Quand on évoque la trisomie, la première affection à laquelle on pense est la trisomie 21, ou syndrome de Down. À tel point que lorsqu’on parle d’une personne trisomique, on considère de fait qu’elle est atteinte de trisomie 21. Pourtant, la trisomie définit avant tout une anomalie génétique, et peut donc prendre différentes formes. Il existe en réalité plusieurs types de trisomie.
Quelles sont les causes de la trisomie ?
La trisomie est avant tout une histoire de chromosomes. On parle en effet d’aneuploïdie, ou plus simplement d’anomalie chromosomique. Chez un individu qui ne souffre pas de trisomie, les chromosomes vont par paire. On compte 23 paires de chromosomes chez l’être humain, soit 46 chromosomes en tout. Une personne atteinte par une trisomie ne possède pas deux, mais trois chromosomes.
Cette anomalie chromosomique peut survenir lors de la répartition du patrimoine génétique des deux partenaires lors de la création des gamètes (ovocyte et spermatozoïde), puis lors de la fécondation.
La trisomie peut concerner n’importe quelle paire de chromosomes, la plus connue étant celle qui concerne la 21e paire de chromosomes. En réalité, il peut exister autant de trisomies que de paires de chromosomes. Seulement, chez l’humain, la plupart des trisomies aboutissent à une fausse couche, car l’embryon n’est pas viable. C’est particulièrement le cas pour la trisomie 16 et la trisomie 8.
Quels sont les différents types de trisomie les plus fréquents ? Combien en existe-t-il ?
La trisomie 21, ou syndrome de Down
La trisomie 21, ou syndrome de Down, est actuellement la première cause diagnostiquée de déficit mental d’origine génétique. C’est aussi la trisomie la plus fréquente et la plus viable. Elle est observée en moyenne lors de 27 grossesses sur 10 000, et sa fréquence augmente avec l’augmentation de l’âge maternel. On compte environ 450 naissances d’enfants trisomiques par an en France, selon l’Institut Lejeune, qui propose un accompagnement médical et psychologique aux personnes atteintes.
Qu’est-ce que la trisomie 21 en mosaïque ou par translocation ?
Dans la trisomie 21 ou T21, le chromosome 21 est en trois exemplaires au lieu de deux. Mais il existe des « sous-catégories » pour désigner la trisomie 21 :
- la trisomie 21 libre, complète et homogène, qui représente environ 95 % des cas de trisomie 21 : les trois chromosomes 21 sont séparés les uns des autres, et l’anomalie a été observée dans toutes les cellules examinées (du moins celles analysées en laboratoire) ;
- la trisomie 21 en mosaïque : des cellules à 47 chromosomes (dont 3 chromosomes 21) coexistent avec des cellules à 46 chromosomes, dont 2 chromosomes 21. La proportion des deux catégories de cellules varie d’un sujet à l’autre et, chez le même individu, d’un organe ou d’un tissu à l’autre ;
- la trisomie 21 par translocation : le caryotype du génome montre bien trois chromosomes 21, mais pas tous groupés ensemble. L’un des trois chromosomes 21 peut, par exemple, être avec deux chromosomes 14, ou 12…
Maladie de Down : les principaux symptômes de la T21
« Chaque personne trisomique 21 est d’abord elle-même, unique, avec un patrimoine génétique complet et sa manière originale de supporter cet excès de gènes », détaille ainsi l’Institut Lejeune. S’il y a une grande variabilité des symptômes d’une personne trisomique à l’autre, il existe des caractéristiques physiques et mentales communes.
La déficience intellectuelle est une constante, même si elle est plus ou moins marquée d’un individu à l’autre. Il existe également des symptômes physiques caractéristiques : tête petite et ronde, cou petit et large, yeux très écartés, strabisme, racine du nez peu marquée, mains trapues et doigts courts… Des complications congénitales peuvent parfois s’ajouter à ces manifestations, et demander un important suivi médical : malformations cardiaques, oculaires, digestives, orthopédiques…
Pour faire face au mieux à ces complications et limiter les handicaps physiques et mentaux, la prise en charge des trisomiques est pluridisciplinaire : généticiens, psychomotriciens, kinésithérapeutes, orthophonistes…
La trisomie 13, ou syndrome de Patau
La trisomie 13 est due à la présence d’un troisième chromosome 13. Le généticien américain Klaus Patau est le premier à la décrire, en 1960. Son incidence est estimée entre 1/8 000 et 1/15 000 naissances. Cette anomalie génétique entraîne malheureusement de lourdes conséquences pour le fœtus, dont des malformations cérébrales et cardiaques sévères, des anomalies oculaires, des malformations du squelette et de l’appareil digestif… L’immense majorité (80 à 95 % environ) des fœtus atteints décèdent in utero. S’il survit, un bébé atteint de trisomie 13 a une très faible espérance de vie, quelques mois à quelques années selon les malformations, notamment en cas de mosaïcisme (différents génotypes présents).
