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0-6 ans: des premiers pas aux vraies chorégraphies

0-6 ans: des premiers pas aux vraies chorégraphies © f/2.8 by ARC - Fotolia

Publié par Dominique Foufelle  |  Mis à jour le

Tous les parents guettent avec impatience les premiers pas de leur enfant. Marchera "tôt" ? Marchera "tard" ? Pas avant 10 mois, de toute façon, car cela lui serait physiologiquement impossible. On fait le point sur les progrès moteurs des bébés entre 0 et 6 ans.

A 15 mois, il aura en général franchi le pas. Des facteurs divers (hérédité, maturité cérébrale, tempérament personnel...) expliquent cette différence entre des petits êtres par ailleurs dotés, sauf handicap ou problèmes de santé, exactement des mêmes atouts. Mais attention : la précocité de la marche ne signifie pas que l’enfant avancera au même rythme dans toutes ses acquisitions. A dire vrai, l’âge des premiers pas n’indique rien du tout ! Quelques mois plus tard, il n’y paraîtra plus. Alors pas d’impatience, votre enfant passera, comme tous ses semblables, cette étape inscrite dans son programme génétique.

0-12 mois : Bébé s’entraîne

La marche fait partie de ce qu’on appelle la motricité générale, c’est-à-dire l’ensemble des fonctions permettant le mouvement et les déplacements dans l’espace. On lui accorde une importance toute particulière pour deux raisons : elle fait accéder l’enfant à l’autonomie de déplacement et elle ouvre la voie vers les autres compétences.

Le nourrisson concentre son tonus musculaire dans les membres. Peu à peu, ce tonus va se déplacer vers l’axe du corps. Résultat : il peut enfin fléchir ses jambes, puis soutenir sa tête et ensuite son tronc.

Sa musculation se développe de la tête vers les jambes. La nuque se renforce d’abord, lui permettant de tenir puis de tourner la tête (progressivement, de 2 à 6 mois). Le dos se renforce ensuite et il acquiert la position assise (vers 5 mois avec appui, 7-8 mois sans appui). Quand ses bras prennent à leur tour de la force, il peut se redresser en s’agrippant à un support ou aux mains qu’on lui tend (7-8 mois). Enfin, la musculature de ses jambes le soutient assez pour rester en position debout (avec appui, vers 9-10 mois).

Parallèlement, sa mobilité s’accroît. Dès 3 mois, couché sur le dos, il prend appui sur ses avant-bras pour se soulever. A partir de 4 mois, il se retourne du dos sur le côté, puis du ventre sur le dos. Le mouvement inverse (du dos sur le ventre) lui pose davantage de problème car il ne peut s’aider des bras, mais il y parvient vers 5-6 mois. Cette position ventrale, associée à la force nouvelle de ses bras, lui ouvre, s’il le souhaite, la possibilité de ramper vers 8-9 mois. A la même époque, il passe de la position couchée à la position assise et vice-versa. Enfin, il peut se traîner sur les fesses pour approcher les objets qui excitent sa convoitise ! Encore deux mois de patience, et il réussira à se déplacer en appui sur les genoux et les mains, autrement dit "à quatre pattes".

Ses découvertes lui ouvrent l’appétit ! Naturellement, le jeune enfant va toujours vers le progrès et l’autonomie, sans jamais s’endormir sur ses lauriers. Dès 6 mois, il tend les bras pour qu’on le redresse. Fermement tenu, il se régale alors à s’accroupir et sauter. Malheureusement, on ne doit pas lui accorder ce plaisir plus de quelques minutes d’affilée, au risque de trop solliciter sa musculature fragile.
Vers 8 mois, capable de se redresser seul, avec un appui, en tirant sur les bras et poussant sur les jambes, il réitère inlassablement l’expérience. En dépit d’inévitables déceptions, ses jambes ne le soutiennent guère longtemps. Retombant sur ses fesses - et sur ses couches ! - sans dommages puisqu’il ne se raidit pas dans sa chute, il manifeste sa contrariété... Mais recommence de plus belle aussitôt ! Progressivement, les secondes se transforment en minutes... Ça y est, il tient debout.

L’ultime étape consiste à lâcher sa prise. Il doit trouver son équilibre, ce qui est à peu près aussi facile que de s’essayer au monocycle pour un adulte moyen ! A la différence que, lui, il y arrivera à coup sûr, selon la méthode éprouvée des tentatives répétées. Il se lâche, oscille, ajuste ses bras pour tenter de trouver son axe... et puis, s’écroule, s’il n’a pas eu le temps de rattraper son appui. Il s’amusera sans aucun doute à faire quelques pas agrippé à vos deux mains, puis à une seule. Mais il ne trouvera son équilibre que seul, en explorant ses propres sensations.

12-18 mois : c’est parti !

Un beau jour, sans prévenir, le voilà qui se lance. Son départ en flèche, sa détermination à avancer, son regard porté sur l’horizon, ses bras écartés comme en signe de victoire, laissent croire qu’il vise un but. Pure illusion. Il n’a qu’un seul objectif : rester debout aussi longtemps que possible. Et cela l’occupe suffisamment. Les sensations nouvelles que lui procure la marche mobilisent toute son attention.

