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Attention, mères au bord de la crise de nerfs !

Attention, mères au bord de la crise de nerfs ! © pathdoc - Fotolia

Publié par Estelle Cintas  |  Mis à jour le

Jongler entre bouts de chou, mari, tâches ménagères et travail, en gardant la pêche et si possible en talons de 12 cm… De plus en plus de mères ont l’impression de mener plusieurs vies de front ! Tour d’horizon des causes de ce trop-plein.

Pourquoi les mères craquent...

La vidéo cartonne sur Internet. On y voit un (faux) recruteur américain faire passer des entretiens d’embauche à de vrais candidats. Il énonce des conditions de travail épuisantes : « Vous travaillerez debout toute la journée, n’aurez jamais de pauses, serez réveillé fréquemment la nuit, et tout cela gratuitement ! Acceptez-vous le job ? », demande-t-il aux candidats. « Non ! », s’écrient ces derniers. Et soudain, le recruteur leur annonce que ce "job" est déjà réalisé par des milliards de personnes, partout dans le monde : les mamans. Cette publicité pour une société de cartes de vœux fait vibrer la corde sensible : elle met en lumière le "travail" difficile accompli chaque jour, dans l’ombre, par les mères. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes se disent débordées, une tendance qu’on peut observer à travers les nombreux livres, blogs et articles sur le sujet. En 2010, l’ONG, le Mouvement mondial des mères a mené une enquête auprès de 11 000 femmes dans 16 pays européens, des mamans qui travaillent ou qui sont au foyer. 41 % d’entre elles disent manquer de temps au quotidien, ce qui a un impact sur leur bien-être.

Quand la vie professionnelle empiète sur la vie de famille

En France, les mères actives n’hésitent plus à dire haut et fort leur sentiment de "trop-plein". Selon une récente étude de l’organisme statistique du ministère du Travail*, une femme sur trois a l’impression de ne pas pouvoir faire face, ou d’être débordée dans son travail au moins une fois par semaine. Les plus touchées sont celles qui vivent en couple avec des enfants de moins de 12 ans. Aujourd’hui, les femmes revendiquent l’égalité professionnelle et la parité, mais l’entreprise ne s’est pas adaptée à leurs contraintes spécifiques. Pour Marie-Christine Bernard, psychosomaticienne : « Les entreprises fonctionnent encore sur des schémas patriarcaux et archaïques. Le monde du travail a été fait par et pour des hommes ! De plus, les femmes de la génération actuelle sont dans une double injonction : il faut se réaliser dans son travail et se réaliser comme mère. Cela crée de fortes pressions. » Mère de deux enfants (3 ans et 20 mois), Sophie était avocate dans un cabinet d’affaires. Mais l’an passé, elle a décidé de démissionner : « J’étais dans le rush non-stop. Je ne faisais que crier sur mes enfants. J’arrivais le soir au moment où ils sortaient du bain et je les couchais tard pour profiter un peu d’eux. Évidemment, plus ils étaient fatigués, plus les crises s’enchaînaient. » Sophie culpabilise, mais ne sait pas comment se sortir de cette situation : « J’avais l’impression de me démener au boulot, mais ils en attendaient toujours plus. Je partais à 19 heures 30 et il n’était pas rare que je réponde à des mails à 22 heures. Or, on me demandait de monter en puissance, donc de donner plus de temps à l’entreprise, alors que de mon point de vue, j’étais déjà à 110 %. » Sophie a préféré dire stop. Aujourd’hui, elle a retrouvé un travail de juriste plus compatible avec la vie de famille.

