, le lupin (peu connu mais très utilisé par les industriels car source de protéines) et bien sûr, la moutarde.

« On introduit désormais les allergènes dans l’alimentation des bébés, idéalement pendant la fenêtre de diversification, entre 4 et 6 mois. La moutarde peut être intégrée dans l’alimentation du tout-petit », décrit la nutritionniste. L’exposition progressive et surtout précoce des allergènes réduirait le risque pour notre bébé de développer une allergie. Pour cette raison, une fois la diversification commencée, il est conseillé d’introduire petit à petit la moutarde dans les petits plats de notre enfant. Il peut ainsi commencer à goûter des aliments potentiellement allergènes comme le gluten, le lait ou le poisson, dès ses 4 - 6 mois.

Quels sont les symptômes d’une allergie à la moutarde ?

« En cas d’allergie, tout le système immunitaire entre en alerte. Les réactions allergiques sont très variées », assure Lucie Charpin. En effet, elles peuvent être multiples : respiratoire (asthme, rhinite, difficulté à respirer, gonflement de la gorge), cutané (urticaire, plaque rouge, enflure, eczéma) ou digestive (diarrhée, vomissement, maux de ventre).

Les premiers symptômes peuvent apparaître rapidement après le repas, entre quelques minutes pour les allergies les plus graves, à quelques heures. « Les symptômes d’une allergie peuvent survenir très rapidement après ingestion mais il faut tout de même garder bébé sous surveillance. Je n’introduirai pas un allergène au repas du soir avant le coucher par exemple », conseille-t-elle. Certaines réactions peuvent aussi être plus discrètes comme une difficulté à digérer ou de petits picotements dans la bouche.

Quelques cas possibles d’allergies croisées

Plus rare, il arrive qu’une allergie à la moutarde entraîne des réactions croisées avec d’autres allergènes de la même famille, notamment avec les pollens d’armoise (principal pollen allergène parmi les herbacées) ou les fruits de la famille des Rosacées (pêches, abricots, amendes, fraises etc.)

Dans tous les cas, si vous observez une réaction chez votre bébé, consulter rapidement votre médecin. En cas de signes sévères, contactez immédiatement les urgences (15).

Introduction des allergènes : à quel âge peut-on donner de la moutarde à bébé ? Quelle quantité intégrer dans son alimentation ? Comment introduire les allergènes chez le bébé ?

On peut faire goûter la moutarde à bébé dès le début de la diversification alimentaire. « Si bébé n’est pas allergique, la moutarde ne lui posera pas de souci, si ce n’est lui piquer légèrement les yeux ou plus largement la sphère ORL », prévient Lucie Charpin.

Faites-lui goûter consciemment et prudemment afin de surveiller une potentielle réaction allergique. « On peut utiliser des graines de moutarde, moins piquante en goût et les introduire dans une vinaigrette, une sauce. Ajouter un peu de crème moutardée dans une purée etc. Il n’est pas nécessaire de proposer une grande quantité de moutarde pour une première ingestion. Une petite quantité, moins d’une cuillère à café suffit », et surtout, distancié d’autres allergènes afin que, si bébé fait une réaction, vous sachiez qui est le responsable.

Une fois le premier test effectué, il est conseillé « de reproposer l’aliment régulièrement au bébé, au moins une à deux fois par mois. » En effet, introduire un aliment potentiellement allergène puis ne plus le consommer serait finalement contre-productif.

Que faire si bébé est allergique ?

La première chose à faire est bien sûr de consulter son médecin et/ou aller aux urgences selon la réaction de notre enfant. La plupart du temps, l’allergie alimentaire s’estompe voire disparaît avec le temps sans qu’on en connaisse la raison.

Actuellement, il n’existe pas de protocole de désensibilisation ou de traitement efficace pour les allergies alimentaires, si ce n’est la prise d’antihistaminiques et/ou de corticoïdes en cas de crise voire d’adrénaline en cas de choc anaphylactique.

La seule solution est d’éliminer strictement le produit de l’alimentation de notre bébé. Adieu donc la moutarde comme tous les produits pouvant en contenir comme les vinaigrettes, certains plats cuisinés, les potages… Et par sécurité, depuis 2011, tous les produits vendus en France ont pour obligation de mentionner la potentielle présence de cet aliment sur les étiquettes.

OSZAR »