Il chute encore fréquemment, ce qui ne le décourage aucunement. Il se laisse d’ailleurs parfois tomber sur les fesses pour prendre une pause bien méritée, qu’il met à profit pour explorer son environnement des yeux et des mains. Loin de maîtriser sa progression, il s’arrête brusquement, change de cap... Prudemment, il s’aide encore des murs ou des meubles, pour se guider, se retenir et se relever. Presque toujours, il tombe en arrière, ses couches amortissant le choc ; il faut juste se méfier des arêtes de meubles contre lesquels sa tête pourrait heurter.

Vers 15 mois, il maîtrise deux atouts importants, s’agenouiller pour se relever, se pencher pour ramasser quelque chose. En revanche, il ne lui est pas encore venu à l’idée de plier les genoux pour lever la jambe et franchir un obstacle. Il résout le problème en se remettant à quatre pattes et passe au-dessus. A condition que l’obstacle en question soit volumineux et visible de loin car notre débutant ne "sent" pas ceux au ras du sol ; il ne peut donc ni les éviter, ni rétablir sa position assez vite pour résister au déséquilibre.

Grimper, il sait ! Pour assouvir sa passion des hauteurs, il met même en place des stratégies qui font honneur à son intelligence. Cela ne fait pas votre affaire car, ne discernant pas un appui stable d’un instable, il ne maîtrise en outre absolument pas la descente. Ne vous inquiétez pas trop pour autant : une chute à terre sur les fesses ne nécessite pas que vous vous précipitiez. Mais si vous le voyez perché en fâcheuse posture et manifestant sa peur, n’attendez pas. Évitez les cris et les gestes brusques qui pourraient provoquer chez lui un mouvement malheureux.

Aux environs de 18 mois, il accélère, ébauchant le mouvement de la course. Hélas ! il n’appréhende pas les distances, encore moins le rapport distance/vitesse, d’où des rencontres imprévues et parfois douloureuses avec un obstacle.
Rude période que ces premiers mois !

Désormais assez confiant pour ne plus surveiller ses pieds, mais encore perdu dans l’espace, le petit subit beaucoup de mauvaises surprises qu’il ne prend pas forcément avec humour. Un câlin s’impose fréquemment comme remède d’urgence. Ne vous offusquez pas s’il échappe à vos bras dans les secondes qui suivent : l’aventure l’appelle.

18 mois-3 ans: y a-t-il un pilote dans le bolide ?

Limites et contrariétés vont disparaître au cours des six mois qui suivent. Grâce à une force musculaire et une confiance croissantes, l’enfant trouve peu à peu les mouvements adéquats.

Vers 2 ans, il possède déjà beaucoup de nouvelles compétences. Il court, s’arrête pile sans tomber systématiquement, recule de quelques pas (mais ne marchera à reculons que vers 5 ans), monte puis descend un escalier sans se tenir, se retourne avec vivacité, saute à pieds joints... Il n’a pourtant pas encore atteint la perfection. Il ne réagit pas toujours assez vite. Ses mouvements lui échappent parfois, mal coordonnés, imprécis, gauches. Selon la position dans laquelle il tombe, il peine à se relever seul.

Durant une année, il se perfectionne. Il peut compter sur son intelligence. Alliée à une mémoire de plus en plus performante, elle lui permet d’assimiler et enregistrer des informations concernant son environnement, où il prend des repères. Il tire parti de ses expériences pour élaborer des stratégies. Il agit avec un objectif précis, puis enchaîne les actions. Ses mouvements deviennent plus harmonieux. Vers ses 3 ans, il sait en accomplir plusieurs à la fois.

Il apprécie de plus en plus la compagnie de ses semblables. Leur fréquentation le stimule. Les petits s’observent, s’imitent. Attention : à partir de 2 ans, ils deviennent vraiment très rapides. Quelques minutes leur suffisent pour sortir de votre champ de vision. Au square, vous n’aurez plus guère le loisir d’achever votre lecture !

Son point fort : un moral d’acier. Il ignore le doute. Il part gagnant, certain d’atteindre tôt ou tard son but, la plupart du temps à juste titre. Il connaît en revanche la peur, à laquelle il se montre plus ou moins sensible selon son tempérament. Cette appréhension devant le vide, ou tout simplement l’inconnu, compense un peu sa totale incapacité à anticiper un danger.

Il vit dans le présent et dans le concret. Tout obstacle nouveau le prend au dépourvu. Par exemple, la vue d’une petite marche ne l’incite pas à ralentir. Peu à peu, après être tombé à cet endroit, il se méfiera. Il ne comprend que ce qu’il a expérimenté. Comme on ne peut songer à le laisser expérimenter les conséquences de tout, il faut poser des interdits dès ses premiers pas.

