Le terme “toxique” est entré dans le langage courant. On l’utilise aussi bien pour décrire une relation amoureuse ou amicale que dans le cadre familial, lorsqu’une personne adopte un comportement manipulateur, destructeur, qui affecte l’autre protagoniste et l’estime qu’il a de lui-même. Toutefois comme le rappelle Victoria Guernon, psychologue clinicienne, il s’agit d’un terme non clinique qui n’est pas reconnu par le DSM-V (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). Mais les relations toxiques existent néanmoins bel et bien, y compris entre un parent et son enfant.
Père ou mère toxique : définition
Qu’est-ce qu’un parent toxique ? « Il désigne des comportements relationnels qui nuisent durablement au développement émotionnel et à l’estime de soi de l’enfant. Il s’agit de schémas relationnels répétitifs marqués par la manipulation, la culpabilisation ou la dévalorisation », détaille la spécialiste.
Parents toxiques : quels sont les signes ?
« Un parent “toxique” est celui qui ne tient pas compte des besoins émotionnels de son enfant, qui impose un contrôle excessif, culpabilise, rabaisse ou vit à travers son enfant sans respecter son individualité », explique Victoria Guernon. Cela peut s’exprimer de différentes manières, par des injonctions paradoxales, des attentes irréalistes ou encore des réactions émotionnelles disproportionnées.
Le parent toxique souffle le chaud et le froid avec son enfant, le critique sans cesse, minimise ses réussites et insiste sur ses échecs. Il peut également être envahissant, intrusif, menaçant, humiliant, faire du chantage affectif, imposer ses choix sans jamais prendre en compte les envies de l’enfant, lui donner le sentiment qu’il n’est jamais à la hauteur. Il s’agit de comportements répétés qui nuisent à la relation entre le parent et son enfant, et affectent ce dernier durablement.
Grands-parents, eux aussi peuvent avoir un comportement toxique
Mais les parents n’ont pas le monopole de la relation toxique. « Les grands-parents peuvent aussi avoir un rôle toxique, surtout s’ils interviennent dans la parentalité de manière intrusive ou s’ils perpétuent des schémas transgénérationnels de violence psychologique ou d’emprise », observe la psychologue. Cela peut être plus subtil, mais tout aussi délétère pour l’enfant mais aussi les parents.
Les grands-parents toxiques peuvent s’immiscer dans l’éducation des enfants, dévaloriser les parents, comparer les enfants de la fratrie.
Parents toxiques : quelles sont les conséquences à court terme pour l’enfant et à l’âge adulte ?
Les conséquences sont nombreuses pour l’enfant qui peut développer une anxiété, des troubles du comportement, une faible estime de soi. « La littérature scientifique souligne combien l’environnement affectif sécurisant est déterminant pour la résilience de l’enfant », observe Victoria Guernon. Mais les effets peuvent également être délétères à plus long terme. L’adulte souffrant de dépendance affective risque de s’ancrer dans des schémas de relation insécures et de répéter des relations toxiques.
Comment guérir et se libérer de parents toxiques ?
Il est essentiel d’être bien entouré, et le rôle des autres adultes qui entourent l’enfant est évidemment fondamental pour l’accompagner et l’aider à se libérer de cette relation destructrice.
Identifier les schémas
La première étape consiste à reconnaître les comportements nuisibles.
Mettre des limites
Il faut protéger l’enfant au maximum en limitant l’exposition aux comportements toxiques.
Être soutenu
« Il est important de s’entourer de professionnels (psychologue, médiateur familial) pour sortir de la culpabilité et agir de manière cohérente », insiste Victoria Guernon.
Travailler sur soi
Lorsque l’enfant grandit, et pour éviter de reproduire certains schémas dysfonctionnels, il doit comprendre son histoire familiale.
Favoriser des figures d’attachement positives
Avoir un parent toxique n’est pas une sentence. « L’enfant peut se construire sainement dès lors qu’au moins un adulte stable, empathique et présent est à ses côtés », rappelle la psychologue.
Merci à Victoria Guernon, psychologue clinicienne.