Le quotidien professionnel est en train d’évoluer : essor du télétravail, attrait pour la création d’entreprise (+4% entre 2019 et 2020) ou encore développement des espaces de coworking pour lutter contre l’isolement des entrepreneurs indépendants. Pour autant, l’équilibre vie perso / vie pro reste un challenge pour nombre d’entre nous, notamment lorsque l’on a un ou plusieurs enfants en bas âge : il faut réussir à tout caler dans la journée sans être en retard, sans trop encombrer non plus sa charge mentale… Sans parler du mode de garde à trouver, qui doit être adapté à nos horaires …
C’est de ce constat qu’est née l’idée de Marine Alari, fondatrice de Mother Work Community, d'intégrer une micro-crèche “Les Petits Preneurs” au sein d’un espace de coworking. Ce projet, qu’elle porte depuis deux ans, a été possible grâce au partenariat formé avec un collectif d’agences et d’indépendants qui ont acquis la Villa Maria : l’agence Cosa Vostra, le groupe hôtelier bordelais Victoria Garden et la start-up Kymono.
Nous avons rencontré Marine Alari pour échanger sur cette belle initiative.
Bonjour Marine,
Êtes-vous aujourd’hui une maman entrepreneure épanouie ?
M.A : Tout à fait, je suis la maman d’un petit garçon de 3 ans et enceinte de 7 mois. Professionnellement, j’ai toujours été proche des thématiques autour de la création et la gestion des entreprises puisque j’ai commencé ma carrière dans un cabinet d’audit sur des dossiers de fusion/acquisition, avant de créer le réseau de femmes entrepreneures “Mother Work Community” à mon arrivée à Bordeaux il y a deux ans.

Pourquoi ce passage du statut salariée à celui d’entrepreneure ?
M.A : Dans l’audit, le volume horaire est très important, et j’avais conscience qu’avec la maternité, ce rythme ne serait pas tenable très longtemps. Toutefois, j’ai eu à faire face très tôt, dès mon retour au travail après la naissance de mon petit garçon, à des attentes très fortes de la part de ma hiérarchie, à maintenir le même rythme sans période d’adaptation. C’est pourquoi j’ai pris la décision de continuer mon activité en free-lance. Mais un nouvel obstacle s’est présenté dans ma quête d’équilibre vie perso/pro : je n’ai pas trouvé de place en crèche ni de mode de garde alternatif. En échangeant avec d’autres mamans qui se trouvaient dans la même situation, j’ai eu alors envie de créer un lieu où ces femmes pourraient à la fois travailler sur leurs projets professionnels tout en étant sereines quant à la garde de leur enfant. La crèche Les Petits Preneurs permet aujourd’hui cela, puisqu’elle est à quelques mètres de l’espace de coworking.
Quel est le fonctionnement de la micro-crèche ?
M.A : Située à Bordeaux Caudéran (33200), la crèche peut accueillir jusqu’à 10 enfants de 15 mois à 3 ans en journée, et de 3 à 6 ans en accueil périscolaire les mercredis et pendant les vacances scolaires. Quatre personnes sont employées à plein temps pour s’occuper des jeunes enfants. Les parents peuvent réserver de une à cinq journées par semaine, en toute liberté, pour faciliter l'organisation de leur quotidien.

Quels soutiens avez-vous reçu dans cette aventure entrepreneuriale ?
M.A : Le premier enjeu a été celui de trouver un lieu, puis de réussir à obtenir les agréments auprès des acteurs publics, et enfin de trouver les financements. Pour cela, je n’ai pas hésité à contacter les élus locaux pour avoir leur accord et soutien, mais j’ai également échangé avec des femmes qui ont créé une initiative identique à l’étranger, en Allemagne et en Angleterre notamment. Enfin, intégrer le Réseau Entreprendre Aquitaine dont je suis lauréate cette année, a été pour moi une très belle opportunité d’accompagnement que je recommande à tous les entrepreneurs !
Quels conseils souhaiteriez-vous partager avec les (futurs) parents entrepreneurs ?
M.A : La charge mentale est plus que jamais importante, dans un quotidien effréné et chargé d’autant plus par ce contexte de pandémie. Mon premier mot sera donc déculpabilisant : en tant que parent, on fait avant tout ce que l’on peut et c’est déjà très bien. Ensuite, dans cette quête d’équilibre entre vie personnelle et professionnelle que nous sommes nombreux à mener, je pense qu’il faut éviter de se perdre dans des extrêmes trop importants et de ne pas trop se concentrer sur sa carrière ou à l’inverse sur sa famille et ses enfants, au risque de s’oublier.
Quels sont les retours des premiers parents coworkers, et vos perspectives pour 2022 ?
M.A : Les mamans qui ont intégré à la fois le coworking et la micro-crèche pour leur enfant sont conquises. Ce qu’elles apprécient particulièrement : un lieu où elles peuvent travailler au calme, la proximité avec leur enfant pour ne pas avoir à courir le matin ou en fin de journée pour le déposer ou le récupérer, le lien et surtout les échanges entre elles. Elles se sentent soutenues à la fois sur leurs problématiques liées à leur parentalité, ainsi que sur leurs activités professionnelles. Les demandes sont en moyenne de 2 à 4 jours par semaine actuellement, preuve d’un besoin de souplesse et de liberté dans leur agenda hebdomadaire.
De mon côté, cette fin d’année sera consacrée à l’arrivée de mon second bébé, pour créer un nouvel équilibre personnel à quatre, ainsi qu’à la stabilisation du quotidien à la Villa Maria. Ensuite, j'ai quelques projets en discussion pour 2022, comme la duplication du modèle dans d’autres villes et le développement en franchise. J’ai également envie de continuer à accompagner les femmes via la formation individuelle, dans leur projet de création ou de développement de leur entreprise. Mon objectif : aider de plus en plus de femmes à créer la vie dont elles ont envie.