Les jeunes parents en ont tous fait l’expérience, rapidement submergés par les doudous offerts par leurs proches. Parmi toutes ces peluches, il est possible (mais pas indispensable !) que bébé en choisisse une qui deviendra son véritable doudou. Un objet qui l’accompagnera pendant une durée plus ou moins longue et sera pour lui un compagnon rassurant.
Doudou : un objet transitionnel qui accompagne l’enfance
Le doudou est ce qu’on appelle un objet transitionnel. “Le bébé adopte un doudou qui va le rassurer, l’aider à supporter certaines séparations, notamment la séparation d’avec le parent qui est en proximité avec lui depuis sa naissance. Il a aussi une fonction rassurante lors de moments clés comme l’endormissement, ou lors des moments d’émotion comme lorsque l’enfant ressent de la peur, du chagrin”, explique Rachida Raynaud. “Le doudou l’aide à se sentir bien dans un moment où il n’a plus ses repères, parce qu’il est loin de son parent/de l’adulte qui prend soin de lui ou tout simplement parce qu’il n’est pas dans un lieu qui lui est familier, il aide aussi à s’apaiser”, ajoute la psychologue.
Un bébé n’a pas encore acquis les limites du temps et de l’espace. Le doudou permet donc à l’enfant de se rappeler un endroit confortable, de mieux supporter l’éloignement, et les transitions de lieu ou veille/sommeil. Il représente la réassurance et rappelle à l’enfant la personne et le lieu qu’il a quittés et qu’il va retrouver, puisque le doudou à vocation à suivre l’enfant dans ses déplacements et à être encore là à son réveil par exemple.
Le doudou, une peluche… Mais pas seulement !
Si on associe souvent le doudou à une peluche, l’enfant peut en réalité investir bien d’autres choses : un morceau de tissu, une couverture, le pouce ou encore la tétine. “L’enfant peut donc également avoir des gestes d’auto-réassurance en se touchant l’oreille, en mâchant une mèche de cheveux, mais aussi en caressant l’oreille de papa ou en tétant pour s’endormir. Cela fait aussi office de doudou, pour l’aspect rassurant et apaisant «, précise Rachida Raynaud. » Mais lorsque l’enfant investit une partie du corps de l’adulte, il est logiquement difficile de lui faire investir un autre objet en guise de doudou. Cela peut donc complexifier les choses, car l’enfant sera “dépendant” de cela pour s’apaiser, s’endormir, et se séparer sereinement pourra être plus compliqué étant donné qu’il n’aura pas investi de doudou différencié de l’adulte”, ajoute la psychologue.
Quand donner un doudou à l’enfant et est-ce obligatoire ?
Comme le rappelle la psychologue, le doudou est quelque chose de très occidental. “Dans les cultures occidentales, on prône l’autonomisation précoce des enfants. On les installe dans leur chambre individuelle dès les premiers mois, ils peuvent être gardés en crèche ou par une assistante maternelle dès l’âge de deux mois et demi, ont la possibilité d’aller à l’école dès 2 ans”, détaille-t-elle. Alors que dans d’autres cultures, on va plutôt être dans un cododo prolongé, un allaitement long, les enfants sont gardés plus longtemps par leurs parents et scolarisés plus tard. Ils ont alors moins besoin d’investir un doudou pour s’apaiser lors des séparations, puisque celles-ci sont moins fréquentes et/ou plus tardives.
Le doudou n’est donc pas du tout indispensable, certains enfants vont spontanément mettre autre chose en place pour se rassurer lorsqu’ils en ressentent le besoin.
À partir de quel âge lui donner un doudou ?
Un bébé n’est pas en capacité d’identifier une peluche par rapport à une autre avant au moins l’âge de 3 ou 4 mois. “Pour qu’une peluche, ou un autre objet, fasse office de doudou, il faut qu’il soit très présent dans les moments clés de la journée de l’enfant : les moments de réassurance émotionnels, de nourrissage, de séparation, d’endormissement. Si l’on souhaite introduire et aider l’enfant à s’approprier un doudou, il faut alors systématiquement le proposer à l’enfant dans ces moments-là et être attentif aux signes que le bébé met en place, comme le fait de triturer un bout de son pyjama, ou de sa gigoteuse. On peut alors mettre le doudou choisi dans la main du bébé, mais il n’y a pas de garantie qu’il l’investisse pour autant !”, explique la psychologue. Une peluche que l’on laisse dans le berceau n’est donc pas encore un doudou, elle va prendre cette fonction au fur et à mesure.
À quel âge peut-on laisser un doudou dans le lit de l’enfant pour dormir ?
Attention au risque d’étouffement !
Selon les recommandations actuelles, bébé doit être couché sur le dos dans un lit répondant aux normes européennes, sans tour de lit, ni couette, ni oreiller, et dans une simple turbulette adaptée à la saison. Cela signifie aussi, tant que bébé n’est pas capable de se retourner et de se dégager le visage seul, sans doudou ni peluche. Dans l’idéal, on recommande donc d’attendre l’âge de 6 mois pour mettre un doudou dans le lit avec bébé.
Doudou : jusqu’à quel âge l’enfant peut-il le garder ?
“Il n’y a pas de limite à mettre au doudou. Il ne faut pas le supprimer à tout prix”, explique Rachida Raynaud. Le détachement naturel a généralement lieu entre 5 et 7 ans. L’enfant le prend un peu moins, l’oublie, le processus se fait progressivement. “En revanche si le doudou devient envahissant et prend une place trop importante dans le quotidien, au point que l’enfant n’arrive pas à sortir sans ou qu’il le gêne dans ses interactions sociales, on peut l’aider à s’en détacher petit à petit en lui apprenant à se rassurer autrement et à prendre confiance en lui”, recommande la psychologue.
Mais certains enfants le gardent longtemps, sans que cela pose problème. “Le doudou est quelque chose de positif, il n’y a pas d’enjeu massif autour de cet objet. Au fil des années sa fonction évolue. Il fait alors partie de l’imaginaire de l’enfant, puis prend une place de souvenir de la toute petite enfance, il est alors investi différemment”, conclut-elle.