La trisomie 18, ou syndrome d’Edwards
La trisomie 18, indique, comme son nom le suggère, la présence d’un chromosome 18 surnuméraire. Cette anomalie génétique a été décrite pour la première fois en 1960, par le généticien anglais John H. Edwards. L’incidence de cette trisomie est estimée à 1/6 000 à 1/8 000 naissances. La trisomie 18 découle dans 95 % des cas par un décès in utero, assure le site Orphanet, portail des maladies rares.
Du fait de graves malformations cardiaques, neurologiques, digestives ou encore rénales, les nouveau-nés atteints de trisomie 18 décèdent généralement au cours de leur première année de vie. En cas de trisomie 18 en mosaïque ou par translocation, l’espérance de vie est plus grande, mais n’excède pas l’âge adulte.
Les trisomies affectant les chromosomes sexuels
Puisque la trisomie est définie par la présence d’un chromosome surnuméraire dans le caryotype, tous les chromosomes peuvent être concernés, chromosomes sexuels y compris. Aussi existe-t-il des trisomies affectant la paire de chromosomes X ou XY. Ces trisomies ont pour principale conséquence d’affecter les fonctions liées aux chromosomes sexuels, notamment les taux d’hormones sexuelles et les organes reproducteurs.
On distingue trois types de trisomie des chromosomes sexuels :
- la trisomie X, ou syndrome triple X, lorsque l’individu possède trois chromosomes X. L’enfant présentant cette trisomie est de sexe féminin, et ne présente pas de problèmes de santé majeurs. Cette anomalie génétique est d’ailleurs souvent découverte à l’âge adulte, lors d’examens approfondis.
- le syndrome de Klinefelter, ou trisomie XXY : l’individu possède deux chromosomes X et un chromosome Y. L’individu est généralement de sexe masculin et infertile. Cette trisomie occasionne des problèmes de santé, mais pas de malformations majeures.
- le syndrome de Jacob, ou trisomie 47-XYY : présence de deux chromosomes Y et d’un chromosome X. L’individu est de sexe masculin. Cette anomalie génétique n’occasionnant pas de symptômes caractéristiques majeurs, elle est souvent constatée à l’âge adulte, lors d’un caryotype réalisé dans un autre but.
Peu symptomatiques, ces anomalies génétiques concernant les chromosomes X et Y sont rarement diagnostiquées in utero.
En revanche, toutes les autres trisomies (trisomie 8, 13, 16, 18, 21, 22…), si elles n’aboutissent pas naturellement à une fausse couche spontanée, sont généralement suspectées à l’échographie, au vu de retards de croissance, à l’aide de la mesure de la clarté nucale, d’une biopsie de trophoblaste ou d’une amniocentèse, pour réaliser un caryotype en cas de suspicion de trisomie.
Si une trisomie handicapante est avérée, une interruption médicale de grossesse est proposée par l’équipe médicale.
Dépistage de la trisomie 21 : quand sont réalisés les tests et prises de sang ?
Lors de sa grossesse, une femme enceinte réalise différents examens et prises de sang pour dépister certaines maladies, en particulier la trisomie 21. Si la première prise de sang ne présente aucune alerte ou que le risque de trisomie est très faible, la future maman n’a plus aucun dépistage à effectuer en ce sens.
Il existe trois grades de risque :
- inférieur à 1/1 000 : le bébé est à très faible risque de trisomie 21 ;
- entre 1/1 000 et 1/51 : le fœtus présente un risque plus élevé de trisomie 21. Une seconde échographie est recommandée ;
- supérieur à 1/50 : il est conseillé de réaliser une amniocentèse pour un diagnostic génétique.
Mesure de la clarté nucale, amniocentèse, échographie… Quels sont les examens permettant de dépister une anomalie chromosomique ?
Une mesure de la clarté nucale est effectuée lors de la première échographie du premier trimestre. La clarté nucale se caractérise par un petit espace, qui se situe au niveau de la nuque du fœtus. Elle est due à un petit décollement entre la peau et le rachis. Au cours du premier trimestre de grossesse, tous les fœtus présentent une clarté nucale, qui disparaît ensuite. Il est donc impératif que cet examen soit réalisé pendant cette période. À la suite du calcul de la taille de la clarté nucale, la femme enceinte n’est pas obligée de poursuivre les tests permettant de dépister une anomalie chromosomique.
À compter de la 12e semaine d’aménorrhée, chaque future mère bénéfice également du DPNI, ou Dépistage Prénatal Non Invasif. Réalisé lors d’une simple prise de sang, ce dépistage permet de mesurer le risque de trisomie 21, mais aussi de trisomie 13 ou 18.
Lorsque le risque de trisomie est supérieur ou égal à 1/51, le ou la gynécologue ou le ou la sage-femme proposera à la future maman un examen plus poussé, notamment l’amniocentèse et/ou la choriocentèse. Au cours du second trimestre, une deuxième échographie peut être pratiquée, pour identifier une malformation cardiaque, une anomalie viscérale ou un trouble de la croissance. Ces examens permettent uniquement de donner une probabilité que le fœtus soit porteur de la trisomie 21 et ils ne sont pas obligatoires.