Se lever, rester debout, prêt à marcher !
A peine commence-t-il à crapahuter que déjà il pense à se redresser comme un grand. Quelle énergie déploie le tout-petit pour aller de l’avant ! A coup de grandes victoires et de trébuchements. Sous l’œil émerveillé de ses parents.
L’envie de faire comme les grands le stimule
Et hop ! Un beau jour, bien campé sur ses pieds, le bébé se déplie et se redresse, tout seul, tout fier de son exploit. Pour en arriver là, il lui a fallu les encouragements attendris de ses parents, un appui indispensable pour forger sa confiance en lui et dans le monde qui l’entoure. Mais un moteur qu’on oublie souvent de citer le propulse aussi de l’avant : l’exemple. Depuis sa naissance, le bébé voit plein d’humains sur deux pieds. Il comprend vite qu’ils se déplacent librement, qu’ils sont autonomes. Cela lui donne forcément l’envie de quitter cette position allongée… qui n’offre pas le meilleur angle d’observation, avec le plafond en fond d’écran ! Il rêve lui aussi de devenir, comme eux, un bipède. Un jour. Lorsqu’il en aura acquis les facultés physiques et motrices. Clémence Matéos, psychomotricienne et auteur de “La motricité du bébé” (éd. Ph. Duval), nous détaille cette aventure. Pour se redresser, l’enfant a besoin d’une grande tonicité dorsale, qui se construit tout au long des différents stades de développement des premiers mois : d’abord sur le dos, il a appris à tenir sa tête. Puis sur le ventre, il s’est musclé le dos, ce qui va lui permettre bientôt de ramper, puis de se mettre à quatre pattes, en activant ses jambes. Puis assis ou à genoux pour exercer sa motricité fine des mains. Il a également besoin d’avoir acquis une conscience corporelle correcte. Savoir par exemple que ses mains lui appartiennent (c’est elles qu’il place devant lui en cas de chute) et que son dos le soutient. D’où l’importance des massages et des comptines autour du corps, comme la petite bête qui monte, menton fleuri, etc., répétés chaque jour.
Plein de sensations inédites l’attendent
Une fois debout, plein de sensations inédites l’attendent, lui qui ne connaît la position verticale que porté dans les bras rassurants des adultes. Son oreille interne, siège de l’équilibre, n’est alors plus dans la même position. Sa tête non plus et du coup, sa vision s’élargit. Il accède à un environnement plus attrayant… où les gens sont enfin dans le bon sens ! Côté physique aussi, ça change tout : son centre de gravité descend, il a un appui au sol (son petit pied) qui s’est considérablement réduit par rapport à la station assise, ou plus encore, allongée. D’où sa peur parfois de lâcher la main, sa sensation de déséquilibre, de vertige. D’où ses jambes écartées, ses bras tenus devant ou en “chandelier”, les mains près des oreilles. Lors de ces premières tentatives, les bras jouent un rôle important. Comme le funambule qui se sert de sa barre, appelée balancier, pour s’équilibrer sur son fil, explique encore la psychomotricienne. Voilà pourquoi si on veut l’aider à rester debout, il ne faut surtout pas le tenir par les mains au-dessus de la tête (on le fait tous, instinctivement !) : il se retrouve les bras tendus et on supprime ainsi leur rôle stabilisateur. Mieux vaut placer vos mains sur ses hanches, ses bras et mains libres. Une fois son exploit réalisé, il arrive que le tout-petit ne le recommence pas avant plusieurs semaines. Les parents vivent parfois cela comme une “régression” et s’en inquiètent. C’est pourtant tout à fait normal. Il peut avoir eu peur, chuté sur ses fesses. Certains bébés ont besoin de retourner dans des postures, assis ou à quatre pattes, qu’ils maîtrisent bien, afin de se rassurer sur leurs propres capacités, se perfectionner avant de se lancer à nouveau dans la position debout. Et puis, pour l’instant, il est plus efficace d’aller chercher sa balle à quatre pattes ou en rampant.
Respecter son rythme sans brûler les étapes
Enfin, de nouvelles acquisitions comme les débuts du langage ou de la motricité fine peuvent l’occuper en priorité. De toute façon, il a goûté une fois à la position de bipède, il y retournera forcément ! L’important à ce stade est de ne pas vouloir “brûler les étapes”. Selon les enfants, la station debout précède de quelques semaines ou apparaît en même temps que la marche qui, elle, s’acquiert entre 10-18 mois, avec une moyenne à 13-14 mois. Si l’on met l’enfant debout trop tôt alors qu’il n’est pas en mesure d’y parvenir tout seul, cela va freiner sa motricité. Et pourtant, il a l’air content d’explorer avec vous cette nouvelle situation ! En réalité, il est bel et bien bloqué car, sans les bases musculaires solides des phases précédentes, il ne sait pas comment sortir seul de cette posture. Il se laisse tomber, au mieux sur les fesses, au pire tout raide en arrière. Mieux vaut plutôt adopter le rôle passionnant d’observateur et d’accompagnateur de ses progrès, et s’amuser, parler, le laisser bouger (dans un cadre sécurisé) à son rythme !