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Maladie d'Osgood-Schlätter : tout sur cette pathologie de l'adolescent

Maladie d’Osgood-Schlätter : tout sur cette pathologie du genou © istock

Publié par Hélène Bour  |  Mis à jour le

En collaboration avec Pr Sébastien Pesenti, chirurgien orthopédiste pédiatrique (Chirurgien orthopédiste pédiatrique)

Qu’est-ce que la maladie d’Osgood-Schlätter ? Quels sont les causes et symptômes de cette pathologie du genou ? Quand et qui consulter ? Quel traitement envisager ? On vous dit tout sur cette affection qui touche l’enfant ou le jeune ado sportif en pleine croissance.

La maladie d’Osgood-Schlätter est une inflammation douloureuse de l’os et du cartilage, localisée dans la partie supérieure du tibia, sous l’articulation du genou. Il s’agit d’une maladie bénigne de l’adolescent, mais néanmoins douloureuse.

Une inflammation du cartilage de croissance du genou

« On parle de maladie mais ça n’est pas exactement une maladie, dans le sens où il s’agit davantage des conséquences de la croissance sur le squelette », nous indique le Pr Pesenti, chirurgien orthopédiste pédiatrique à Marseille, et secrétaire général de la SoFOP (Société Française d’Orthopédie Pédiatrique).

« En pratique, les os longs grandissent par leurs extrémités : il y a un cartilage de croissance à chaque extrémité des os long, y compris pour le tibia. Et au niveau de l’extrémité supérieure du tibia, il y a une zone anatomique particulière, appelée tubérosité tibiale antérieure, qui est la petite boule que l’on sent juste en dessous du genou, et sur laquelle s’insère le tendon rotulien », développe le spécialiste. « Et il se trouve que, chez l’enfant, cette zone anatomique est juste au niveau d’un cartilage de croissance du tibia. Ce qu’il va se passer, à la puberté ou juste avant, la traction du tendon rotulien sur la tubérosité tibiale antérieure va créer des microtraumatismes répétés sur le cartilage de croissance, créant une inflammation, et potentiellement, des douleurs », poursuit le chirurgien orthopédiste.

Dans le jargon médical, on parle d’ostéochondrose tibiale antérieure, puisqu’elle survient au niveau de l’insertion basse du tendon de la rotule, au niveau de la tubérosité tibiale antérieure, à savoir la proéminence osseuse située en avant du tibia.

Une pathologie souvent bilatérale

Cette pathologie a été découverte et décrite pour la première fois en 1903 par les Drs Osgood et Schlätter, qui lui ont donné leurs noms accolés. La maladie d’Osgood-Schlätter est généralement bilatérale (dans 40 à 50 % des cas), et concerne surtout des enfants et jeunes adolescents sportifs âgés de 12 à 16 ans environ. Bien que l’écart entre les sexes diminue, les garçons ont encore tendance à être plus touchés que les filles, probablement du fait d’une plus grande pratique sportive. Il est en revanche difficile de donner des chiffres quant au nombre d’adolescents touchés, car tous ne sont pas diagnostiqués ou n’ont pas la maladie avec la même intensité. Les adolescents très sportifs sont plus concernés que les autres : « Plus ils sont sportifs, plus ils vont solliciter le tendon rotulien, et donc plus la traction est forte sur cette tubérosité tibiale antérieure », prévient le Pr Pesenti.

Une pratique sportive intense, notamment les sports collectifs avec extension du genou, comme pour tirer dans un ballon, est un facteur de risque. « C’est tout le système musculotendineux permettant l’extension du genou qui est 'responsable' : plus on a un quadriceps puissant, plus il va tirer fort sur le tendon rotulien, lequel va ensuite tirer fort sur son insertion, qui est cette tubérosité tibiale antérieure », nous détaille le Pr Pesenti. Le chirurgien orthopédique ajoute que, souvent, les adolescents faisant fréquemment du foot, du basket, du handball etc., ont des quadriceps assez puissants et volumineux, entraînant une traction importante sur la tubérosité tibiale antérieure.

À noter qu’une croissance rapide peut aussi favoriser l’apparition de la maladie, d’autant plus chez un adolescent sportif.

Maladie d’Osgood-Schlätter : quels symptômes et qui consulter ?

Le principal symptôme de la maladie d’Osgood-Schlätter est la douleur : l’enfant se plaint d’avoir mal, soit au moment de la pratique d’une activité sportive, soit juste après, et peut même avoir mal en marchant. La douleur s’aggrave ainsi lors de l’activité, et s’atténue au repos.