L’impératif de la double journée

Qu’elles travaillent ou pas, les femmes ont des raisons objectives de se sentir débordées. Elles continuent d’accomplir 80 % des tâches ménagères à la maison (préparation des repas, courses, ménage, soin du linge…). Sur notre page Facebook, Marianne raconte : « Auparavant, je travaillais comme agent d’entretien dans un hôtel. J’arrivais à la maison fatiguée. J’avais envie de voir mon fils et de lui faire des papouilles. Mais le papa, alors qu’il était en repos, n’avait ni préparé à manger ni touché au linge. Le pire, c’était de l’entendre me dire : "Pff… c’est rien ce que tu fais, ce n’est que du ménage !" En moyenne, les femmes consacrent près de 4 heures par jour au “temps domestique”, contre 2 heures 24 pour les hommes (qui s’occupent plutôt du bricolage et du jardinage). Ce sont majoritairement les mères qui s’occupent des enfants (deux fois plus que les pères). Cette "double journée" est un facteur de stress pour les femmes. Mais elles seraient en partie responsables de cette inégalité ! « Dans nos enquêtes sur la répartition des tâches ménagères, nous nous sommes aperçus que les femmes étaient ambivalentes », explique Christine Castelain Meunier, sociologue au CNRS. « Elles sollicitent les hommes, mais ont du mal à les laisser participer. Comme si cela relevait d’une compétence ou d’un savoir-faire que l’homme n’aurait pas. »

Les femmes au foyer encore plus stressées

Si les mères qui travaillent se sentent souvent surmenées, celles qui sont au foyer devraient donc toutes arborer une mine reposée. Pas du tout, ce serait même plutôt le contraire, si l’on en croit une étude de l’université de Pennsylvanie**. Les chercheurs ont mesuré le taux de cortisol (une hormone secrétée par les glandes surrénales en cas de stress chronique) chez des hommes et des femmes, plusieurs fois par jour, selon qu’ils étaient au travail ou à la maison. Les résultats sont surprenants : les participants avaient tous des niveaux de cortisol plus élevés à la maison qu’au travail. Pour Marie-Laure des Brosses, la présidente française du Mouvement mondial des mères, les femmes au foyer ont plus de raisons de se sentir débordées : « Au travail, vous pouvez avoir un retour positif sur ce que vous avez fait et des motifs de satisfaction. Vous échangez avec vos collègues, vous n’êtes pas constamment interrompues. Tandis qu’à la maison, les femmes souffrent d’un terrible manque de reconnaissance. » En clair, on ne voit le travail d’une femme au foyer que quand il n’a pas été fait : il est totalement invisible. Une réalité que vit Nina au quotidien. Cette maman se sent souvent jugée : « On nous prend pour des feignantes ! Or, à la maison, on ne se pose jamais sur le canapé ! En vivant cette vie de mère au foyer, on se rend compte que le plus dur, c’est le regard des gens. C’est merveilleux d’être maman, j’adore. Mais personnellement, je souhaite retrouver un job. » Les mères au foyer souffrent aussi d’isolement. Aujourd’hui, de plus en plus de familles vivent éclatées, loin des grands-parents. Une situation encore plus vraie pour les mamans solos, ou les mères immigrées. Que l’on soit femme active ou à la maison, il n’est pas facile tous les jours d’être une mère de famille. Et si on essayait de prendre un peu soin de soi, pour pouvoir ensuite prendre soin des siens ? Chiche ?

Reconnaître le burn-out maternel

A la différence d’une mère simplement "débordée", qui sera capable de dire de son bébé : "Il m’épuise", celle qui souffre de burn-out ne s’autorise pas à avoir un discours négatif. Pourtant, ces femmes ressentent souvent de fortes angoisses à l’idée de s’occuper seules de leurs enfants. Le burn-out est un épuisement physique et psychologique. C’est un état qui est souvent lié à une dépression, mais pas toujours. Les femmes qui en souffrent ont l’impression de ne pas être à la hauteur. Elles sont très exigeantes envers elles-mêmes et persuadées qu’une mère doit être "tout amour". Certaines n’arrivent plus à dormir. Elles ne prennent plus de temps pour elles, pour se doucher, pour manger. La fatigue s’installe, jusqu’à l’épuisement. Les pleurs et les cris de leur petit deviennent insupportables. La mère peut alors avoir des gestes ou des paroles agressives envers son enfant, ou envers elle-même. Pour sortir de cette impasse, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide et éventuellement suivre une psychothérapie.
 
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* "Les femmes occupent des emplois où le travail semble moins épanouissant." Étude DARES Analyses, décembre 2010.
** "Has work replaced home as a haven ?" Revue Social Science & Medicine, 08/2014.

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