Il enregistre un interdit sans en comprendre la cause. Quand, vers 18 mois, la crise d’opposition s’annonce, ce n’est pas de vous obéir sans savoir pourquoi qui le dérange... mais de vous obéir tout court ! Avec la marche, il a énormément gagné en autonomie. Il n’a plus rien en commun avec un nouveau-né qu’on manipule à sa guise. Quand les interventions de ses parents attentent à sa liberté, il ne se gêne pas pour le leur faire savoir. Cependant, il les reconnaît comme guides et soutiens et finit par se soumettre. Certes, il ne faut pas abuser de cette position de force. Mais n’hésitez pas à imposer votre volonté quand cela s’avère nécessaire. On attend de vous des consignes claires et fermes, ne serait-ce que pour disposer d’interdits à transgresser.

3-6 ans : la conquête de l’espace

Son troisième anniversaire marque la découverte de nouveaux plaisirs : danser en rythme, conduire un tricycle, shooter dans un ballon... Il court en évitant les obstacles, saute à cloche-pied, monte et descend des marches sans appui... Il adopte sans tergiverser la stratégie adéquate pour franchir un obstacle : enjamber, sauter, ramper, contourner, escalader... Bref, le voilà doté d’une mobilité très satisfaisante de son point de vue car il ignore qu’il lui faut encore quelques années pour apprivoiser l’espace.

La maîtrise du schéma corporel est un long processus qui dure jusqu’à ses 5 ans. De quoi s’agit-il ? A terme, de prendre pour repère dans l’espace son propre corps et non plus des éléments extérieurs. La première étape a été franchie vers 9 mois, avec la prise de conscience de son individualité ; une découverte qui génère une certaine angoisse car, réalisant que sa mère et lui constituent deux êtres distincts, il craint qu’elle ne disparaisse. Vers 16 mois, il associe son corps à l’image qu’il voit dans le miroir. Il s’emploie dès lors à mieux connaître ce corps et à en comprendre le fonctionnement.

On peut l’aider par la parole. Vers 18 mois, il se plaira à désigner des parties de son corps : participez à ce jeu en les nommant avec lui. Nous nous repérons dans l’espace grâce à des notions en forme d’oppositions : dedans/dehors, au-dessus/au-dessous, devant/derrière... Voilà qui reste très abstrait pour l’enfant. Ne manquez pas une occasion de matérialiser ces notions au cours de vos jeux en lui montrant des exemples et en les nommant. Pour donner une idée du temps qu’il faut pour les assimiler, notons qu’on les révise de la maternelle au CP.

Trouver des repères dans le temps lui donne encore plus de fil à retordre. Rappelons qu’il vit dans le présent immédiat et n’a pas la moindre notion de la durée. Les rites quotidiens représentent les seuls repères lui permettant de matérialiser le passage du temps. Il intégrera ces notions du plus étroit au plus vaste : la journée, puis la semaine (la fréquentation de l’école contribue grandement à repérer cette unité de temps), enfin l’année (avec les saisons qui reviennent, bien reconnaissables, si ce n’est au climat, à des événements comme Noël ou les vacances).

La maîtrise du schéma corporel découle de ces connaissances, celle de son corps, celle de l’espace, celle de l’espace-temps. Il se situe dans le monde et s’y oriente en partant de lui-même. Du point de vue moteur, cela lui ouvre de nouveaux plaisirs : marcher sur une poutre, envoyer un ballon dans un but...

Du point de vue psychologique, cela le confirme dans son égocentrisme naturel : le monde s’articule autour de lui. Savoir que pas un enfant n’échappe à cette étape et qu’il ne reste qu’à l’admettre et patienter, aide à améliorer une communication parfois difficile.

Les progrès de l'enfant âge par âge

2 mois : Couché sur le dos, soulève la tête et se tourne sur le côté.

3 Mois : Sur le ventre, prend appui sur les avant-bras.

4 Mois : Roule sur le dos sur le côté. Tient sa tête quand on le soulève pour l'asseoir.

5 Mois : Tient assis avec un soutien. Passe du ventre sur le dos.

6 Mois : Passe du dos sur le ventre. Saute quand on le tient debout. Peut ramper.
 
 7 / 8 Mois : Tient assis sans soutien. S’assoit et se couche seul.

9 / 10 Mois : Peut se déplacer à quatre pattes. Se redresse en s'agrippant à un support.

11 / 12 Mois : Marche en se tenant aux meubles, à un jouet ou guidé par un adulte ; parfois seul.

15 Mois : Se met debout sans appui. S'agenouille. Monte un escalier à quatre pattes.

18 Mois : Commence à courir et sauter. Tire un jouet derrière lui. Pousse un ballon du pied. Monte et descend un escalier en se tenant.

2 Ans : Se baisse et s'accroupit. Se relève seul quand il tombe. Maîtrise la course

2 Ans et demi : Saute à pieds joints. Monte et descend un escalier sans soutien.

3 Ans : Danse en rythme. Conduit un tricycle.

4 Ans : Saute sur un pied. Marche sur la pointe des pieds. Lance une balle en l'air. S'initie au vélo.

5 Ans : Marche à reculons. Envoie une balle dans un but. Saute à la corde. Se touche les pieds sans plier les genoux.

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