« Localement, on peut aussi avoir, outre la douleur, un aspect inflammatoire de la tubérosité tibiale antérieure, c’est-à-dire que la zone est rouge, chaude, gonflée », prévient le Pr Pesenti. La zone peut être sensible et douloureuse au toucher.

Les microtraumatismes peuvent également entraîner une excroissance osseuse, c’est-à-dire de petites fractures (micro-arrachement d’un bout d’os), du fait d’une ossification encore incomplète.

Bien qu’elle semble complexe, cette maladie peut être diagnostiquée par un médecin généraliste, et demande rarement l’intervention d’un spécialiste (chirurgien orthopédique, rhumatologue). En revanche, il peut être judicieux de consulter un kinésithérapeute après la mise au repos, pour une pratique et une reprise du sport en douceur.

Une radio lorsqu’il faut s’assurer du diagnostic

Selon le Pr Pesenti, les symptômes de la maladie d’Osgood-Schlätter sont suffisamment typiques pour que le diagnostic soit facile à poser et puisse se faire par le médecin généraliste ou le pédiatre lors d’un examen clinique classique. « L’imagerie (radiographie, scanner, IRM) n’est généralement pas indispensable, mais doit être systématique si les symptômes sont unilatéraux », précise le spécialiste, pour ne pas passer à côté d’une autre pathologie.

La radiographie permettra de s’assurer qu’il s’agit bien de ce type d’ostéochondrose, et en déterminera le stade, la gravité. Une radio pourrait ainsi mettre en évidence une fragmentation importante de la tubérosité tibiale, cette proéminence osseuse située en avant du tibia. Cela peut aussi permettre d’écarter une autre pathologie, par exemple une fracture, notamment en cas de douleur aiguë. Le traitement sera alors différent.

Traitement : comment soigner la maladie d’Osgood-Schlätter ?

Arrêt du sport, mise au repos et anti-inflammatoires sont généralement les premières mesures envisagées en cas de maladie d’Osgood Schlätter.

« On voit beaucoup d’enfants en consultation et chez qui le sport a été contre-indiqué suite au diagnostic, mais a priori cette mise au repos totale n’est pas justifiée. Elle ne se justifie qu’en période de douleur aiguë », estime le Pr Pesenti.

« En pratique, ce qu’il faut, c’est éviter une récurrence des symptômes, ce qui passe soit par de la rééducation en kinésithérapie, soit par de l’autorééducation. Il faut juste que les enfants étirent leurs quadriceps, via des exercices d’assouplissement, et pas seulement avant ou après le sport, mais de façon quotidienne », insiste le chirurgien orthopédique. « En général, lorsque les adolescents s’y astreignent, les symptômes sont beaucoup moins fréquents, voire disparaissent », ajoute le spécialiste, précisant que les adolescents sont souvent volontaires car préfèrent cela que la mise au repos totale, qui les prive de leurs activités sportives.

La maladie évoluant souvent par crise, avec des périodes douloureuses et d’accalmie, le repos (avec arrêt des séances de sport) est toutefois bien conseillé en période douloureuse, afin que l’inflammation diminue et que les symptômes régressent. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l’ibuprofène) peuvent être prescrits pour lutter contre l’inflammation ainsi que la douleur.

Le port d’une genouillère ou d’une orthèse peut aussi être discuté, pour réduire la douleur en cas d’effort physique ou même au repos, bien que l’utilité de ces dispositifs médicaux soit très contestée dans cette pathologie.

Notons que la survenue de la maladie d’Osgood-Schlätter peut être l’opportunité pour les parents et l’enfant de repenser un peu sa pratique sportive, pourquoi pas en diminuant un peu l’intensité, en s’écoutant davantage ou en diversifiant les sports pratiqués.

La prise en charge est très rarement chirurgicale

Quant à la chirurgie, que les adolescents et leurs parents se rassurent, elle est très rarement envisagée, et réservée aux cas les plus sévères, et en l’absence d’amélioration malgré une mise au repos. Elle est généralement réalisée à l’âge adulte, lorsque la croissance est pleinement terminée.

« Il n’y a quasiment aucune indication chirurgicale. Les quelques indications chirurgicales qui peuvent éventuellement se justifier c’est lorsque la tubérosité tibiale antérieure se fragmente sous l’effet de la traction et de l’inflammation, engendrant des calcifications au niveau du tendon rotulien. On peut alors avoir besoin de faire une ablation de ces calcifications, mais il s’agit de chirurgies pour lesquels le bénéfice est limité », commente le Pr Pesenti.

Gardons en tête qu’il s’agit d’une maladie bénigne dont le pronostic est bon à long terme, et dont la majorité des enfants atteints guérissent facilement, sans séquelles.

Sources
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