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Comment parler d'amour à son enfant ?

Comment parler d'amour à son enfant ? © Getty Images / Oliver Rossi

Publié le par Mathilde Saez

Tous les jours, nous montrons des signes d’amour et d’affection à notre enfant, mais quand il s’agit de verbaliser, c’est une autre histoire. Il n’y a pourtant pas de quoi avoir honte. Voici quelques clés pour vous aider à parler d’amour à votre enfant.

Il y a quelques jours de cela, c’était la Saint-Valentin, la fête des amoureux. Peut-être votre enfant vous a-t-il vu recevoir des fleurs ou une déclaration romantique. Peut-être a-t-il même eu l’envie d’offrir une lettre à l’élu(e) de son cœur. Mais au fait, c’est quoi l’amour ? Vaste question face à laquelle on se retrouve bien dépourvu. Il n’y a pourtant de plus beau sujet de conversation que celui de l’amour. Encore faut-il savoir sous quel angle l’aborder et adapter sa réponse à l’âge de l’enfant.

Ne pas craindre d’exprimer ses sentiments

L’amour est un sentiment fort, et fait partie d’une palette d’émotions qui traversent l’enfant dès la naissance, au même titre que la tristesse, la joie ou la colère. Apprendre à exprimer ce que l’on ressent aide à se sentir mieux, à mettre des mots sur nos sentiments et à comprendre que l’on n’est pas seul à les ressentir. A vous d’accueillir les émotions de votre enfant, mais aussi de partager les vôtres. Vous avez le droit de lui dire que vous vous sentez frustrée, heureuse ou énervée. Bien entendu, il n’est pas question de faire de votre enfant votre thérapeute. Si vous avez des sentiments plus lourds, mieux vaut vous rapprocher d’un professionnel. Ainsi, tout comme on exprime un besoin primaire (j’ai faim, j’ai soif…), on ne doit pas craindre d’exprimer aussi nos émotions devant nos enfants. C’est un premier grand pas vers des discussions plus complexes et surtout, cela aide à se sentir mieux. Il existe plein de supports pour parler des émotions avec les enfants, parmi lesquels le best-seller d’Anna Llenas, La couleur des émotions.

Amour familial, amical ou romantique ?

Maintenant que vous et votre enfant êtes habitués à parler de vos sentiments, vous pouvez aller vers des discussions plus complexes au sujet de l’amour sous ses différentes formes. En effet, lorsqu’il vous pose la question de ce qu’est l’amour ou qu’il vous parle de sa petite amoureuse de cœur d’école, il peut être judicieux de lui apprendre à distinguer les différentes formes d’amour. Ainsi, il y a l’amour familial, inconditionnel et infini, celui qui va aider votre enfant à grandir et se construire autour d’une solide sécurité affective.

Il y a aussi l’amitié, celui de la cour de récré, nécessaire à l’enfant afin qu’il apprenne à faire confiance aux autres et à développer des relations saines. Il ne faut pas sous-estimer ce sentiment-là, qui prend une grande importance dans la construction de l’enfant et plus encore de l’adolescent. Grâce à l’amitié, d’autres sentiments se développent tels que la loyauté, l’empathie, la générosité, l’humour et bien d’autres encore.

Et bien sûr, il y a l’amour romantique, celui qui nous fait devenir tout rouge quand on en parle. Il ne faut pas craindre de le nommer lui aussi, car s’il ne s’exprime pas de la même façon chez les enfants que chez les adultes, il ne faut pas nier son existence pour autant. Pointés du doigt à l’école, suscitant rires gênés et douces moqueries, les enfants sentent bien que ce sentiment « d’amoureux » a un côté très transgressif, et beaucoup tentent de le cacher. A nous, parents, d’expliquer qu’il n’y a pas à en avoir honte, et d’éduquer nos enfants sur la beauté de ce sentiment.

Expliquez-lui la différence entre l’amour et l’amitié, et l’importance de la réciprocité d’une relation. Expliquez-lui aussi qu’il y a un temps pour tout, que l’on n’est pas amoureux de la même façon quand on a 5 ans et quand on est adulte. Et aussi, que ça n’est pas non « anormal » de ne pas ressentir ce sentiment tout de suite.  Car il n'est pas question d'en faire des mini-adultes, comme l'explique à France Inter la linguiste Julie Neveux : "Vers quatre ou cinq ans, (les enfants) ne savent pas si ce sera de l'amitié, de l'amour. On ne sait pas, c'est trop tôt. Il y a un apprentissage très long, très complexe, de l'émotion. Et je constate que souvent les parents – on a tous envie par jeu, par réflexe... – projettent des schémas." De la même manière, Marie Chetrit, docteure en sciences, explique qu'il faut préserver le sentiment d'amitié : "Les affinités d'amitié peuvent être très fortes déjà à cet âge et je trouve qu'aller mettre tout de suite ces sous-entendus amoureux ou de séduction sur des relations qui sont vraiment des belles relations d'amitié, ça me parait malsain. "

Et la sexualité dans tout ça ?

Maintenant que vous savez aborder le sujet de l’éducation affective, place à l’éducation sexuelle. Eh oui, les parents ont un rôle à jouer, car tôt ou tard, des questions seront posées et il est bon d’y être un peu préparé. L’éducation sexuelle ne se réduit pas à une information seulement axée sur les explications biologiques et de la prévention, il faut aussi savoir appeler un chat, un chat. C’est même la base de discussions saines et sans gêne. "Il faut permettre à un enfant de nommer, d’avoir du vocabulaire et de savoir de quoi il parle. Les enfants ont besoin de mots précis et de définitions adaptées à leur âge", affirme Maëlle Challan Belval, conseillère conjugale et formatrice à Comitys. Si on ne nomme pas, si on n’explique pas, l’enfant sent qu’il y a un problème avec les questions liées au corps et à la sexualité et il peut en faire un sujet tabou.

Bien sûr, il n’y a pas d’urgence, et vos mots doivent être adaptés à son âge. Ainsi, dès les premiers jours de bébé, on n’hésite pas à parler du ressenti, du froid sur sa peau, des bisous qui chatouillent, etc. Puis vient la curiosité. Celle-ci doit être accueillie avec autant de bienveillance que des questions autour de l’histoire ou de la nature. Toute curiosité est positive ! À partir de l’âge de 6 ans, vous pouvez commencer à parler « vrai », sans entrer dans les détails. Mais ne précipitez rien, montrez-vous ouvert, et attendez que les questions de l’enfant viennent à vous.

OSZAR »