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Tout savoir sur l'usage de la ventouse obstétricale pendant l'accouchement

Ventouse obstétricale pendant l'accouchement  : dans quels cas ? Quels risques ? © iStock

Publié par Sihem Boultif  |  Mis à jour le par Mélanie Juhel-Goossens

En collaboration avec Pr Philippe Deruelle (médecin gynécologue-obstétricien)

Lors d’un accouchement par voie basse, il se peut que la future mère ait besoin d’aide pour l’expulsion du bébé. Le médecin peut alors utiliser un instrument appelé ventouse. Qu’est-ce que c’est ? Comment cela fonctionne ? Les explications du Pr Philippe Deruelle, gynécologue obstétricien à Strasbourg.

L'expert : Professeur Philippe Deruelle, gynécologue

Forceps, spatules, ventouse... Parfois, l’accouchement par voie basse nécessite un petit coup de pouce de la part du gynécologue obstétricien. Il recourt alors à ces instruments d’extraction pour aider l’enfant à venir au monde.

Dans quels cas la ventouse est-elle utilisée ? Les explications du Pr Philippe Deruelle, gynécologue obstétricien à Strasbourg.

Quels instruments sont utilisés pendant un accouchement ?

Focus sur la ventouse

Lors d'un accouchement, le médecin peut utiliser trois types d'instruments pour aider à l'extraction de l'enfant :

  • la ventouse,
  • le forceps,
  • les spatules (ou cuillères d'accouchement).

La ventouse est un instrument permettant d'attraper la tête du bébé par succion. Elle a la forme d’un petit bol en silicone, complété d’un petit tuyau relié à une pompe.

Accouchement eutocique ou assisté : pourquoi utiliser une ventouse, des forceps ou des spatules pour la naissance du bébé ?

On parle d’accouchement eutocique pour définir un accouchement physiologique classique, par voie basse, sans aucune complication, et pour lequel on n'a pas recours à des instruments : forceps, ventouse, spatules…

À l'inverse, un accouchement est dit “dystocique” quand des complications surviennent. Dans certains cas, cet accouchement va nécessiter une intervention de la part du médecin gynécologue obstétricien, qui utilisera certains instruments d’aide à l’extraction de l’enfant. Il s’agira alors d’un accouchement dit assisté ou instrumentalisé.

« C’est notamment le cas lorsque la future maman n’a plus de sensations et ne peut plus faire le travail à cause de la péridurale ou qu’elle est trop fatiguée pour pousser, indique le Pr Philippe Deruelle. On utilise alors un instrument pour lui venir en aide afin de sortir le bébé ».

Quelles sont les indications d'utilisation de la ventouse obstétricale ?

Au moment de l’accouchement, à l’étape finale, l’enfant traverse le pelvis en sortant de l’utérus et s’engage dans le canal vaginal de la mère. Cette dernière doit donc réaliser plusieurs efforts de poussées pour expulser l’enfant.

Quand ce n’est pas possible, le gynécologue obstétricien peut venir extraire l’enfant par ventouse.

« C’est un instrument qui s’applique sur le sommet de la tête du bébé et qui, par aspiration, va aider à le faire sortir ». La ventouse s’utilise donc quand l’accouchement est bien avancé, que la poche des eaux est rompue, la dilatation du col de l'utérus faite, et la tête du bébé engagée pour sortir.

Comment se passe un accouchement et une naissance avec une ventouse ?

Pour utiliser la ventouse, le médecin doit évaluer la position du bébé. Il utilisera la ventouse seulement s’il estime que :

  • l’enfant va bien d’un point de vue cardiaque ;
  • qu'il n'a aucun signe de détresse ;
  • et qu’il est suffisamment bas pour être extrait par cette méthode.

Si tous ces éléments sont réunis, l'obstétricien place la ventouse au sommet du crâne de l’enfant. Puis par dépression d’air, il "aspire" en quelque sorte la tête du bébé, pour le guider vers l’extérieur et faciliter la naissance.

Dans quels cas la future maman devra accoucher par césarienne ?

Selon le Pr Philippe Deruelle, « la ventouse obstétricale est l’instrument montrant le meilleur bénéfice-risque, à la fois pour la maman, mais aussi pour le bébé. Elle est moins traumatique que les forceps ». D’ailleurs, la ventouse est l’instrument le plus utilisé dans les accouchements assistés. 

En cas d’échec de l’utilisation de la ventouse, ou si l’état de santé de l’enfant se dégrade, une césarienne peut toujours être mise en route en urgence :

  • En effet, les techniques d’extraction manuelles par voie basse ne se substituent jamais à une césarienne.
  • D'autre part, si l’enfant se présente par le siège, l’utilisation de la ventouse n’est pas possible.
  • En tout état de cause, si la naissance se complique, la future mère accouchera de toute façon par césarienne.

Quels sont les risques, conséquences et séquelles éventuelles de la ventouse pour le bébé et la maman ?

Quand un médecin utilise une ventouse pour extraire le bébé, il peut créer un hématome au sommet du crâne ou une bosse (appelée bosse sérosanguine), qui disparaîtra dans les jours suivant l’accouchement.

« Cependant, elle reste moins traumatique que les forceps, qui peuvent blesser le visage de l’enfant en lui laissant des marques. Pour la mère, cela ajoute un risque de déchirure périnéale et d’épisiotomie, dans certains cas », précise le spécialiste.

L'utilisation de la ventouse chez la mère est donc décidée au dernier moment, juste avant la naissance de l'enfant. Ce n'est pas quelque chose qui est prévu et l'utilisation d'un instrument peut être mal vécue par certaines mères. Pourtant, il n'y a aucun sentiment de culpabilité à avoir : l'aide d'un médecin au cours d'un accouchement parfois long et particulièrement fatigant ne diminue en rien le mérite !

Cette assistance instrumentale évite aussi souvent de passer par une césarienne. Quant au risque augmenté de déchirure ou d'épisiotomie, il est très bien pris en charge par les équipes soignantes dans les maternités, notamment pour soulager les douleurs par la prescription d'antalgiques et réaliser les soins locaux appropriés.

Bon à savoir : l'utilisation de la ventouse obstétricale n'occasionne aucune douleur à la maman si celle-ci est sous péridurale. Dans le cas contraire, le médecin réalisera une anesthésie locale.

 

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