Les premières crises émotives de l’enfant ne sont jamais une partie de plaisir pour les parents. Des colères ou des pleurs qui se dissipent toutefois avec le temps et l’âge. Seulement, certains enfants possèdent une sensibilité supérieure à la moyenne, également appelée hypersensibilité. Cet état peut même parfois continuer jusqu’à l’âge adulte. Le comportement d’une personne ultrasensible peut notamment se traduire par une exacerbation des émotions autant dans la peur, la tristesse que dans la joie, face à des situations presque banales.
La Dr Catherine Salinier, pédiatre, Past présidente de l’AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire) et experte Mpedia, précise qu’il peut s’agir d’un enfant qui « ne va pas oser dire bonjour à quelqu’un qu’il ne connaît pas, ou alors se mettre facilement à pleurer quand il se fait gronder pour quelque chose qui n’est pas très important. Ou encore, se mettre à rougir et à avoir le cœur qui tape beaucoup pour une situation qui ne justifie pas une telle émotion. Il peut aussi s’effondrer devant un film un peu triste, un petit animal qui s’est blessé ou quand on lui raconte une histoire triste ».
Un suivi adapté à la sensibilité
Face à ce genre de situations, les parents, comme les professeurs, ne savent pas forcément comment rassurer les enfants. Pour la pédiatre, il s’agit de trouver le bon équilibre : « Lorsque les parents accréditent cette hypersensibilité, elle ne risque pas de passer. Elle ne risque pas non plus de passer si au contraire on ne reconnaît pas la difficulté de l’enfant et qu’on le brusque trop ».
Elle ajoute « Je crois qu’il faut trouver un juste milieu, c’est-à-dire lui dire qu’on comprend qu’il soit triste et le rassurer. Cet état d’hypersensibilité peut passer ou s’atténuer, si on rassure toujours l’enfant, si on l’accompagne dans des situations difficiles et que peu à peu on le laisse s’automatiser. »
Néanmoins, il existe différentes formes d’hypersensibilité chez l’enfant, certaines plus intenses que d’autres. Ainsi, ces émotions méritent un soutien adapté : « Si l’on est dans le domaine de l’angoisse et que l’enfant a une souffrance réelle, qui le bloque dans ses relations aux autres ou dans les domaines de sa vie comme les apprentissages à l’école, ça touchera ici à la psychologie, au soin psychologique. Il faut bien faire la différence entre une hypersensibilité qui est un trait de caractère, mais qui n’empêche pas l’enfant de vivre, et la trop grande sensibilité qui l’empêche de vivre, comme il le devrait à son âge ».
« La bienveillance et non pas la complaisance »
En fonction du degré de sensibilité, Catherine Salinier avise de prendre la mesure des choses et de ne pas aller trop loin : « Il faut soutenir l’enfant et l’accompagner quand les choses sont difficiles, mais pour autant ne pas trop le couver. La bienveillance et non pas la complaisance ». En effet, à vouloir trop protéger son enfant, les parents peuvent ralentir son développement et créer un besoin trop fort d’attention : « Il ne faut pas en faire un « malade ». La pédiatre continue : « Aujourd’hui, on a tendance à mettre des étiquettes définitives sur les enfants alors qu’il est normal qu’ils aient des particularités de caractère et qu’ils se développent à leur rythme. Par exemple les colères d’opposition à 3 ans. Il s’agit donc de maitriser cette opposition et en même temps l’accepter parce qu’elle construit la personnalité.
Pour l’hypersensibilité c’est pareil : il faut reconnaître et encourager ce caractère sensible parce que l’enfant ou l’adulte peut aussi tirer de la joie de cette sensibilité aux choses, aux autres, et aux évènement. C’est seulement si l’hypersensibilité l’empêche de vivre, qu’il faut se montrer solide à côté de lui et l’encourager à franchir ces étapes, en lui montrant qu’il est capable de maîtriser ses émotions ». Si jamais, l’accompagnement parental ne suffit pas, n’hésitez pas à vous diriger vers des professionnels, qui seront en mesure de vous guider plus amplement.