Que ce soit pour des raisons médicales ou de convenance, il est possible que votre accouchement soit déclenché de façon artificielle. On provoque alors les contractions de l'utérus, afin d'enclencher le travail. Il existe divers moyens pour ce faire.
Grossesse : comment se passe un déclenchement d'accouchement et pourquoi le provoquer ?
Il est possible de déclencher, à n’importe quel moment, artificiellement, un accouchement. Isabelle Le Ray, gynécologue obstétrique en région parisienne, explique que les raisons pour déclencher un accouchement différent en fonction de l'avancée de la grossesse : « Avant terme, on le propose si laisser la grossesse se poursuivre présente un danger plus grand que l'arrêter, que ce soit pour la maman ou pour son bébé. Alors qu'à terme, s'il n'y a pas de problème maternel ou fœtal, on ne l'envisage qu'en cas de dépassement, soit entre 41 et 42 semaines d’aménorrhée (SA) ».
L'accouchement sera déclenché, notamment :
- si la poche des eaux se rompt avant l’entrée en travail, en raison d'un risque infectieux chez l'enfant
- en cas de diabète gestationnel
- en cas d'hypertension artérielle maternelle
- si un retard de croissance intra-utérin est détecté
- face à une grossesse gémellaire, voire multiple
- et, au cas par cas, face à un gros bébé (macrosomie)
Lorsqu'un déclenchement de l'accouchement est prévu, la future maman doit arriver à la maternité soit la veille au soir, soit très tôt le matin, le jour du déclenchement. Un ou une sage-femme vérifie alors que la consultation avec l'anesthésiste a bien eu lieu et que tous les examens médicaux nécessaires ont été réalisés. Si tout est en règle, on pose un monitoring afin d'écouter le rythme cardiaque de bébé et détecter d'éventuelles contractions utérines.
Lorsque le moment est arrivé, la future maman est conduite en salle de pré-travail où a lieu le toucher vaginal permettant d'estimer l'état du col. En fonction de celui-ci, la méthode de déclenchement sera adaptée.
Durée d'un déclenchement
En fonction de l'ouverture du col de l'utérus, la durée du déclenchement est très variable. Si le col est tonique et fermé, il faudra attendre plusieurs heures que des substances fassent effet avant le début du travail. Si le col est déjà partiellement ouvert, ce sera bien plus rapide.
Comment dilater le col lorsqu'il est trop fermé ?
Si le col de l'utérus est trop fermé, un gel contenant des prostaglandines sera appliqué au niveau du vagin, avant la perfusion en intraveineuse d'ocytocine, ce qui agira sur la maturation cervicale et le muscle utérin.
Accouchement : quels sont les différents types de déclenchement ?
Diverses méthodes permettent de déclencher l'accouchement, que ce soit pour des raisons médicales ou personnelles. « Il est tout à fait possible, pour arranger la maman dans son organisation familiale, ou si elle habite loin de la maternité, de choisir de déclencher l'accouchement, rappelle Isabelle Le Ray. En revanche, il faut impérativement que le terme soit supérieur à 39 SA, que le bébé soit tête en bas et que le col utérin soit déjà bien ouvert et raccourci. De plus, la maman ne doit pas avoir eu de césarienne lors d’une grossesse précédente puisque cela risquerait de fragiliser davantage l’utérus. », explique le Dr Camille Le Ray.
Selon la dilatation du col de l'utérus, du gel de prostaglandines pourra être appliqué, puis soit une perfusion d'ocytocine sera mise en place en intraveineuse, soit un ballonnet sera inséré dans le col de l'utérus.
Ballonnets ou ballons, perfusion d'ocytocine, tampon ou gel de prostaglandines...
Face à un col dit "défavorable", des prostaglandines sont donc appliquées au niveau du vagin, le plus souvent sous forme de gel, parfois par le biais d'un tampon. Après plusieurs heures d'action sur la maturation cervicale et le muscle utérin, les soignants posent une perfusion d'ocytocine en intraveineuse. La dose est modulée au fur et à mesure de l'avancée de la dilatation.
Si le col est favorable, c’est-à-dire ramolli, raccourci et/ou déjà un peu ouvert, la ou le sage-femme rompt directement la poche des eaux pour amorcer les contractions. Dans le cas où la poche des eaux est déjà rompue, on provoque des contractions en posant, là aussi, une perfusion d’ocytocine. Dans cette situation, le décollement des membranes fœtales du col de l'utérus peut être réalisé manuellement, avant que la poche des eaux ne soit percée. Ce geste est souvent douloureux et occasionne de petits saignements, qui sont toutefois tout à fait normaux.
Dernière méthode : le déclenchement par ballonnet. Ici, on insère une sonde en caoutchouc dans le col de l'utérus, qui permet de gonfler un ballonnet avec de l'eau. Celui-ci permet d'ouvrir le col et de décoller les membranes mais sa pression sur le col de l'utérus peut être douloureuse, voire entraîner des saignements. La plupart du temps, le ballonnet tombe de lui-même dès que le col est à 3 cm. Sinon, les soignants le retireront pendant l'accouchement.
Le fait que l'accouchement soit déclenché artificiellement ne change en rien son déroulement, même si la phase de dilatation est souvent plus longue que naturellement.
Quels sont les risques au cours d'un accouchement déclenché ?
« Le risque zéro n’existe pas, mais, en suivant les recommandations, on les évite au maximum », rassure la gynécologue spécialisée en obstétrique. Le principal risque ? Que le déclenchement ne “fonctionne” pas et qu'une césarienne ne soit inévitable – et plus le col est défavorable, plus le risque est important. En effet, les contractions de l'utérus peuvent être excessives ou la dilatation du col peut se bloquer.
Autre inconvénient : un travail anormalement long, ce qui augmente la survenue de saignements, juste après l’accouchement. Enfin, même si cela arrive heureusement très rarement, la rupture utérine est un des principaux risques à déclencher artificiellement un accouchement, d'autant plus si la maman a déjà eu une césarienne.
Douleur : est-ce qu'un déclenchement fait mal ?
Le déclenchement entraîne des contractions qui, au bout d’un certain temps, peuvent devenir douloureuses. Mais rassurons-nous, il existe différentes méthodes pour atténuer la douleur : déambulation, ballon, bain… Et si ça ne suffit pas, on peut demander à recevoir des antalgiques ou à ce qu'une péridurale soit posée.
Notons toutefois que la durée du travail est en moyenne plus longue lorsque l'accouchement a été déclenché artificiellement plutôt que naturellement. De plus, les contractions sont alors moins progressives et sont, d'emblée, beaucoup plus puissantes et donc douloureuses.
Peut-on tout de même avoir une péridurale ?
Il est tout à fait possible d'avoir une péridurale même si notre accouchement est déclenché de façon artificielle. Elle sera généralement posée après la rupture de la poche des eaux.