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La surdité chez le bébé et l'enfant : comment bien l'accompagner ?

Surdité chez le bébé et l'enfant : un enfant tend son oreille, semblant rencontrer des difficultés à entendre autour de lui. © istock

Publié par Hélène Bour  |  Mis à jour le par Marion Bellal

En collaboration avec Lucie Van Bogaert (orthophoniste doctorante et chercheuse à l'université de Grenoble)

Chaque année, en France, de nombreux bébés naissent sourds, tandis que d’autres le deviennent assez rapidement. Quelles sont les causes de ce trouble ? Quels sont les différents stades de surdité ? Comment peut-on diagnostiquer une surdité ? Le point sur les troubles de l’audition chez le bébé et l’enfant.

Certains signes doivent éveiller très tôt nos soupçons, car il n’est pas rare, pour un tout-petit, de souffrir de troubles de l’audition. En France, un bébé sur 1 000 naît sourd et, chaque année, autant d’enfants le deviennent vers l’âge de 4 ans. Il y a aussi des cas de faux positifs, des surdités très légères qui se détériorent rapidement, d’où l’intérêt d’évaluer l’audition pendant les premières années de l’enfant.

Bébé qui a un trouble de l’audition et n’entend pas bien : quels sont les signes chez le nouveau-né ou chez l’enfant ?

Comment savoir si bébé entend bien ?

Les médecins le reconnaissent : les premiers doutes émanent souvent des parents eux-mêmes. Absence de réaction au bruit, retard de langage, troubles du comportement… Certains signes doivent attirer votre attention. Car, loin d’être rares, les troubles de l’audition ne doivent pas être sous-estimés. Encore aujourd’hui, le diagnostic de surdité est souvent trop tardif, aux alentours d’un an et demi. Alors que, dans l’idéal, il devrait être fait avant les 6 mois d’un bébé !

Comment savoir si bébé entend mal et que faire en cas de doute ? L’air de rien, on teste son ouïe à la maison : parlons-lui avec des intonations différentes et observons sa réaction, ou son absence de réaction. Normalement, s’il entend bien, il devrait tourner la tête en direction du son, quelle que soit l’intensité de la voix ou du son émis. Mais attention à ne pas le tester à chaque instant : il risquerait de se lasser et ne plus répondre. Notons qu’un enfant sourd perçoit davantage les déplacements d’air et les vibrations du sol. Donc ce n’est pas parce qu’il sursaute aux bruits forts qu’il a une bonne audition. On prend le temps de s’interroger aussi sur son comportement et son développement psychomoteur.

Dépistage et appareillage dès la naissance : quand peut-on savoir si un bébé est sourd ou a des troubles de l’audition ?

Plus le diagnostic est précoce, mieux c’est ! Aujourd’hui, on sait parfaitement détecter une surdité ou une déficience auditive dès le premier jour de la naissance d’un bébé, à l’aide d’une petite sonde. Pendant longtemps, les dépistages de la surdité n’ont été effectués que dans des cas bien précis, en cas de facteurs de risque : prématurité, traumatisme à la naissance (réanimation), infection de la maman (rubéole, toxoplasmose, cytomégalovirus) ou antécédents familiaux (si des membres de la famille sont concernés).

Désormais, l’arrêté du 23 avril 2012 prévoit que le dépistage de la surdité permanente néonatale soit proposé à tous les nouveau-nés. Ce dernier comprend un examen de repérage des troubles de l’audition, proposé systématiquement avant la sortie du bébé de la maternité. Celui-ci doit déterminer la nécessité d’examens supplémentaires. Ils seront effectués dans un centre spécialisé avant le troisième mois du bébé, quand l’examen de repérage n’a pas pu être pratiqué ou n’a pas permis d’évaluer les capacités auditives du bébé. Une note informative est alors transmise aux parents sur les modes de communication qui peuvent être mis en place avec l’enfant.

Le but de ce dépistage est de permettre la mise en place d’une prise en charge précoce, pour développer la communication et le langage avec l’enfant. Mais les parents ont le droit de refuser ce dépistage.

Comment se rendre compte qu’un bébé ou un enfant est sourd ? Les contrôles et tests auditifs aux visites médicales des 9e, 12e et 24e mois

Les examens pour contrôler l’audition des enfants se font généralement au cours des visites médicales du 9e, 12e et du 24e mois. Ce qui ne veut pas dire que les premiers signes de surdité ne peuvent pas apparaître avant ! Alors, au moindre doute, on n’hésite pas à consulter un médecin ORL, qui, en cas de suspicion de troubles de l’audition, vous orientera vers un centre de diagnostic et d’orientation (Cdos).

Comme souvent, plus le dépistage est précoce, meilleurs seront les résultats d’amélioration. Un diagnostic autour des 4 mois du tout-petit serait idéal pour optimiser la prise en charge d’un enfant ayant des troubles de l’audition. Bien sûr, l’annonce du diagnostic n’est jamais facile à entendre pour les parents, mais chacun doit s’armer de courage pour affronter au mieux la situation.

Les enfants peuvent souffrir d’une perte plus ou moins importante de décibels, pouvant entraîner :

  • une surdité légère (perte de 20 à 40 dB) : l’enfant ne perçoit pas les sons aigus ;
  • une surdité moyenne (perte de 41 à 70 dB) : l’enfant n’entend que les voix fortes ;
  • une surdité sévère (perte de 71 à 90 dB) : l’enfant a du mal à entendre les bruits forts ;
  • une surdité profonde (perte supérieure à 91 dB).

Congénitale, infectieuse ou évolutive : les différentes causes possibles à la surdité chez l’enfant

Il n’y a pas une, mais bien plusieurs causes possibles à la surdité d’un enfant : une origine génétique (dans les deux tiers des cas), un traumatisme à la naissance, une prématurité, une méningite, une infection de type toxoplasmose, un CMV (cytomégalovirus) ou une rubéole pendant la grossesse, une intoxication médicamenteuse

Il existe également des surdités dites évolutives (d’origine génétique), qui apparaissent progressivement autour des 3 ans, des 6-7 ans ou des 12-13 ans de l’enfant.

Auditory Verbal Therapy (AVT) ou Langue française Parlée Complétée (LfPC) : quels bénéfices ?

En France, plusieurs approches sont proposées aux familles afin de développer la communication avec un enfant diagnostiqué comme sourd. L'Auditory Verbal Therapy (AVT) incite à une utilisation renforcée de la modalité auditive, tandis que la Langue française Parlée Complétée (LfPC) repose sur un code gestuel à utiliser en complément de la lecture labiale, la lecture sur les lèvres.

Lucie Van Bogaert, orthophoniste doctorante et chercheuse à l'université de Grenoble, a soutenu sa thèse sur les bénéfices de ces deux méthodes pour des enfants sourds porteurs d'un implant cochléaire (un implant électronique). Ses recherches insistent sur l'insuffisance de l'implant seul pour développer des compétences en perception et en production de parole.

L'étude démontre que les enfants porteurs d'un implant et avec un faible niveau de maîtrise de la Langue française Parlée Complétée présentent les moins bons résultats face aux exercices de linguistique soumis. En comparaison, les enfants sourds qui démontrent le plus d'aisance face aux exercices sont ceux avec un implant cochléaire, qui ont suivi une AVT et ont une forte maîtrise de la LfPC. La chercheuse encourage donc les soignants à proposer une approche multiple aux enfants diagnostiqués sourds, à leurs familles et à leur environnement social et scolaire.

Sources

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