C’est une tradition encore bien ancrée, notamment à l’école : préparer un petit cadeau pour sa maman et son papa à l’occasion de la Fête des mères, qui a eu lieu le 26 mai dernier, et la Fête des pères, qui tombe le 16 juin cette année. Mais si c’est un joli moment pour la plupart des enfants, cela peut aussi renvoyer à d’autres leur situation familiale un peu particulière. Un parent qui est décédé, un parent absent qui ne donne plus de nouvelle, une famille homoparentale, où il y aurait deux mamans, ou deux papas, ou encore une maman qui a décidé de faire un bébé toute seule… bref, il existe une multitude de situations qui font que la célébration de la Fête des pères ou de la Fête des mères, n’est pas tout à fait appropriée.
Alors on fait quoi ? On laisse l’élève préparer un cadeau pour son papa qui n’est pas là ? On ne fête rien du tout pour ne blesser personne ? A moins que l’on trouve une alternative : la Fête des gens qu’on aime.
Comment expliquer l’absence d’un papa ou d’une maman ?
La Fête des gens qu’on aime est un concept qui a fait son apparition ces dernières années, pour répondre à la demande de certaines familles. L’enfant ne prépare pas spécialement un cadeau pour son papa ou sa maman, mais à une personne qu’il aime, que ça soit son tonton, sa mamie, ou bien entendu sa maman ou son papa. Peu à peu, « la fête des gens qu’on aime » s’est installée dans des collectivités, crèches, écoles, séduites par cette idée de ne mettre aucun enfant à l’écart ou mal à l’aise. Stéphanie Trouillard, journaliste spécialisée en actualité internationale, en a même écrit un livre, à destination des jeunes enfants. Pour aborder le sujet et surtout « combler un vide » ; elle qui est maman de jumeaux âgés de 17 mois nés d’une PMA. « Quand j’ai eu mes jumeaux, je me suis posé beaucoup de questions sur la façon de leur expliquer qu’ils n’ont pas de papa. Et j’ai trouvé très peu de livres sur le sujet » explique-t-elle. Elle a donc utilisé le biais de la Fête des pères pour écrire La fête des gens qu’on aime* et expliquer à ses enfants le pourquoi de l’absence de leur papa. Ce livre raconte son expérience de la PMA, mais se veut plus inclusif encore, afin de montrer qu’il existe plein de manières de « faire famille ».
*La fête des gens qu’on aime, de Stéphanie Trouillard, aux éditions Des Ronds dans l’O.
La fête des gens qu’on aime, une solution alternative pour les collectivités
« La fête des gens qu’on aime, c’est un prétexte pour parler des différentes familles. L’idée n’est pas de retirer quelque chose, une tradition, pour faire plaisir à une minorité, mais plutôt prendre en considération les histoires un peu particulières qui ont été oubliées pendant longtemps. Et puis à l’heure où la PMA est désormais autorisée pour toutes, il y a de plus en plus de maman solo, de familles homoparentales, ou tout simplement de parent célibataire, et à force, ça commence à faire beaucoup de monde. Je pense que ça deviendra un vrai sujet de société dans les années à venir » : assure Stéphanie Trouillard. A ceux qui crieraient à la fin des traditions au nom d’un prétendu « wokisme », la journaliste veut éviter tout malentendu : « Il n’est pas question de supprimer la Fête des mères ou la Fête des pères. A la maison, nous avons célébré la fête des mères et j’étais très contente. Seulement, c’est une fête qui peut rester au sein de la structure familiale. Et dans les collectivités, on peut proposer autre chose pour éviter le malaise. Il faut penser que ces journées, joyeuses pour la plupart, peuvent être source de souffrance pour ceux qui ne sont pas concernés ».
Comment réagir en cas de deuil de l’enfant ?
Fête des gens qu’on aime, fête des parents, ou aucune fête du tout… Selon les cas, les enseignants s’adaptent et cherchent des solutions. Certains estiment que ces fêtes doivent rester dans le cercle familial et préfèrent ne plus rien faire du tout en ce sens. C’est simple et égalitaire, mais un peu triste pour les enfants qui adorent préparer un petit cadeau en cachette pour leur maman et leur papa. D’autres préfèrent couper la poire en deux en proposant : la fête des parents. Les enfants préparent un seul cadeau pour le ou les parents. Mais en cas de deuil, l’affaire peut s’avérer plus délicate. Le mieux est alors que la famille discute directement avec l’enseignant pour envisager une éventuelle alternative. Il arrive aussi que l’enfant prépare quand même un cadeau pour le défunt. Ainsi, malgré le chagrin, on lui montre que l’on pense encore à lui. Dans tous les cas, le dialogue et l’accompagnement feront partie de la solution.